Valeur ajoutée.

Il n’y a rien de plus plaisant pour moi, que de lire les idées des nouveaux lecteurs de mon blog. En général, la plupart ne disent rien de terriblement nouveau (mais certains si), ils se contentent de répéter les mêmes interprétations sociales prévisibles, persistantes, féminisées, qui ne cessent de recycler les mêmes rationalisations fatiguées, mais tout cela me donne de l’espoir : la masculinité positive commence à fissurer les murs. En d’autres termes, le « monde des filles » ne parvient pas à dire quelque chose de nouveau, c’est juste une répétition de vieux tropes. 

Un nouveau lecteur, prénommé « S » (Comme « Susan » ?) a décidé de me parler de mon article concernant le marché sexuel. Attention. 

Alors que « S » souffre d’une maladie féminine typique, qui consiste à inverser le raisonnement (inverser les causes, les conséquences et les circonstances qui se sont produites dans sa vie), elle me fournit un point de vue sur un sujet que je n’ai pas encore traité ici. 

D’accord, j’ai lu ça. Je ne suis pas d’accord avec votre philosophie selon laquelle les femmes n’ont aucun but après l’âge de 30 ans. Que se passerai-t-il si des circonstances indépendantes de la volonté d’une femme l’avait empêchée de se marier avec un homme à un moment acceptable… Et si elle n’avait jamais fait la fête et n’avais pas couché à droite à gauche ? Il y a autre chose que le « physique » chez une femme, et ça me fait chier de voir qu’il existe des hommes (trop nombreux ?) qui ne semblent pas voir la valeur d’une femme une fois que… Comme vous dites… Sa « valeur sexuelle » diminue… Cela me choque, cela m’effraie… Cette misogynie… C’est un peu comme « American Psycho » et ça me fait peur pour notre société. 

Il y a beaucoup à dire sur le développement d’une véritable relation avec quelqu’un… Quelqu’un qui soit un peu comme votre « partenaire de crime » si vous voulez… Pour cela, l’âge d’une femme importe peu, tout âge est « le bon âge ».

Pour paraphraser les mots inimitables de Roissy, plus vous vous rapprochez de la vérité, plus les femmes hurleront. Aussi étrange que cela va paraître, je suis en fait d’accord avec la plupart des arguments de « S ». Vous voyez, quand je détaillais la chronologie des valeurs sexuelles respectives des hommes et des femmes sur le marché sexuel, mon intention était de fournir une vision crue et sans fard de la façon dont, dans la dynamique sociale contemporaine, les valeurs sur le marché sexuel des hommes et des femmes diffèrent au fil du temps. J’ai fait des efforts (des petits efforts) pour révéler la très lente diminution de la valeur sexuelle des hommes au cours du temps, en contraste avec l’expansion intense puis la diminution rapide de la valeur sexuelle des femmes. 

Réponse émotionnelle.

Exposer des vérités inconfortables engendre une réponse émotionnelle à ces vérités. Par exemple, quand je lis des articles triomphalistes féministes sur la façon dont les femmes sont plus « avancées » que les hommes aujourd’hui, ou quand je lis des commentaires ayant pour titre « la fin des hommes », la partie analytique de mon cerveau cède la place à une réponse plus émotive. Pourquoi essayer de faire quoi que ce soit ? Si je suis obsolète, si les cartes sont empilées en faveur des femmes avant même que la main soit distribuée, pourquoi ne pas suivre mon propre chemin ? Il y a un certain désespoir dans cette réponse émotionnelle initiale, surtout quand il n’y a aucun soupçon de sympathie ou de contrition venant de femmes « puissantes » ou de femmes aspirant à cette puissance. C’est comme ça que le jeu a changé, tant pis pour vous messieurs, vous êtes foutus maintenant.

J’imagine que « S » ressent globalement la même chose quand elle voit ce graphique sur le marché sexuel. Mesdames, mesdemoiselles, une fois que vous rencontrez le « mur » (30 ans), votre valeur commence à décliner pour de bon, de sorte que la véritable menace pour vous, ce sont les hommes qui deviennent suffisamment conscients de l’augmentation de leur propre valeur sexuelle, et qui capitalisent sur cette augmentation, et sur votre diminution, en conséquence. C’est la partie cruelle de l’hypergamie, le compte à rebours vers le mur est toujours présent, mais il en est de même pour le doute inconscient, qui fait en sorte qu’une femme se demande si elle a bien fait le choix optimal d’accouplement hypergamiqueavant que l’horloge n’atteigne zéro. Pour une femme, chaque nouvelle occasion de rencontre après 30 ans sera comparée avec les possibilités de rencontre qu’elle aurait pu consolider avant 30 ans. 

On me qualifie souvent de « cynique » ou « d’insouciant » dans mes observations, mais essayez de comprendre que mon approche est toujours une question de pragmatisme. La valeur globale d’une femme correspond-t-elle à quelque chose de plus que son physique et que sa disponibilité sexuelle ? Oui, bien sûr, tout comme la valeur intrinsèque des hommes devrait être plus largement appréciée en fonction des qualités de son caractère et des sacrifices qu’il fait pour faciliter la réalité d’une femme. Je n’aimerais rien de mieux que de penser que l’esprit humain, combiné avec la bonne volonté mutuelle et la compréhension, pourrait nous élever au-dessus de nos bases innées biologiques. J’aimerais vivre dans un monde où les hommes pourraient être excités sexuellement uniquement sur la base de la « valeur réelle » d’une femme, et où les femmes s’arracheront les faveurs d’un homme humble, noble, loyal, dévoué, en surpoids et sous-employé, avec un solde négatif sur son compte bancaire. 

Dans la manosphère, chaque jour, je lis des commentaires sur ce que notre « moi supérieur » devrait vouloir chez une femme. On ne manque pas d’articles et de réponses sur les blogs / forums faisant des appels passionnés pour la fidélité des femmes, leur loyauté, leur intelligence, leur grâce, leur féminité, leur appréciation, et toute la longue liste d’autres qualités éphémères, comme étant l’idéal pour une perspective de relation à long terme. En fait, je dirai que la majorité des incompréhensions des hommes sur les femmes ont quelque chose à voir avec les « drapeaux rouges » qu’ils ont détectés auparavant et avec le fait qu’ils attribuent plus d’importance à ces qualités qu’ils ne devraient. Pour chaque homme divorcé qui a dit : « je n’ai jamais pensé qu’elle était capable de faire une telle chose », je peux vous trouver un homme qui rationalise l’attirance qu’il avait pour son ex en fonction des « valeurs ajoutées » qu’elle était censée avoir. 

Relation de couple – nature et culture. 

Je ne dirais jamais qu’un homme ou une femme n’aspirent pas à être meilleur qu’ils ne le sont en tant qu’êtres humains. Il y aura toujours des éléments « extrahumains », quelque chose de transcendant, dans toute relation, mais il faut comprendre que derrière toute compréhension compatissante, derrière tout sentimentalisme fleuri, il y aura toujours la nature de base, l’hypergamie sauvage, la cruelle réalité du mur, dont toute relation ne sera jamais exemptée. Vendredi prochain, cela fera 16 ans que je suis marié à une femme belle, loyale, féminine. Madame Tomassi possède de nombreuses qualités idéales que la plupart des hommes souhaiteraient voir chez leurs propres partenaires – elle comme une « partenaire de crime » pour moi, mais mon attirance initiale pour elle avait beaucoup moins à voir avec ces qualités-là, et beaucoup plus à voir avec le fait qu’elle m’excitait beaucoup. Cependant, aussi à l’aise que je puisse être avec elle, aussi intime que nous sommes avec les identités de l’autre, les problèmes, et tout, je comprends encore le cadre de base nécessaire pour que tout cela puisse avoir lieu.

Une relation basée uniquement sur le physique et la sexualité est tout aussi faible qu’une relation fondée uniquement sur des appréciations ésotériques de qualités « plus élevées » à forte valeur ajoutée.

Les relations les plus solides et les plus saines sont celles dans lesquelles les deux parties comprennent (et se comprennent) mutuellement en fonction de l’aspect « nature » et « culture » du marché sexuel. Les femmes n’en viendront jamais à apprécier les sacrifices intrinsèques que les hommes font pour elles sans se réconcilier d’abord avec le côté naturaliste du jeu de séduction et du marché sexuel. De même, les hommes doivent se réconcilier avec la réalité de leur conditionnement social (la matrice fémino-centrée) afin d’apprécier la gravité de leur décision de s’engager dans une monogamie formelle / un mariage. Les hommes ont besoin d’apprécier le risque de la situation dans laquelle ils se trouvent, mais dont ils sont globalement inconscients. Pour les deux sexes, en arriver à cette compréhension est souvent un chemin très difficile à parcourir. 

De même, il est important de développer une appréciation et une adhésion aux valeurs ajoutées qui vont au-delà du côté naturaliste du marché sexuel. Tout en étant d’une importance primordiale, le sexe et les aspects « sauvages » du marché sexuel ne sont pas les seuls aspects d’une relation de long terme saine. Quand vient le temps pour un homme de passer de la « théorie des assiettes » à la véritable monogamie, il est en effet important de réaliser que les « valeurs ajoutées » d’une femme sont (et seront) un aspect essentiel de la relation.

Je comprends les frustrations de « S » et de tant d’autres femmes, avec le jeu de séduction, lorsqu’il met en lumière les carences des femmes. J’ai déjà écrit longuement sur la façon dont les femmes préfèrent changer les règles du jeu de séduction, afin que celui-ci corresponde mieux à leurs capacités propres. Dans le cas qui nous occupe ici, « S » répète la même chose que de nombreuses femmes, en ce qu’elles s’attendent à ce que les hommes apprécient la « valeur ajoutée » des femmes en priorité, et leur « attractivité » en second. La crainte d’une femme, c’est que les hommes se mettent à préférer les « femmes excitantes » plutôt que les « femmes de valeur », et bien que cela soit compréhensible en termes d’anxiété de la concurrence, c’est une crainte infondée. En effet, en réalité, la majorité des hommes betas sont conditionnés à croire que « c’est ce qui est à l’intérieur qui compte », et c’est ça qui provoque l’insatisfaction sociale des femmes depuis plus de 40 ans. 

Les hommes ne cherchent pas les conseils de la « communauté » parce qu’ils obtiennent trop de femmes et trop de sexe, et parce qu’ils sont trop gentils et qu’ils cherchent trop les « qualités intrinsèques » des femmes. Si quelque chose compromet le respect de soi (en supposant qu’un homme beta sache que cela existe), c’est la mentalité de rareté, dite aussi « mentalité de sniper ». Ne vous inquiétez pas des hommes qui se constituent des « harems », souciez-vous plutôt des hommes qui se crucifient eux-mêmes pour devenir le martyr de la « fille de ses rêves ». C’est beaucoup plus commun. 


Source : « Value Added » publié par Rollo Tomassi le 16 juillet 2012.

Illustration : Renato Abati.