Personne ici n’est pour frapper ou brutaliser les femmes, mais il existe un mythe tenace – qui persiste jusqu’à aujourd’hui – selon lequel il ne faut jamais frapper une femme. Quoi qu’il en soit. Quoi qu’il advienne. Peu importe les circonstances. Comme vous pouvez le voir dans certaines informations d’intérêt public diffusée aux USA, cette notion est véhiculée jusqu’au sommet : le président et le vice-président des États-Unis vous le disent en face. Ce n’est pas un problème entre démocrates et républicains. Ce n’est pas un problème lié à Obama. Il s’agit d’un phénomène occidental, qui précède de loin – et qui survivra de loin – à cette administration.
Le problème est que toute cette idée repose sur plusieurs hypothèses problématiques. Parmi celles-ci, on trouve les suivantes :
1. Les femmes ne frappent jamais personne, y compris les hommes.
2. Frapper les femmes est en quelque sorte pire que toute autre forme de violence unilatérale (par exemple, des femmes frappant des hommes, des hommes frappant des hommes plus faibles, ou des adultes frappant des enfants).
3. Les femmes ne provoquent jamais les hommes par des actions incendiaires qui, sans être violentes en soi, sont conçues pour susciter une réaction masculine, humilier les hommes ou détruire leurs biens (par exemple, casser leur voiture).
4. Le fait de frapper une femme rend immédiatement toutes les circonstances précédentes non pertinentes.
5. Les bagarres mutuelles entre femmes et hommes sont impossibles.
La véritable « violence domestique » (que je définirais au sens large comme des formes inégales et unilatérales de violence – essentiellement des brimades – entre des personnes dans certains types de relations) est une question sérieuse – sur laquelle on doit légiférer et qu’on doit punir. Mais, lorsque vous créez une règle générale et simplifiée à l’extrême selon laquelle il ne faut « jamais frapper une femme », vous réduisez essentiellement la violence domestique à la seule violence non-provoquée d’un homme envers une femme. De plus, cela alimente une culture existante qui donne aux femmes une carte blanche virtuelle pour agir comme elles le souhaitent – y compris frapper les hommes – sans craindre de graves conséquences juridiques, physiques ou sociales.
Si une femme frappe un homme, il doit avoir fait quelque chose de mal. Si un homme la frappe en retour, l’homme est violent. Dans ce calcul, les hommes ont toujours tort. En revanche, un homme subira ces trois conséquences – à la pelle – s’il se contente de répondre avec le même degré de violence. Il se fera probablement botter le cul par des chevaliers blancs. Les flics l’arrêteront. Et les gens qui apprendront ses « actions » se moqueront de lui éternellement.
Malgré les innombrables problèmes liés à cet état de fait épouvantable, je dirais qu’une majorité d’hommes, dans mon cercle social du moins, savent comment gérer une situation lorsqu’une femme devient violente dans un bar, à la maison ou dans la rue – en poussant un homme, en l’insultant visage contre visage, en le frappant ou en lui jetant un verre dessus. L’homme s’éloigne, prévient le videur ou retient la femme jusqu’à ce qu’elle se calme. On attend de lui – et il DOIT se comporter ainsi – qu’il fasse preuve de la patience, de la retenue et de la résistance physique d’un saint.
Mais plus important encore, quel genre de femmes sommes-nous en train de fabriquer, en tant que société, lorsque l’on pousse à l’extrême logique la notion désormais anachronique (grâce au féminisme) selon laquelle les femmes ont besoin d’une protection spéciale, en la maintenant sélectivement en place tout en éliminant les autres notions soi-disant dépassées du « genre » ?
C’est le comique Bill Burr qui l’a dit de la manière la plus drôle, mais voici à quoi cela ressemble en action.
Source : « The myth of never hitting a woman » publié par Tuthmosis Sonofra le 5 décembre 2012.