Il semblerait qu’au cours de cette semaine, le sujet du jour de la manosphère consistait à définir l’impératif féminin. « Sunshinemary » a commencé les hostilités avec son article « The feminine imperative, fact or crap ? », et il y eu ensuite l’article « How doth the feminine imperative grow », et enfin, un autre article ayant pour objectif de définir l’impératif féminin dans une version qui soit plus fémino-friendly : « The Feminine Imperative vs. the Feminist Imperative ». Tout cela est l’équivalent féminin d’un débat de prétentieux autour de la sémantique.
Le thème récurrent dans tous ces articles n’est pas de donner d’une définition concrète de ce qu’est l’impératif féminin, mais c’est plutôt un effort pour dissocier les aspects les plus laids de l’impératif féminin loin des femmes afin de ne pas blâmer celles-ci pour les conséquences négatives qui résultent de l’impératif féminin lui-même. Que ce soit pour « Aunt Giggles » ou pour « Sunshinemary », la préoccupation est la même : le problème, pour elles, c’est de faire comprendre que l’impératif féminin est une sorte de bouc émissaire bien utile pour les hommes qui rencontrent des problèmes dans leurs relations avec l’autre sexe.
Si cette « préoccupation » féminine vous semble familière, c’est bien normal ; ce n’est qu’une nouvelle dérivation du raisonnement de type « red queen » / déterminisme biologique dont elles craignent que cela devienne l’explication des hommes pour s’excuser de leurs mauvais comportements (c’est-à-dire leurs comportements qui ne plaisent pas aux femmes). Mais maintenant, ce dont les femmes s’inquiètent, ce n’est pas que l’homme dise : « ce sont mes gènes qui m’ont forcé à tromper ma femme », le message que ces femmes essaient de contrôler, c’est celui par lequel les hommes pourront se plaindre en disant : « c’est l’impératif féminin qui a fait de moi un looser qui n’a pas accès au sexe ». Ce contrôle se présente sous une forme intéressante : blâmer la victime pour son manque de performance face à l’impératif féminin. L’impératif féminin ne peut pas être tenu responsable des incompétences sociales des hommes de sorte que ce qui est activé, c’est l’appel au système d’honneur – en tant qu’un homme vous êtes un pauvre petit homme Beta si vous vous plaignez, mais vous êtes encore moins qu’un « homme » si vous ne vous défendez pas en disant quelque chose.
Bien que j’admette que le point d’origine de Sunshinemary a probablement commencé par une enquête honnête sur la nature de l’impératif féminin, son désir d’une définition fémino-friendly découle du même désir que celui d’Aunt Sue ou de tout autre écrivain féminin dans la manosphère, lorsque ces femmes sont confrontées aux dures vérités du Jeu, de l’Hypergamie, de l’Impératif féminin et de la compréhension contemporaine de la dynamique des genres – l’absolution féminine de leur reconnaissance.
La solution pour reconnaître l’impératif féminin suit la même formule que pour les autres aspects de la prise de conscience, par les hommes, de la dynamique des relations entre les sexes ; dissocier (ou diluer) la responsabilité féminine, redéfinir les termes et aseptiser ces redéfinitions pour revenir finalement à l’impératif féminin. J’ai prédit exactement ce processus d’assainissement du Game quand j’ai écrit l’article « un homme aurait-il pu écrire cela ? ». Seules les femmes sont autorisées à s’autocritiquer, ce qui est bien sûr une extension sociale de plus de l’impératif féminin.
Suck It Up Guys !
La principale crainte de Sunshinemary est que les hommes voient l’amoralité inhérente qui existe dans l’impératif féminin (hypergamie et autres phénomènes) d’un point de vue évolutif et social, et que cela devienne une source de colère autodestructrice chez eux.
L’impératif féminin n’est pas quelque chose contre laquelle on doit se mettre en colère, c’est une chose dont il faut être conscient et dont il faut tenir compte lorsqu’on planifie son existence. Jusqu’à récemment, la question portait sur la partie « prise de connaissance » de cette équation, maintenant c’est la partie « contingence » à laquelle les hommes doivent faire face, et par extension, les femmes aussi. La véritable crainte ne porte pas sur les questions de colère, mais sur les contre-stratégies que les hommes vont développer avec leur nouvelle conscience de ce phénomène pour contourner les aspects les plus flagrants de l’impératif féminin, et son effet sur les femmes. Certains hommes, à juste titre, s’énervent de s’être investi pendant si longtemps dans un ensemble de règles sociales qu’ils croyaient que tout le monde suivait aussi (ou devrait suivre), pour se rendre compte que le jeu est truqué depuis le début. Personne n’a vraiment joué selon les « règles » que l’impératif féminin leur a vendues et ils ont perdu beaucoup d’investissement personnel en conséquence.
L’hypergamie et de nombreux autres aspects évolués de l’impératif féminin sont (ou étaient) certainement des facteurs de survie instinctifs, en grande partie non appris, qui ont contribué au succès de notre espèce. Cependant, les dynamiques plus laides, intrinsèquement injustes, comme les « cocufiages simultanés », le « mate guarding », la dynamique des épouses de guerre et même le pluralisme sexuel inné des femmes (enraciné dans leurs cycles menstruels) sont des aspects de la nature féminine que la plupart des hommes rejetteraient volontiers s’ils connaissaient toutes les dynamiques qui sous-tendent ces comportements féminins, ou s’ils savaient d’avance la façon dont leur valeur sexuelle allait augmenter.
Une solution ? Développer des conventions sociales opératives féminines pour s’assurer que ces réalités désagréables deviennent des devoirs plus acceptables pour les hommes.
Pour les redéfinisseurs de l’impératif féminin, la confusion fondamentale provient de la séparation entre l’impératif féminin et les conventions sociales qui ont évoluées pour mieux l’appliquer. Ils ne voient pas la séparation fondamentale entre ces deux aspects. En termes simples, l’impératif féminin est la totalité du cadre – social, biologique, personnel, etc. – qui bénéficie implicitement au féminin. Et s’il est vrai que les conventions sociales de l’impératif féminin sont (pour la plupart) apprises et acculturées, elles constituent les outils sociaux utilisés par l’impératif, et non l’impératif lui-même.
Servir et protéger.
Sunshinemary, dans son effort pour dissocier la responsabilité féminine de l’impératif féminin global, tente de séparer les outils sociaux de l’impératif féminin du côté naturaliste (évolutionnaire) de l’impératif lui-même. Elle tente ainsi de diviser la définition en deux parties : l’un, c’est l’Impératif féminin, bon, naturel, parfois laid, mais bénéfique pour l’espèce, et l’autre, une monstrueuse poussée de réingénierie sociale responsable des maux que les hommes endurent sous l’Impératif féministe :
L’impératif féminin : la protection et les ressources sont fournies de préférence et volontairement aux femmes par des hommes apparentés (liés par la famille ou par le mariage), ce qui profite aux deux sexes en raison de la survie accrue de la progéniture ; il s’agit principalement d’une construction biologique évoluée. Y résister est inutile en raison de la survie différentielle des descendants.
L’impératif féministe : la protection et les ressources sont fournies aux femmes de préférence par tous les hommes mais contre leur gré, quelle que soit leur relation, sans que les hommes n’en tirent un bénéfice concomitant ; il s’agit essentiellement d’une construction sociale imposée artificiellement. Y résister est utile.
Au-delà de la tournure féministe positive de la redéfinition de Marie ici, le problème est que le féminisme est lui-même une extension sociale de l’impératif féminin. Le féminisme est essentiellement un projet de réingénierie sociale ayant pour but explicite de bénéficier à l’impératif féminin. A la base, l’hypergamie EST l’impératif féminin. L’hypergamie et le pluralisme sexuel des femmes sont littéralement inscrits dans le code génétique des femmes. Dans sa phase proliférative, la prédisposition hormonale des femmes penche pour l’excitation et la fécondation par l’homme Alpha, après l’ovulation et les règles la prédisposition hormonale penche pour la sécurité et la protection fournit par l’homme Beta. Le féminisme et toutes les conventions sociales, politiques et psychologiques opérationnelles qui en découlent servent un objectif unique – la promotion et la consolidation de l’impératif féminin comme cadre socio-sexuel dominant pour notre espèce.
Il suffit de considérer les effets socio-sexuels du féminisme au cours des 40 dernières années et plus. Supprimez la nécessité d’un approvisionnement masculin, supprimez la dépendance aux ressources qui existait avant la révolution sexuelle, permettez aux femmes de contrôler unilatéralement leur capacité à procréer grâce à un contrôle hormonal des naissances et à quoi les femmes font-elles face par défaut ? Leur hypergamie innée, la directive première de l’impératif féminin.
L’hypergamie, bien qu’intrinsèquement cruelle, est en fait un schéma de survie de l’espèce qui a fait ses preuves. Cependant, en raison de la place des femmes dans notre ordre biologique, elles doivent être les filtres de cette hypergamie. Par conséquent, la nécessité d’un cadre socio-sexuel dominant s’applique par défaut au féminin.
Par la force des choses, les hommes peuvent prendre et ont pris le contrôle de ce cadre dominant, par le viol, la religion ou toute autre construction sociale moralisatrice, mais la réingénierie sociale fluide des femmes contourne et reconvertit les constructions sociales des hommes. Si vous avez besoin d’un exemple, il vous suffit d’étudier l’histoire de la civilisation occidentale ; nous avons « progressé » d’une société qui possédait les femmes en tant que propriété à la propriété par défaut des femmes sur la progéniture des hommes, sur les biens des hommes, sur leurs futurs biens et même sur les moyens qu’ils possèdent pour les acquérir, tout cela par la même convention sociale (le mariage) qui visait à empêcher les femmes de suivre leur propension naturelle au pluralisme sexuel et de cocufier les hommes de manière proactive ou rétroactive.
L’espoir de Sunshinemary est que les hommes recentrent leur colère (perçue) sur les maux de l’impératif féministe en tant que force distincte et séparée, et acceptent (de préférence embrassent) l’impératif féminin parce que « c’est comme ça et puis c’est tout ». Son impression est que l’impératif féminin est amoral alors que l’impératif féministe est immoral – une impression, je pourrais ajouter, que les tradwifes voudraient perpétuer – messieurs, concentrez-vous à rejeter les féministes, alors que nous autres, femmes traditionnelles, servont exactement le même objectif. La principale déconnexion ici est qu’il n’y a pas de féminisme sans impératif féminin. Le féminisme n’existe pas sans un impératif féminin à servir.
Source : « Sanitizing the Imperative » publié par Rollo Tomassi le 28 décembre 2012.
Illustration : Gustavo Fring.