Dette sexuelle.

Alors que la manosphère et la « féminosphère » débattent sans fin des mérites ou des atrocités du « sexe occasionnel », de la « culture tinder » (spoiler, les gens se draguaient et couchaient ensemble de manière naturelle et sans mariage bien avant la dernière décennie), et/ou de la définition féministe de la « sexualité positive », je commence à penser que ni l’un ni l’autre ne voient vraiment le contexte global dans lequel les deux parties ont accepté de débattre – le contexte de la norme féminine primaire, de l’impératif social féminin.

Les féministes déclarées, leurs mandataires non engagés et leurs sympathisants peuvent tous être acquittés de cette accusation, car ils prospèrent dans des discussions qui ignorent le contexte social féminin dominant qu’ils ont aidés à créer. Vous ne pouvez pas blâmer les gens qui aiment discuter sur des questions qui leurs permettent de se faire bien voir dans la société. Cependant, une partie intégrante de la maturation d’un homme (via la pilule rouge) devrait inclure une compréhension plus large de la norme sociale primaire féminine dans laquelle nous vivons aujourd’hui. Et avec cette compréhension, il devrait également suivre que, compte tenu du temps et des observations faites à l’aide de la pilule rouge, un homme va commencer à voir le code dans la matrice et savoir que, en gagnant ou en perdant, de tels arguments ne servent que l’impératif féminin.

Tremper dans la matrice.

J’aimerai pouvoir retrouver l’auteur de cette citation, mais j’ai lu une fois que « le féminisme est l’idée erronée selon laquelle une société peut créer l’égalité entre les sexes en se consacrant exclusivement au bénéfice et au développement d’un seul sexe ». 

Comme l’illustre le commentaire désormais célèbre de Mark Minter, tous les débats que les hommes peuvent avoir sans tenir compte du contexte social de l’impératif féminin, ne servent finalement qu’à renforcer les fins de cet impératif. Par exemple, si nous nous engageons dans des discussions sur la meilleure façon de mener personnellement ou socialement nos vies sexuelles et si tout ce que nous considérons dans cette discussion, c’est de chercher la meilleure façon d’assurer une réalité optimale pour le féminin, alors cette discussion ne tiendra pas compte de la perspective masculine. Depuis plus de 60 ans, les hommes sont tellement conditionnés à croire qu’il n’y a pas d’autre contexte que celui qui profite au féminin, qu’ils intériorisent la justesse de l’impératif féminin comme leur justesse de point de vue.

C’est la portée de la matrice féminine ; vous êtes littéralement né en elle, et comme Mark Minter l’a découvert, il n’y a généralement que l’expérience et / ou un traumatisme qui peut faire sortir un homme de cette condition sociale. Donc, comme vous pouvez le constater, le débat sur la question de savoir si le « sexe occasionnel » est significatif ou non revient à discuter du meilleur vêtement qui peut aller à une femme en particulier. La fin féminine est la même et les hommes ne sont jamais pris en considération sous de tels auspices.

Laisser tomber.

Laisser tomber les contextes antérieurs et les points de vue d’autrefois, c’est l’une des choses les plus difficile à faire pour un homme qui vient de prendre conscience du jeu de séduction. Laisser tomber le mythe de l’âme sœur, abandonner l’idée d’un amour mutuellement idéalisé avec une femme, laisser tomber les concepts antérieurs sur la façon dont les femmes se comportent, sont autant de transitions difficiles à réaliser pour les hommes lorsqu’ils découvrent une nouvelle façon de comprendre les femmes et une nouvelle façon de comprendre la société, alors qu’ils étaient autrefois conditionnés à voir les choses du point de vue féminin. 

Un bon exemple de prise de conscience de cela est illustré par la façon dont l’attitude des hommes a changé, cette attitude étant passée de « se plaire à soi-même » à « plaire à tout prix à une femme ». Il y a un meme sur internet qui est idiot, mais ironique, selon lequel « les hommes bien finissent en dernier, parce que leurs femmes finissent en premier », ce qui implique bien sûr que les « hommes bien » sont davantage préoccupés par le plaisir sexuel de leurs femmes que du leur, et que c’est cette « gentillesse » qui les rend meilleur et qui fait d’eux les préférés des femmes. Ce n’est qu’après qu’une femme ait pu jouir que l’homme peut se livrer à un simple orgasme. Rien n’illustre mieux la norme sociale de primauté féminine mieux que cette considération de base. C’est la racine du « sexe positif » vendu par certaines féministes. 

Chacun est spécial.

Il semble à peine concevable qu’il y ait pu avoir par le passé un moment dans lequel l’expérience sexuelle d’une femme n’était pas considérée comme la fin de l’acte sexuel. L’idée (très fémino-centrée) du jeu de séduction de l’homme Beta, c’est (comme toujours) que plus un homme s’identifie au féminin, plus il devient attrayant et acceptable, et plus il fera un meilleur compagnon potentiel. Soyez sensible à ses besoins, découvrez ce qu’elle aime, faites ce qu’elle demande, répondez à ses plaisirs sexuels et vous serez l’homme unique qui comprend vraiment les femmes et sera donc un homme de grande valeur pour toutes les femmes.

« Faites ce qu’elle dit et vous serez un homme de grande valeur », est devenu le bon sens, la sagesse de l’homme Beta. Essentiellement, c’était la doctrine « de la chambre à coucher » d’un ensemble social plus vaste, mais « faites ce qu’elle vous dit » ne suffisait pas. Des légions d’hommes étaient trop désireux de plaire à leurs femmes d’abord, à tel point que les plaisirs des femmes sont devenus la norme – quand tout le monde est spécial, personne ne l’est. Je devrais m’arrêter un moment ici sur cette idée, parce que non seulement cet axiome détruit les concepts sur lesquels les hommes Betas ont fondés leurs jeux de séduction, mais aussi parce que cela illustre un point plus important en ce que les hommes « spéciaux » d’aujourd’hui sont justement ceux qui ne se démarquent en ne faisant pas « ce qu’elle dit », et qui placent leur impératif masculin au-dessus des désirs des femmes. Dans un monde plein d’hommes qui feront tout pour satisfaire les plaisirs des femmes, les femmes se demanderont « où sont passés les hommes ? ». 

Cependant, comme je l’ai dit, ce n’était pas suffisant. Comme chaque homme est devenu spécial, la demande « fais-moi plaisir » est devenu une attente, une obligation du « fais-moi plaisir ». Se montrer sensible aux besoins des femmes, afin de se rendre « unique » parmi les hommes, est passé du statut de faveur à celui d’obligation, et c’est même devenu une condition préalable à la fidélité de la femme – « fais plaisir à ta copine sinon elle se trouvera un mec qui le fera à ta place » ! La courtoisie est devenue l’attente qui est devenue la demande. Cette progression peut s’appliquer à toute dynamique sociale du ressort de l’impératif féminin.

Arrêt complet.

Il y a un conflit intéressant qui surgit pour les hommes lorsqu’on leur présente une réflexion sur le sexe d’un point de vue plus égoïste. La plupart des hommes commencent leur maturation sexuelle avec cette mentalité de « plaisir de la femme d’abord » préprogrammée pour eux. J’ai eu la chance d’avoir une petite amie très expérimentale sexuellement (voir, une salope) quand j’ai couché pour la première fois à l’âge de 17 ans. J’ai beaucoup appris sur le plaisir des femmes en « faisant » plutôt qu’en « expliquant », et alors que cette relation avait ses propres problèmes, cette situation m’a façonné vers une approche très égoïste du sexe, un point de vue égoïste que j’ai continué à avoir avec les femmes que j’ai baisée par la suite dans ma vie. Honnêtement, je ne me demandais pas si une femme éprouvait du plaisir avec moi ou non, et en fait j’ai découvert que c’était vraiment sans importance pour les femmes qui ne cessaient de revenir à moi. 

Pendant ma vie de célibataire, j’ai connu des hommes (au service de l’impératif féminin) qui m’ont dit « tu dois bien la baiser sinon tu vas la perdre », mais finalement, je ne me souciais pas de perdre mes copines dans la mesure où la façon dont je tournais les assiettes me suffisait à l’époque. En fait, la seule fois où cela a été une préoccupation, c’est quand je suis devenu assez investi dans une femme pour réellement me préoccuper de son plaisir, et même alors, c’était parce que son plaisir a amélioré l’acte sexuel pour moi, pas en raison d’une menace d’infidélité si elle ne jouissait pas. Le désir sincère de cette fille pour moi existait, qu’elle jouissait ou non – parfois je prenais soin de la faire jouir, mais la plupart du temps, c’était une sorte de « sous-produit » de son désir. A cet égard, je ne voyais pas tout ça comme étant ma responsabilité, et j’ai constaté que les femmes revenaient quand même vers moi pour du sexe, avec une certaine régularité. 

C’est l’un de mes rares conflits que j’ai pu avoir avec Roissy/Heartiste à propos de cette doctrine selon laquelle il faut « toujours donner un orgasme à une femme au risque de la voir infidèle si l’on n’y arrive pas ». Le 14ème commandement dispose que : 

XIV. Baisez-là comme jamais.

Baisez-là comme si c’était votre dernière baise. Et la sienne. Baisez-là si bien, si durement, si passionnément, qu’il ne doit rester d’elle qu’un frémissement, qu’une dernière étincelle de soupir émanant d’une chair secouée. Drainez-là de toute son énergie, et puis drainez-là encore de ce qu’il reste. Embrassez-la partout, fais-lui l’amour toute la nuit, et tenez-la près de vous le matin. Vous devez posséder son corps, posséder sa gratitude, posséder son amour.

A première vue, Roissy semble d’accord avec cette idée de « dette sexuelle » inventée par l’impératif féminin – « Vous devez posséder son corps, posséder sa gratitude, posséder son amour ». Je n’insulterai pas Roissy en me permettant d’expliquer à sa place ce qu’il voulait dire ici, mais il y a plus que ça derrière cette simple phrase. L’amour, la gratitude, un lien émotionnel fort, tout cela, ce sont des sous-produits qui résultent du fait que vous devez bien la baiser, mais ce qui est en cause ici, c’est la raison pour laquelle vous voulez tant la baiser si bien que ça. 

Arrêtez de vous inquiéter de donner des orgasmes aux femmes.

Je pense que le mot important ici, c’est « inquiéter ». J’aimerais pouvoir retrouver le lien (j’ai fait la recherche) mais une fois, Roissy a fait un excellent article sur une étude qui décrit la propension des femmes à simuler des orgasmes de manière plus fréquente avec les hommes Alpha qu’avec les hommes Beta. Naturellement, les hommes qui pensent réellement que « les hommes gentils finissent en dernier, parce que leurs femmes finissent en premier » ont vu là une validation de leurs concepts, une validation de leur jeu de séduction Beta. Parce qu’ils souscrivent encore à la doctrine féminine en vertu de laquelle ce sont les femmes qui doivent jouir en premier, leur présomption par défaut, c’est de croire que les femmes simulent des orgasmes avec les hommes Alpha parce qu’elles ne sont pas sexuellement satisfaites avec de tels hommes. Cependant, comme l’étude l’a indiqué, la vérité, c’est que la tendance des femmes à simuler l’orgasme avec des hommes de grande valeur résulte en réalité d’un désir de solidifier un engagement avec ces hommes – ce n’est pas une courtoisie féminine pour un mauvais amant. 

Naturellement, c’est le récit social que les femmes aiment suivre – un mauvais amant n’aura droit qu’à une simulation, il faut mieux faire la prochaine fois – mais quand vous réfléchissez davantage aux choses, il faut se demander, pourquoi les femmes prendraient elles la peine de simuler un orgasme avec un mauvais amant ? Vous pourriez faire valoir que c’est pour mettre fin à l’acte, et vous auriez raison, mais un « orgasme truqué » est finalement un acte qui révèle l’homme Alpha, parce qu’il vaut la courtoisie d’en simuler un.

En fin de compte l’hypergamie ne se soucie même pas de la question de savoir si la femme est sexuellement satisfaite ou non – c’est son affaire – tout ce qui importe est d’optimiser la meilleure relation que son physique peut attirer.

Note : dans la mesure où je sais que je vais recevoir de nombreux commentaires sur l’importance de l’orgasme d’une femme d’un point de vue biologique, sachez que je ne suis pas en train de dire que la jouissance d’une femme n’est pas quelque chose d’important. Je suis pleinement conscient que l’orgasme d’une femme incite son col de l’utérus à « ramasser » le sperme d’un homme pour faciliter la fécondation. Je suis également au courant de l’intérêt de l’ocytocine et de la libération du « cocktail chimique » post-orgasme. Le but de cet article n’était que de parler uniquement de l’aspect social et de la façon dont l’impératif féminin a façonné les hommes à penser d’une certaine façon de l’orgasme féminin. 


Source : « Sex Debt » par Rollo Tomassi le 15 octobre 2012.  

Illustration : Daria Shevtsova.