Les hommes & l’amour.

Dalrock a écrit un article intéressant la semaine dernière – elle est la victime (« She’s the Victim ») – et comme c’est toujours le cas avec la manière d’écrire de « Dal », l’article a servi de base pour des conversations complémentaires passionnantes.  « Starviolet », un commentateur régulier (certains diront : « un troll ») a laissé une question apparemment anodine : 

« Est-ce que les hommes ne peuvent vraiment pas savoir quand une femme ne les aime pas ? ».

Comme on pouvait s’y attendre, les réponses masculines à cette question et aux commentaires qui ont suivis allaient de l’agacement léger envers sa naïveté jusqu’à l’incrédulité envers la sincérité de sa question. Cependant, son interrogation initiale sur la question de savoir si les hommes ne réalisent pas quand une femme ne les aime pas, je pense, soulève plus de problèmes qu’il n’y paraît aux premiers abords. J’ai donc pensé que je pouvais ajouter mes commentaires ici sur cette discussion. 

Est-ce que les hommes ne peuvent vraiment pas savoir quand une femme ne les aime pas ? 

Non, ils ne peuvent pas savoir. 

Pourquoi ? Parce que les hommes veulent croire qu’ils peuvent être heureux, et sexuellement satisfaits, et appréciés, et aimés, et respectés par une femme, pour la personne qu’ils sont. Ce sont les hommes qui sont les vrais romantiques, pas les femmes, mais c’est le grand dessein de l’hypergamie que de faire croire aux hommes que ce sont les femmes qui sont les vrais romantiques. 

L’hypergamie, de par sa nature même, définit ce que l’amour pour une femme de manière opportuniste, ce qui laisse les hommes comme seuls arbitres pour décider d’une définition de l’amour pour eux-mêmes. Alors oui, les hommes ne peuvent pas dire quand une femme ne les aime pas, parce qu’ils veulent croire que les femmes peuvent les aimer de la même façon dont ils pensent qu’ils pourraient les aimer, elles.

Extrait de l’article « les femmes & l’amour » : 

Règle de fer de Tomassi #6

Les femmes sont totalement incapables d’aimer un homme de la manière dont un homme s’attend à être aimé.

Les femmes sont incapables d’aimer les hommes de la façon dont les hommes le pensent. 

De la même manière que les femmes ne peuvent pas apprécier les sacrifices que les hommes sont censés faire pour faciliter leurs impératifs, les femmes ne peuvent pas concevoir la façon dont les hommes aimeraient être aimés par elles. Ce n’est pas l’état naturel des femmes, et au moment ou un homme tente d’expliquer son amour idéal à une femme, c’est le moment où, pour elle, cette idéalisation devient son obligation. Nos copines, nos épouses, nos filles et même nos mères sont toutes incapables de cet amour idéalisé. Aussi agréable que cela puisse être, se détendre, avoir confiance, être vulnérable, concret, rationnel ou ouvert, le grand abîme qui sépare les deux sexes demeure le même : le manque de capacité chez les femmes à aimer les hommes comme les hommes voudraient être aimés.

HeiligKo répond :

Très bien, j’espère encore que votre règle numéro 6 puisse s’avérer fausse, mais pour l’instant, cela ne s’est pas démontré. Alors est-ce que le mensonge, c’est que les femmes ne peuvent nous fournir cela, ou c’est que nous n’investissons pas assez cette énergie dans d’autres hommes ? C’est-à-dire que nous ne trouvons pas d’hommes avec qui et auprès de qui nous puissions être vulnérables, afin d’être émotionnellement préparé pour les épreuves que les femmes vont créer dans nos foyers. Est-ce la raison pour laquelle tant de femmes ont tendance à isoler leurs maris ou petits amis de leurs amis masculins au début d’un mariage ou d’une rencontre ? 

En supposant que Starviolet soit vraiment confus (et je suis à moitié enclin à penser qu’elle l’est) c’est exactement la source de la confusion de Starviolet. Le solipsisme inné des femmes les empêche de réaliser que les hommes ont un concept différent de l’amour. D’où la question : « Est-ce que les hommes ne peuvent vraiment pas savoir quand une femme ne les aime pas ? ». 

Je ne pense pas nécessairement que cela soit un « mensonge », c’est juste un manque de réciprocité sur le concept de l’amour, selon l’idée que s’en fait l’un ou l’autre genre. Si c’est effectivement un mensonge, alors c’est un mensonge que les hommes préfèrent se dire à eux-mêmes. 

Combler l’écart.

Plus tard dans la discussion, Jacquie (qui est l’une des deux écrivaines à faire mon blogroll) a soulevé un autre aspect intéressant sur la nécessité de combler le manque de réciprocité dans l’amour, selon l’idée que chaque genre en a :  

Si (l’amour) c’est au-delà de ce dont une femme est capable, alors même pour une femme qui reconnaît cette incapacité en elle-même, il n’y a aucun moyen de compenser ? Que faire si une femme désire vraiment essayer d’aller au-delà de cela ? Est-ce qu’elle considère que c’est une question désespérée et elle ne fait rien, alors ? Ou est-ce quelque chose qu’elle devrait s’efforcer de pratiquer, avec l’espoir qu’un jour, elle pourra au moins se rapprocher un peu plus de cet amour idéalisé ? Ou est-ce encore trop demander ? 

Comme je le disais à HeligKo, c’est plus un manque de réciprocité sur le concept d’amour de l’un ou l’autre genre. La question de starviolet sur la question de savoir si un homme peut déterminer si une femme l’aime ou non, va beaucoup plus loin qu’elle ne le pense. Je pense que ce beaucoup d’hommes ressentent dans la pilule bleue – la frustration, la colère, le déni, la privation, le sentiment qu’on leur a vendu un fantasme et qu’aucune femme ne sera à la hauteur de ses fantasmes – tout cela, est enraciné dans une croyance fondamentale selon laquelle ils se disent qu’ils trouveront un jour une femme, là-bas, quelque part, qui saura exactement comment il aura besoin d’être aimé, et tout ce qu’un tel homme a à faire, c’est de trouver cette femme et d’incarner ce qu’on lui a dit d’être envers une femme, quand on le lui demande. 

Alors il trouve une femme, qui lui dit et qui lui montre qu’elle l’aime, mais pas de la manière qu’il s’était imaginé pendant tout ce temps dans sa tête. L’amour de sa femme est basé sur les qualifications et il est beaucoup plus conditionnel que ce qu’on l’a amené à croire, ou que ce qu’il s’imaginait. Son amour à elle lui semble machiavélien, ambigu, trop facilement perdu, par rapport à l’idée qu’il se faisait de l’amour d’une femme pendant si longtemps, si un jour une femme viendrait à l’aimer lui. 

L’homme passe donc son temps et met ses efforts monogames pour « construire la relation » en une relation dans laquelle sa femme l’aimera selon son concept à lui, mais un tel moment n’arrive jamais. C’est un jeu du chat et de la souris sans fin dans lequel l’homme essaie de maintenir les preuves d’affectations que sa femme lui donne, et dans lequel l’homme se conforme au concept de l’amour que possède sa femme, tout en faisant des efforts occasionnels pour attirer sa femme vers la conception de l’amour qu’il se fait, lui. La manière qu’à l’homme de chercher constamment à se conformer à l’idée que sa femme se fait de l’amour entre en conflit avec le besoin qu’il a, lui, d’être aimé de manière inconditionnelle, ce qui est une recette hypergamique vers le désastre, alors quand elle n’est plus amoureuse de lui, il ne sait littéralement pas qu’elle ne l’aime plus. La réponse logique de l’homme est alors de tout faire pour se conformer à l’idée que sa femme se fait de l’amour, en cherchant à réunir les conditions dans lesquels ils se trouvaient au début de la relation, mais rien de tout cela ne peut fonctionner maintenant parce qu’il s’agit alors d’un désir basé sur l’obligation, et non sur le désir véritable. L’amour, comme le désir, ne peut pas être négocié.

Il m’a fallu beaucoup de temps, et c’était une partie très difficile de la pilule rouge à comprendre, quand j’en suis finalement venu à comprendre que le concept d’amour n’est pas universel, qu’il diffère selon les conceptions que s’en fait chaque sexe. Il a fallu quelque chose de très douloureux, une grande gifle au visage, pour que cela s’illumine dans ma tête, mais je pense que j’ai maintenant une meilleure compréhension de ce qu’est l’amour, maintenant. C’était l’une des vérités les plus contradictoire que j’ai dû désapprendre, mais cela a fondamentalement changé ma perspective sur les relations que j’ai avec ma femme, avec ma fille, avec ma mère, et dans la compréhension que j’ai maintenant de mes relations avec mes anciennes petites amies. 

Si c’est au-delà de ce dont une femme est capable, alors même une femme qui reconnaît cette incapacité en elle-même, n’a aucun moyen de compenser ? Que faire si une femme désire vraiment essayer d’aller au-delà de cela ? Est-ce qu’elle considère que c’est une question désespérée et elle ne fera rien, alors ? 

Je ne pense pas que cela soit nécessairement impossible, mais il faudrait qu’une femme devienne consciente que les hommes et les femmes ont des concepts différents de l’amour, ce qui est improbable. Le problème, ce n’est pas tant que les femmes ne comprennent pas que les hommes et les femmes ont une conception différente de l’amour, mais c’est que les hommes eux-mêmes ne comprennent pas que les hommes et les femmes n’ont pas les mêmes conceptions. Donc, hypothétiquement, oui vous pourriez, mais le problème devient alors le problème de l’authenticité de ce désir. L’amour, comme le désir, n’est légitime que lorsqu’il n’est pas forcé et lorsqu’il n’est pas obligatoire. Les hommes croient en l’amour pour l’amour, les femmes aiment de façon opportuniste. L’idée n’est pas que les hommes et les femmes ne souscrivent pas à l’amour inconditionnel, l’idée, c’est qu’homme et femmes ont deux systèmes de conditions différents pour aimer. 


Source : « Men in Love » publié par Rollo Tomassi le 10 septembre 2012.  

Illustration : Edward Eyer.