16 ans après.

Le 20 juillet, ma femme et moi célébrons notre 16e anniversaire de mariage. Ce n’est pas un secret pour mes lecteurs : j’ai un très bon mariage, et on me demande constamment quel est mon « secret » pour faire en sorte que les choses restent positives, une sorte de question à la Oprah, « what do you do to ‘Keep It Fresh™‘ » ? La manosphère est jonchée d’histoires de gars et de leurs divorces, contrastés avec les histoires de relations à long terme en décomposition, ou par l’histoire de ces hommes qui tentent de récupérer leur ex. J’essaie de ne pas prendre l’habitude de raconter des choses qui me mettent en valeur, mais je comprends aussi que je suis un oiseau rare. Les gars avec des mariages réussis (un terme douteux au mieux) n’ont pas vraiment la motivation pour venir à des forums de la manosphère pour partager leurs idées. Pourquoi s’embêter si ce domaine de la vie est plus ou moins pris en charge ? Donc, à la lumière de cela, je vais partager certaines choses que j’ai apprises au cours des 16 dernières années qui font un bon mariage de mon point de vue.

Permettez-moi tout d’abord de vous donner un peu de contexte ; Madame Tomassi est mon premier mariage et bébé Tomassi est ma seule et unique fille. Comme je l’ai déjà dit, selon les normes actuelles de la société, je suis un monstre. Je suis un monstre en ce que j’ai rencontré ma femme et que nous sommes sortis ensemble pendant 8 mois (non exclusivement pendant 4 mois) avant que je lui propose de m’épouser. J’avais 28 ans quand on s’est mariés. Après 2 ans de mariage, nous avons décidé d’avoir un enfant – par volonté, non par accident. Ma femme s’attendait à ce que je sois un homme et je m’attendais à ce qu’elle soit une femme. Je ne l’ai pas mise enceinte d’abord pour l’épouser ensuite. Elle n’était pas une mère célibataire et n’avait pas non plus de bagages excédentaires provenant de relations antérieures.

C’est important de savoir tout ça, parce que quand je raconte des choses comme celle-ci, j’obtiens souvent une réponse du type « bien, vous avez tout fait correctement », alors qu’en fait chaque détail de ce que j’aime avec ma femme aujourd’hui est dû au fait que j’ai commis de nombreuses erreurs. J’ai dû désapprendre ce que 26 ans d’enseignements féminisés et émasculés m’avaient appris jusqu’alors. Certes, ignorant, j’avais rencontré une situation unique – une femme qui voulait réellement qu’un homme soit un homme, et en toute honnêteté, je n’étais pas complètement préparé pour ça. J’étais un homme beta (un homme Beta en récupération, à ce moment-là, en raison d’une relation psychotique avant tout cela) et il n’y avait pas de communauté à l’époque pour m’informer du contraire. J’avais lu certains des livres du Dr Warren Farrell, mais c’était l’étendue de ma propre compréhension de moi-même en ce qui concerne mon propre conditionnement de genre.

Etre le conducteur.

Maintenant, j’avais rencontré une femme qui, lors de notre premier rendez-vous, avait insisté pour que je conduise SA voiture. Ma caisse était un morceau de merde, bien sûr, mais après des années de ce lavage de cerveau pour l’égalité des sexes, une femme, d’emblée, voulait que je prenne le contrôle. Depuis lors, j’ai toujours été le conducteur (à l’exception d’une fois, où elle m’a ramené à la maison après une opération). C’était symbolique de la façon dont les 16 prochaines années se dérouleraient. 

Madame Tomassi n’est pas « push-over » et elle me teste très certainement même encore aujourd’hui. En fait, j’ai décrit le mariage comme étant un test constant à long terme et je tiens toujours à cette idée, mais dès le début, elle s’attendait à ce que je sois positivement masculin – être le décideur, être l’initiateur, avoir les idées et les exécuter en toute confiance. Même dans mes pires échecs, le fait d’avoir essayé honnêtement était plus important que le résultat. Cela n’a peut-être pas été le cas à court terme, mais à long terme, c’est là que vous pouvez voir l’appréciation dans le comportement. Nous nous félicitons l’un l’autre dans notre compréhension de nos rôles de genre.

Quand nous nous sommes rencontrés, ma femme sortait avec deux hommes très riches (nous étions non-exclusifs, rappelez-vous), j’avais une camionnette à mon nom. Madame Tomassi est une professionnelle de la santé et les hommes qu’elle avait fréquentés auparavant étaient des médecins et des spécialistes des urgences ; des gars gagnant bien plus de $300K par an. Ils avaient des bateaux, des voitures, de grandes maisons, le statut, la richesse, et pourtant, malgré tout cela, je suis celui qu’elle a poursuivi et avec qui elle s’est mise en couple (sa mère pensait qu’elle était folle de m’épouser à l’époque). Ils avaient tout, ces hommes, mais même avec toute ces richesses, ils étaient encore désemparés quand il s’agissait d’être des hommes – ils étaient mal à l’aise dans leur propre masculinité. Beaucoup de gars croient à tort qu’avoir un grand compte bancaire est la clef pour obtenir des femmes, et alors que cela peut aider à court terme, à long terme, c’est à votre propre détriment (elle se retrouvera contre vous avec la moitié de vos biens, après le divorce) si vous n’avez pas finalement tué le « beta intérieur » et si vous n’avez pas embrassé votre propre masculinité positive.

Les ingrédients.

Il y a tellement d’aspects que je peux détailler sur ce qui fait pour un bon mariage, mais tous ces aspects se résument vraiment à deux choses, le désir authentique et le respect mutuel. Trop de couples deviennent complaisants et trop à l’aise dans leurs mariages, ce qui entraîne un déclin dans ces deux domaines. Un certain degré d’anxiété subtile et de mécontentement constructif est nécessaire pour un bon mariage. Ces deux choses sont vues de manière négative par les hommes qui sont encore branchés dans la matrice, mais c’est ce qui rend chaque partenaire plus à l’aise avec lui-même, avec une volonté de s’améliorer pour soi-même et pour l’autre. A l’extrême, tout cela est abusif, mais en l’absence d’anxiété subtile et de mécontentement constructif, le mariage stagne, et c’est tout aussi dangereux. Dans la bonne proportion, cette anxiété implique qu’un mariage conserve son désir mutuel (ce qui est vraiment analogue au niveau d’intérêt) et son respect mutuel.

Alors, comment cette anxiété se manifeste-t-elle ? Un exemple facile, c’est de rester en forme ensemble. Je peux honnêtement dire que ma femme est encore sexy (si ce n’est plus depuis ses nouveaux seins). Je veux baiser ma femme aussi souvent qu’humainement possible ; combien d’hommes mariés depuis 10 ans peuvent faire cette déclaration ? Ma femme est un beau morceau et je vois les gars la regarder tout le temps. De même, je suis un bodybuilder et je me maintiens en état. J’ai des femmes dans la vingtaine qui flirtent avec moi assez souvent, et cela confirme pour mon épouse et moi-même que nous sommes tous les deux des gens désirables – c’est un exemple de cette anxiété, et nous reconnaissons tous les deux ce phénomène, et respectons l’un l’autre cet état de fait.

Il y a d’autres façons d’appliquer cette anxiété, par exemple le fait d’être drôle et arrogant joue un grand rôle le long d’un mariage. Madame aime cette attitude arrogante et humoristique, avec juste suffisamment d’intensité quotidienne pour que cela réaffirme la perception qu’elle a de moi comme étant celle d’un homme qui a confiance en lui. Comme je l’ai dit plus tôt, le mariage est un long test, constant, et soigneusement utilisé, cet outil humoristique est un formidable outil à utiliser avant que les tests ne se produisent. La confiance est toujours la chose qui fait qu’une femme veut un homme, même dans le mariage. Généralement un test est un test de confiance. Avant le mariage, son but latent est d’aider une femme à déterminer si un gars peut assurer sa sécurité à long terme. Après le mariage, un test est utilisé pour rassurer une femme sur le fait qu’elle a épousé le bon gars.

Je suis venu à trouver que le jeu est encore plus nécessaire dans le mariage que lorsque vous êtes célibataire – il y a beaucoup plus en jeu lorsque l’engagement est destiné à durer pour une vie.

J’ai beaucoup de règles que je balance avec sur les relations à long terme et le mariage. J’insiste sur le fait qu’un homme ne doit même pas devenir monogame jusqu’à ses 30 ans et qu’il ne devrait pas envisager le mariage avant le milieu de la trentaine. Encore une fois, je le dis non pas parce que je l’ai fait moi-même, mais parce que de mon côté de la clôture, je peux voir les énormes avantages de ces techniques. Le mariage devrait être un dernier recours, quelque chose à prévenir, jusqu’à ce qu’un homme, en vertu d’années d’expérience, a la capacité de reconnaître avec une précision mesurable, une femme qui mérite qu’il se donne à elle. La mentalité du « prix » est essentielle. Un homme doit être un prince d’abord, avant qu’il puisse être un roi quand il se marie.

Après 16 ans de mariage, je peux honnêtement dire qu’il n’y a pas d’avantages appréciables (en dehors de l’éducation des enfants) dont un homme ne peut pas profiter s’il est célibataire. Ce n’est pas censé être pessimiste, mais c’est plutôt une mise en garde pour souligner combien il est important de se désabuser de cette mentalité romancée du mariage comme objectif de vie. Il s’agit aussi de ne pas dire que le mariage n’en vaut jamais la peine – c’est juste que le mariage est un avantage complet pour les femmes avec des avantages négligeables, le cas échéant, pour les hommes. Le mariage fera la vie d’un homme ou détruira sa vie ; pensez au mariage en ces termes et vous prendrez une meilleure décision. Cette personne mérite-t-elle ce que je lui fournisse tout ? Les femmes n’apprécieront JAMAIS, même dans le meilleur des mariages, pleinement les sacrifices qu’un homme doit faire pour remplir son engagement de mariage. Entrer dans un engagement contraignant de fidélité, qui offre à un homme très peu d’avantage appréciable, et connaissant la totalité du risque qu’il assume en acceptant ce sacrifice, ne sera jamais pleinement compris ou apprécié par la femme qu’il épouse. Voilà pourquoi vous devez vous demander si la femme en face de vous mérite que vous lui donniez tout dans votre vie. Si vous en arrivez à un point où, en dépit des risques reconnus du mariage, vous voulez toujours prendre cet engagement, alors vous connaissez la balance entre le fait de se marier et le fait de sauver sa propre vie. 


Source : « 16 Years On » publié par Rollo Tomassi le 30 juillet 2012.

Illustration : Sandro Crepulja.