La phase de l’Épiphanie.

Quand je détaillais les aspects du marché sexuel contemporain, dans l’article sur le marché sexuel, j’ai mentionné un moment de la vie des femmes dans lequel elles deviennent consciente du déclin de leur valeur sexuelle et de l’arrivée imminente du mur. Généralement, cela se produit chez les femmes à la fin de leur vingtaine ou peut-être au début de la trentaine, mais c’est une estimation approximative sur mon graphique, quoi qu’il en soit, c’est le point de transition à partir duquel les femmes se rendent compte que leur capacité à séduire les hommes diminue comparativement aux femmes plus jeunes, et c’est également le moment à partir duquel les hommes commencent à réaliser que leur valeur sexuelle augmente. J’ai appelé ce moment le point comparatif en termes de valeur sur le marché sexuel. Il est également important de noter que cette phase coïncide commodément avec la convention sociale du mythe de l’horloge biologique des femmes. 

La phase de l’Épiphanie.

J’ai déjà décrit cette phase comme un parallèle avec la crise de la quarantaine des hommes, telle que cette crise a été redéfinie par les femmes. C’est une période précaire pour une femme, généralement entre 28 et 30 ans, où elle tente de réévaluer la dernière décennie de sa vie. Le moteur de rationalisation psychologique des femmes (alias « le hamster ») commence un effort furieux pour rendre compte, et expliquer pourquoi elle n’a pas réussi à obtenir un engagement monogame à long terme d’un homme Alpha que son physique aurait dû normalement attirer. Même les femmes mariées avant cette phase passeront par une certaine phase de doute de soi, ou d’apitoiement sur soi-même, dans le traitement de l’incertitude hypergamique de leurs choix (« Est-il vraiment le meilleur homme que je pouvais obtenir ? »).

C’est à ce stade que les femmes feront des changements radicaux en elles-mêmes, surtout dans la hiérarchisation des choses qu’elles trouvent attirantes ou non chez les hommes, et elles tenteront de tourner une nouvelle page en changeant leurs comportements pour mieux s’aligner avec le nouveau personnage qu’elles viennent de se créer pour elles-mêmes. Le physique, les prouesses sexuelles et la domination Alpha, qui étaient ces anciens critères de sélection, ne feront pas venir de nouveaux hommes dans la vue d’une femme qui vieillit, elle se donne alors de nouvelles priorités et de nouveaux critères, en préférant des attributs masculins plus « intrinsèques », qui mettent l’accent sur la fiabilité, la capacité à prendre soin, l’humour, l’intellect, et toutes autres définitions ésotériques de compatibilité et d’intimité.

Pour la femme tournée vers le spirituel (c’est-à-dire la plupart des femmes), cela peut se manifester par un retour commode aux convictions qu’elle avait ignorée depuis son adolescence. Pour d’autres, cela peut être une sorte de célibat forcé ; un refus d’avoir des relations sexuelles comme sous les auspices hypergames de ses « années de fête », dans l’espoir qu’un homme bien lui fournira des ressources (des hommes qui ne réalisent pas encore la croissance potentielle de leur propre valeur sexuelle), un homme qui l’appréciera pour sa prudence – contrairement à elle-même et à toutes les autres filles qui l’avaient rejeté au cours de la dernière décennie.

Le schéma psychologique qui se valide lui-même, c’est le raisonnement en vertu duquel cette femme fait « enfin la bonne chose », alors qu’en fait, elle est en train de faire de nécessité vertu, dans le sens ou maintenant elle a besoin de ressources à long terme et de sécurité, et elle espère que les hommes lui seront reconnaissants. Et si les hommes la rejettent, alors elle pourra toujours se moquer d’eux et dire que ce ne sont pas des vrais hommes parce qu’ils ont peur d’une femme « qui a bien vécu ». 

Le point de bascule.

Exemple typique : Hephzibah Anderson, auteure du livre Chastened, The Unexpected Story of My Year Without Sex. Ici, nous avons un bel aperçu sur ce qui se passe en interne chez une femme, nous voyons réellement le changement en termes de rationalisation qui s’opère chez les femmes lorsqu’elles se trouvent au carrefour de sa valeur sexuelle : la nécessité de trouver de la sécurité masculine à long terme, quelqu’un qui lui fournit des ressources et de l’intimité, et le fait de réaliser qu’elles ont besoin d’un nouveau paradigme psychologique pour justifier un si brusque changement de comportement. 

Il est facile de rejeter cet interview, en ce qu’il s’agit uniquement de trois femmes qui se confortent entres elles dans leurs justifications, mais quand vous regarder ce clip dans un contexte « pilule rouge », vous trouvez une quantité surprenante d’informations sur ce que ressentent et ce que pensent les femmes dans leur phase de l’Épiphanie.

On commence d’ailleurs avec le cliché « façon Kate Bolick® » désormais célèbre à propos des regrets que l’on a vis-à-vis d’un ancien petit copain, qui est comme un catalyseur de perspicacité nouvellement acquise pour Hephzibah. Cet ancien petit ami achète une bague pour sa nouvelle fiancée et le raisonnement de la veuve d’Alpha commence à tourner à fond dans sa psyché : « il y a une fille qui l’a trouvé assez bien pour l’épouser ». Elle commence ensuite à régurgiter les considérations habituelles et prévisibles du type : « j’ai 30 ans et j’ai besoin de donner des nouvelles priorités à ma vie », le genre de considérations toutes faites qui permettent à tant de femmes auteures de gagner de l’argent en écrivant pour « The Atlantic ».

Comme je l’ai noté plus tôt, cette phase coïncide également avec la forte baisse de la fertilité et de la capacité de procréation d’une femme, de sorte que l’urgence instinctive de se reproduire, renforcée par le mythe de l’horloge biologique contribue à cette crise interne. Tout cela fusionne en exploits étonnants d’acrobaties psychologiques pour justifier tel raisonnement ou tel comportement.

J’ai pensé à ces pensées une ou deux fois, mais il ne me serait jamais venu à l’esprit que j’allais volontairement éjecter le sexe de ma vie. Il a fallu des circonstances bizarres, une affaire torride et une anecdote chanceuse pour que je réalise que la sexualité avec laquelle je devais me sentir bien en tant que femme occidentale post-féministe du 21e siècle – une sorte d’intimité occasionnelle sans intimité – ne fonctionnait pas pour moi.

Mieux vaut tard que jamais, hein ? Malheureusement, non. Bien que je sois certain que cette réalisation va sembler très noble à ceux qui ont une prédisposition pour les considérations morales, ce que vous voyez ici, c’est une femme qui s’attend à ce qu’on la félicite parce qu’elle prétend avoir fait un choix, alors que ce n’est pas un choix, mais un changement dicté par le besoin. C’est un peu ironique de voir qu’Hephzibah est fière d’avoir opéré en elle un changement, alors qu’elle n’avait en réalité par le choix du tout.

OK, dans certaines circonstances, le sexe est nécessaire pour la perpétuation de la vie, mais nous pouvons mener une bonne vie et être en parfaite santé, et mener une existence heureuse, sans sexe. Les gens peuvent expérimenter – et c’est ce qu’ils font – jusqu’à une décennie sans sexe. Certains vivent toute leur vie sans sexe. 

Petite remarque : dans « le monde des filles », une femme peut volontairement renoncer au sexe pour une année entière, et l’on reconnait cela comme un sacrifice qui vaut la peine d’écrire un livre qui sera publié chez un grand éditeur, tandis que la seule manière pour un homme de se faire entendre lorsqu’il est un célibataire de 40 ans, c’est quand il entre dans un centre de remise en forme avec des armes à feu et qu’il tire sur des femmes qui suivent un cours de pilate. Comme je l’ai déjà dit, quand une femme vous dit : « je ne comprends pas pourquoi le sexe est si important pour vous les hommes », elle dit réellement la vérité. 

Elizabeth I était connue comme la Vierge Reine, et il n’y avait rien de métaphorique dans ce titre, l’histoire nous l’assure.

Robert Dudley et une longue liste d’amants confirmés de la Reine ne sont pas d’accord. Ce qui suit ici est une tentative de réflexion du moteur de rationalisation d’Hephzibah, qui affirme ce qu’elle aimerait penser comme sa décision radicale de devenir abstinente – et que de nombreuses sommités du passé ont fait, et ont vécu des vies toutes à fait vivables. Le sexe est la colle qui maintient une relation ; sans sexe, une femme devient la mère, la sœur, la fille, la tante, l’amie d’un homme, mais pas son amante, et certainement pas sa femme. Déconsidérer l’importance du sexe, vous désexualiser activement dans l’espoir que cela vous rendra plus sexuellement excitant est un effort fait dans la direction de la défaite. 

Ce que nous avons là c’est un énième auto-examen d’une femme qui s’apprête à rencontrer le mur et qui tente de concilier son passé, entre les offres d’intimité authentiques provenant d’hommes (probablement beta) et ses impulsions hypergames de sa vingtaine. Quand une Anderson « pré-mur » fait un effort conscient pour supprimer le sexe de l’équation dans le but de se donner plus de « clarté » sur la valeur à long terme d’un homme, ce qu’elle est en train de faire, c’est de dissocier l’hypergamie de ce processus. Ce faisant, elle dévalorise l’aspect sexuel d’une relation, et repousse les hommes avec qui elle se serait bien entendu, parce qu’elle croie que le sexe est la cause de ses échecs passés, alors que c’est elle-même, ses « égo-investissements », et ses illusions vis-à-vis de l’impératif féminin. Son problème, ce n’est pas le sexe, son hypergamie innée finira par le lui faire comprendre, son problème, c’est la façon dont elle a géré sa sexualité, et la réalisation tardive de tout ce que cela implique au moment où elle découvre « l’urgence » de sa situation. 

Hephzibah est un exemple facile pour les hommes de la manosphère, cela permet de se moquer des femmes qui ont choisi le carrousel de la bite (elle fait même allusion à cela dans l’article). C’est une évidence, mais ce n’est pas ce dont je parle ici. Ce que cette histoire illustre, ce sont les machinations psychologiques qu’elle met en œuvre pour réconcilier son hypergamie insatisfaite et son besoin d’intimité, de sécurité et de provisionnement futurs.

Pour les hommes redpill, conscient du jeu de séduction, c’est une étape de la maturation des femmes très importante, dont il faut se souvenir. Une femme dans la phase de l’Épiphanie est à la recherche d’un « nouveau départ » pour une raison beaucoup plus viscérale que ce qu’elle veut bien montrer. Cette motivation se sert de toutes sortes de conventions sociales et comportementales qui visent à faire en sorte que l’homme pardonne les indiscrétions passées de la femme. Comme Roosh l’a souligné plus d’une fois, ce sont les femmes dans cette phase de vie (ou les mères des femmes dans cette phase) qui se plaignent le plus du manque d’intérêt des hommes pour l’engagement à long terme. Aujourd’hui, c’est Hephzibah qui est douloureusement consciente de ce phénomène : les femmes qui sont dans la période de valeur sexuelel élevée ne se plaignent pas d’une pénurie d’homme, « Man Up » est l’hymne des femmes qui traversent leur phase d’épiphanie.


Source : « The Epiphany Phase » publié par Rollo Tomassi le 19 décembre 2012.