Choc Alpha.

J’avais environ 26 ans quand je vivais les journées terribles pendant lesquelles j’essayais de me remettre de ma relation infernale avec la femme névrotique avec qui j’étais resté en couple pendant près de 3 ans. J’étais assis dans sa chambre de dortoir, en train de me demander ce qui avait bien pu arriver au jeune homme Alpha, heureux, sexy et indifférent que j’étais quelques années auparavant. Je ne m’en suis pas rendu compte à l’époque, mais je suis passé de l’adolescent idéaliste, au statut d’alpha naturel, à un homme Beta vaincu et nécessiteux, et j’étais sur une glissade dangereuse vers l’état d’homme Omega. Une partie de moi savait ce que je devais faire, et comme ma situation de vie a progressivement commencé à se détériorer, la perspective très réelle de me couper de la personne que je croyais être mon « âme sœur » ne faisait fait qu’aggraver ma dépression. Cependant, cette même partie de moi était aussi énervée.

Cette relation était définie, d’une part, par ma mentalité maladive d’homme Beta, et d’autre part, par la mentalité psychotique et jalouse de la fille. Pour elle, ma personnalité était celle d’un homme Beta, donc, dans les rares occasions où j’avais eu la témérité de réellement m’énerver contre elle, c’était pour elle un véritable signal d’alarme. Pendant un bref moment, j’avais une réminiscence de comportement Alpha, ce qui était toujours une sorte de choc, tellement c’était hors de mon caractère habituel. De mes 17 jusqu’à mes 24 ans, être « Alpha » était mon état naturel, mais après des années de manipulation de ma copine, de temps passé à soigner ses insécurités, mes tentatives pour « me perfectionner » afin de guérir sa jalousie névrotique, je ne faisais que m’excuser dès que j’avais un relent d’attitude Alpha, même si au fond moi, les raisons qui me poussaient à me comporter ainsi étaient les bonnes. 

Roissy et quelques autres auteurs notables de la manosphère ont écrit sur la façon dont les éclairs de colère et les accès semi-justifiables d’indignation peuvent être un outil puissant pour démontrer une valeur plus élevée. Parfois, ces rafales d’émotions sont en fait des réponses authentiques et/ou spontanées à une situation. Ces « éclairs Alpha » servent de choc, de stimulus, et permettent de modifier la représentation qu’une femme se fait d’un homme. Le fait de regarder d’autres femmes, des réponses agressives provoquées ou non, sont des exemples d’éclairs Alpha. C’est l’Alpha interne d’un homme refusant d’être retenu et contraint par toutes les doctrines sociales et par le conditionnement de l’impératif féminin.

À mon insu, à l’époque, je choquais ma copine d’une manière similaire. 

Dans les hauts et les bas de cette relation, dans la folie qui y était présente, les éclairs occasionnels Alpha servaient à déclencher des épisodes de tension sexuelle au milieu d’une période de frigidité. À cette époque, je n’avais pas le courage de penser que l’énergie Alpha était mieux employée à temps plein qu’à temps partiel – en fait, je m’étais installé dans mon conditionnement, dans la matrice, et je pensais alors que le fait d’être Alpha était de la misogynie à éviter à tout prix, de peur d’offenser la sensibilité des femmes – mais je me suis rendu compte que, lorsque j’exprimais ma volonté d’aller de l’avant dans la vie, mon ex-copine trouvait cela excitant et cela déclenchait en elle une peut panique de me perdre. Le fait de lui faire comprendre que j’envisageais sérieusement de la quitter déclenchait en elle une excitation et une peur de me perdre. 

Je me souviens du jour où j’ai découvert qu’elle avait baisé un nouveau mec à l’université qu’elle fréquentait. J’ai perdu la tête. J’étais là, un homme Beta avec la patience de Job, en train de tremper dans la matrice à un point tel que je me disais que j’avais tout fait « selon les règles », quand elle a fait ce qu’elle a fait. Elle ne m’avait rien dit, je l’ai découvert parce qu’elle se comportait d’une telle manière que je ne pouvais que découvrir la vérité. Puis, monsieur « contrôle de soi » qui avait essayé pendant si longtemps d’apaiser les craintes de sa copine, monsieur « contrôle de soi » qui avait enduré pendant des années les crises de jalousie de sa copine, ce monsieur-là, a cogné de toute ses forces contre le mur de la salle de bain, alors qu’elle était toujours sous la douche. 

Je n’y ai même pas pensé. Ce n’était pas une bravade ou une tentative dramatique de la convaincre, moi-même ou quelqu’un d’autre, sur la façon dont j’étais un « bad boy » – c’est juste arrivé. Je ne sais pas comment l’expliquer autrement, mais face à ce réflexe Alpha, à ce moment-là, sa première inclination était de vouloir me baiser. Elle a fait une tentative boiteuse pour mettre la lingerie noire qu’elle savait que j’aimais, mais je savais qu’elle avait baisé cet autre gars en portant justement ça. L’Alpha a de nouveau clignoté. Encore plus d’excitation. Puis il m’est apparu que, juste un jour plus tôt, j’avais serré la main de ce même gars, après qu’elle m’ait présenté à lui, comme l’un de ses camarades de classe. L’Alpha était de retour.

Choc Alpha.

Je pense que ce que beaucoup d’hommes vivent dans les relations définies par la matrice, a beaucoup à voir avec ce cycle de chocs Alpha. Par le moyen de l’abdication préétabli du cadre, ou par un glissement progressif vers la mentalité d’homme Beta, les copines et les épouses transforment leurs hommes, et réalisent que ceux-ci ne sont plus les hommes Alphas qu’elles pensaient rencontrer ou dont elles avaient besoin dans leurs vies. Ainsi, lorsqu’une relation commence à se décomposer et qu’une perspective très réelle de divorce ou de rupture pointe le bout de son nez, les éclairs sporadiques Alpha (qui sont en fait des poussées de frustration et de colère) servent à mettre en pause l’évaluation hypergamique qu’une femme se fait de son compagnon. Les femmes possèdent un sixième sens lorsqu’il s’agit d’évaluer hypergamiquement les hommes avant de devenir intime, mais ce sens hypergamique de discernement est beaucoup plus prononcé chez les femmes qui s’apprêtent à quitter un homme avec qui elles ont déjà établis un sentiment de sécurité. 

Les femmes ont besoin de davantage de certitude avant de prendre la décision de quitter un homme, qu’avant de décider de baiser un homme pour la première fois.

J’ai posé la question aux femmes : quelle est la meilleure expérience sexuelle que vous ayez eue ? Après une soirée ou l’homme s’est donné du mal pour organiser un « premier rendez-vous romantique » pour vous ? Ou est-ce le sexe d’après dispute, le sexe après une engueulade, le sexe de retour-de-flamme juste après une rupture ? Tout le monde dit que le sexe après un moment de rupture est le meilleur – des enfants ont même été conçus pendant ces moment-là. 

Ces flashs d’Alpha sont cycliques. Les femmes prospèrent sur l’indignation, c’est certain, mais c’est l’incertitude, le doute hypergamique qui rend un homme Alpha passionnant et un homme beta ennuyeux. Beaucoup de ce que les hommes interprètent comme un comportement « drama queen » n’est en fait que le résultat direct de ce cycle beta-alpha-beta. La relation plus stable et saine suit un cadre Alpha-beta-Alpha où l’homme maintient sa présence Alpha, avec juste un épisode Beta occasionnel pour « prouver qu’il est humain ».


Source : « Flashes of Alpha » publié par Rollo Tomassi le 1er  août 2012.

Illustration : Daria Usanova.