Après avoir regardé (de nouveau) la vidéo de vendredi dernier à quelques reprises, j’ai repensé au fait qu’il est ironique qu’un homme doive se sentir infantile, ou « moins que responsable » s’il se consacre à ses propres désirs. Pour certains, un achat-de-voiture-de-sport-surprise peut être un exemple extrême, mais parfois la sur-exagération est nécessaire pour illustrer un argument plus important. Et cet argument plus important, c’est le fait de discuter du contrôle personnel et social que les femmes exercent sur les hommes. Cela fait partie de la matrice féminine de penser que la « responsabilité » devrait être utilisée uniquement dans ce qui sert le mieux le féminin. Nous n’avons littéralement pas d’autre façon d’interpréter la responsabilité la plupart du temps.
Quand un homme commence à « se comporter comme un voyou », l’impératif féminin a de nombreuses conventions sociales préétablies pour remédier à cela. De toute évidence, dire que la « responsabilité d’un homme » ne doit être exercée qu’au bénéfice du cadre féminin, c’est déjà un contrôle social, mais il existe d’autres conventions puissantes que l’impératif utilise. L’une de ces conventions sociales, c’est le mythe de la crise de la quarantaine.
Beaucoup de comédies ont été produites sur le sujet des crises de la quarantaine. Habituellement, les personnages principaux sont moulés comme des idiots en surpoids qui essaient de retrouver leur jeunesse révolue. Dans la vraie vie, les hommes sont moqués, ridiculisés, généralement vers l’âge de 40 ans, pour avoir perdu leur « mojo » et avoir agi de façon irresponsable ou « erratique », dans un geste stupide de reconquête de l’indépendance. Cependant, cette moquerie envers le masculin cache un but latent plus désespéré pour le féminin.
Le croisement de valeur sur le marché sexuel.
La crise la plus stéréotypée de la quarantaine se produit pour un homme vers l’âge de 40 ans. Il est important de se rappeler que la valeur sexuelle d’un homme commence vraiment à culminer entre 38 et 42 ans. C’est à ce stade que les hommes ont la meilleure chance de vraiment débrancher de la Matrice ; et c’est aussi à ce stade que la menace que représente un homme qui devient conscient de sa valeur sexuelle maintenant pleinement développé, doit être plus que jamais réprimée par les femmes. Même les hommes qui restent « pilules bleues » à vie en viennent généralement à comprendre que la valeur sexuelle de leur femme a chuté et que leur propre valeur sexuelle est plus grande. Pour la première fois de son histoire relationnelle, l’homme « pilule bleue » fait face à la Règle Cardinale des Relations de son propre point de vue – les femmes ont besoin de lui plus que lui a besoin des femmes.
L’impératif féminin en est venu à s’attendre à ce réveil. Dans les décennies passées, avant qu’il n’y ait un jeu de séduction plus formalisé, avant qu’il n’y ait cette connectivité que nous avons aujourd’hui, l’impératif féminin reposait sur des contrôles sociaux qui limitaient le fait, pour un homme, de prendre conscience de sa valeur sur le marché sexuel. Grâce à la pop-culture et aux médias de masse, on a appris à s’attendre à cette « crise », en faisant même appel à des hommes pour promouvoir cette idée. Cependant, l’impératif (féminin) a qualifié la « crise » comme irresponsable et juvénile. La méthode consiste à se moquer de la « masculinité » des hommes de 40 ans, en espérant qu’ils s’autoréguleraient le moment venu, c’est-à-dire au moment où leur valeur sexuelle à eux surclasseraient la valeur sexuelle de leurs femmes. C’est là qu’interviennent les comédies au cinéma, dans lesquelles on ridiculise les hommes qui veulent échanger leurs femmes pour des « femmes trophées » (« trophy wives »).
Une prise de conscience au milieu de la vie.
Le type de rencontre que j’ai fait le plus fréquemment, quand je conseillais des pairs dans le Nevada, c’était les mecs mariés désillusionnés. La plupart de ces gars étaient des professionnels, qui étaient au milieu ou vers la fin de leur trentaine, et toutes leurs histoires étaient les mêmes : « J’ai l’impression d’avoir fait tout ce qu’on pouvait attendre de moi au cours des 10 à 15 dernières années et personne n’est reconnaissant où me montre son appréciation ou sa gratitude ». Ces gars-là avaient « fait la bonne chose », et soit leurs femmes ont été insensibles, ou alors elles ont toujours vu leurs hommes comme une sorte de « projet » qu’elles devaient constamment améliorer.
C’est cette expérience qui m’a aidé à mieux comprendre le mythe de la crise de la quarantaine. Les hommes, pour la plupart, dans la culture occidentale, font effectivement l’expérience d’une crise de la quarantaine, mais pas dans le sens où on l’entend dans la culture populaire. Les femmes, et la féminisation, voudrait nous faire croire que les hommes qui vivent une crise de la quarantaine ont besoin d’acheter une voiture de sport ou de divorcer de leurs épouses en échange d’une « femme trophée », en raison d’un besoin, réprimé jusqu’alors, de reprendre leur jeunesse perdue. Cela s’inscrit bien sûr dans le mythe féminisé en vertu duquel les hommes sont égoïstes, des sortes de créatures « simples », et que la masculinité est proprement quelque chose d’infantile, mais cela ne sert qu’à rassurer les femmes, afin de leur faire croire qu’elles sont encore valables à 40 ans.
La vérité sur les « crises du milieu de vie » des hommes, c’est qu’il ne s’agit pas de retrouver la jeunesse, il s’agit de finalement comprendre les pièges dans lesquels ils sont tombés à travers leurs vingtaine et leur trentaine et de venir à bout de ce mensonge souvent horrible. Certains hommes achètent réellement une voiture de sport, obtiennent une nouvelle femme très sexy ou agissent d’une certaine manière qui semble téméraire et irresponsable. Ce n’est pas dû à de l’infantilisme, mais plutôt à une nouvelle compréhension de leur propre position en tant qu’hommes. Ils ont « vécu de façon responsable » pendant si longtemps et avec si peu d’appréciation en retour, que lorsque cette véritable réalisation est faite, ils ressentent le besoin de se déplacer, de se mouvoir, de se bouger, dans leurs vies. Ils sont devenus respectés, ils réalisent enfin tous les sacrifices qu’ils ont faits. Ils se rendent compte maintenant qu’ils ont échangés de vraies passions, leurs vraies passions, en échange de responsabilités qu’on leur a ordonné de prendre en charge – que ce soit leurs choix ou non. Et tout ça pour quoi ? Une grosse femme ? Peut-être même pour un mariage fantastique et une vie de famille merveilleuse, mais il y aussi un doute lancinant : ne pas voir assez vu le monde à 40 ans à cause de cela.
Je m’inquiète pour les hommes qui n’en viennent pas à avoir cette crise, ce sont les hommes qui sont vraiment perdus. Ce sont les gars qui restent à vie « Beta », et heureux dans leur ignorance.
Source : « Mid-Life Crisis » publié par Rollo Tomassi le 19 novembre 2012.
Illustration : Vlad Alexandru Popa.