Commentaire d’un habitué du forum SS :
Cela m’a rendu fou pendant un certain temps, alors j’en suis arrivé à poster cette question. Pouvez-vous VRAIMENT, honnêtement, séduire une fille ? Quand je dis « séduire », je parle d’une situation dans laquelle une fille qui ne veut rien avoir à faire avec vous, et sur laquelle vous n’avez aucun contrôle, peut changer d’avis parce que vous dis cela ou fais ceci.
Voici ce que j’ai vécu :
1.) Ma « présentation » est la plupart du temps la même avec chaque fille, et en fait, il n’y a pas de présentation du tout. Le discours m’importe peu, je suis totalement dans « la personnalité ». La plupart des filles que je rencontre disent que je suis « mignon » (vous savez comment les filles parlent du look de quelqu’un), je me présente toujours en étant très bien habillé (à la dernière mode), et ma voiture est cool.
2.) Sauf que voilà, les résultats que j’obtiens dépendent de la fille. Il y a des filles qui vont m’aimer, d’autres qui se contentent de passer dans ma vie, et certaines qui s’en moquent. Mais voici le truc BIZARRE. (…) Tout cela vient de ce que je commence à voir sur le terrain, et c’est le fait que l’interaction avec une fille a plus à voir avec la FILLE en question plutôt qu’avec vous. Je veux dire, bien sûr, vous avez besoin de travailler votre jeu de séduction, d’avoir l’air beau et de bien vous débrouillez, mais ce que je trouve, c’est que les résultats dépendent souvent de l’état de la jeune fille et de sa vie, de ses antécédents, etc.
Je veux dire, est-ce que les gars d’ici vont sérieusement enchainer leurs « phrases d’accroches » et leurs trucs de dragueurs pour faire en sorte qu’une fille pas intéressée devienne intéressée ? Je suppose que, d’après les lectures que j’ai sur la manosphère, je suis davantage sur la ligne qui consiste à se focaliser sur une fille déjà intéressée plutôt que de créer l’intérêt d’une fille indifférente.
Êtes-vous vraiment en train de séduire cette fille, ou cette fille vous a-t-elle trouvé sexy dès que vous aviez franchi la porte d’entrée du bar, et a déjà décidé qu’elle vous baiserait même si vous aviez été timide, mal habillé, peu sûr de vous ? Ce qui signifie que séduire, finalement, c’est savoir quelle fille est intéressée par vous d’abord, afin de faire le premier pas vers elle.
Il y a un proverbe dans la sphère de la séduction, selon lequel 80 % de la séduction réside dans le fait de ne pas foirer ce qui existe déjà entre deux personnes. L’attraction n’est pas un choix – cependant, ce que vous faites à partir de ça dépend entièrement de vous.
Je pense que les gens restent accrochés au mot « séduction ». Ce terme évoque des associations mélodramatiques, qui consistent à faire quelque chose d’infâme pour tenter quelqu’un de faire quelque chose contre son propre intérêt. Dans certains cas, c’est peut-être ça, mais beaucoup plus souvent, la séduction consiste à se vendre vraiment efficacement, en manipulant les émotions et les psychologies des autres. Les politiciens, les chefs religieux, les vendeurs, etc. sont tous des séducteurs. Il y a une ligne très floue entre l’influence et la séduction, mais dans les deux cas, il y a toujours un participant consentant. Aucune séduction, ou aucun appel à l’action, n’a jamais été consommé avec une personne qui n’était pas déjà un peu désireuse d’être séduite.
Les annonceurs le savent depuis des années ; les meilleures séductions sont celles où la cible n’est pas consciente d’être séduite, où la cible joue un rôle volontaire dans sa propre séduction et est tellement ravie dans sa propre implication qu’elle préfèrera le déni pathologique lorsqu’elle sera confrontée au fait d’avoir avoir été séduite. A des degrés divers, les gens possèdent un mécanisme de préservation de l’Ego enraciné dans le cerveau limbique, qui les protègent des dommages qui pourraient résulter d’une humiliation. Personne n’aime se dire qu’il est assez naïf pour tomber dans une séduction, mais à chaque fois qu’une personne achète un billet de Loto, elle s’imagine tout ce qu’elle va faire avec l’argent gagné.
Donc, compte tenu de tout cela, naturellement, personne ne va jamais obtenir une rétroaction totalement vérifiable quant à ce qui a produit une séduction efficace sur la cible. C’est la nature subjective de toute séduction – vous ne pouvez tirer vos conclusions de ce qui a fonctionné et de ce qui n’a pas fonctionné selon vos propres observations objectives, et pas à partir des observations de la cible.
Par exemple, je dirai qu’il est assez rare qu’une femme admette avoir été séduite par un homme. C’est un point de fierté pour les femmes de penser qu’elles ont une certaine capacité surnaturelle (les ruses féminines) pour séduire les hommes (alors qu’en réalité, il s’agit d’avoir un vagin). Et pour ces femmes qui admettraient avoir été séduites, c’est toujours pour se complimenter d’être une femme de grande valeur qui est capable attirer un homme compétent pour la séduire.
Gardez à l’esprit que tout le monde a jeu de séduction. Même le pire des hommes betas pense que ses supplications, ses appels à la raison et la piédestalisation, vont lui servir pour se démarquer des « autres hommes » et augmenter sa valeur à ses yeux à elle. Chacun d’entre nous, consciemment ou non, a un jeu de séduction, en ce que nous abordons nos intérêts sexuels de la façon qui produira, selon nous, le résultat souhaité – la réponse sexuelle. Le crétin moyen ne pensera jamais à appeler ça de la « séduction », mais son « jeu » à lui, aussi malavisé qu’il puisse être, est toujours un effort d’influence et de persuasion sur une fille, pour en arriver à une réponse sexuelle.
Apprendre de l’échec.
En termes d’apprentissage de la séduction, l’échec est plus bénéfique que le succès, et c’est exactement ce que les gars craignent, parce que l’échec vient sous la forme du rejet, ou dans le cas des hommes betas, de la peur du rejet. Le jeune homme moyen s’appuiera sur un raisonnement déductif (comme la plupart des hommes) qui ressemble à quelque chose comme ceci :
J’ai un besoin physique de sexe – les femmes sont le sexe dont j’ai besoin – je dois savoir ce que les femmes demandent en échange de leur intimité – je demande aux femmes quels sont leurs prérequis pour qu’elles deviennent sexuelles avec moi – je dois modeler ma personnalité, mes comportements et mes ambitions pour correspondre à ces prérequis – je dois effectuer ce que les femmes disent vouloir pour obtenir l’approbation des femmes – je reçois donc du sexe.
Il s’agit d’une simple logique masculine, finalement autodestructrice, parce que les femmes à qui l’homme demande des prérequis trouvent plus facile de répondre selon les artifices sociaux qu’elles estiment utiles d’appliquer aux hommes, que de répondre par la simple vérité, laquelle mettrait l’homme en face de ses responsabilité face à la peur du rejet, mais qui l’aiderait à mieux développer sa propre identité.
C’est cet échec qui enseigne le mieux. À plusieurs reprises, j’ai conseillé aux hommes de se méfier davantage de leurs succès que de leurs échecs. Les hommes méticuleux analysent en détails les raisons pour lesquelles un rendez-vous a tourné court, un rejet a eu lieu, une femme a trompé, mais dès que les hommes couchent dès le premier soir, ou dès qu’ils goutent au succès qu’ils ont eu tant de mal à atteindre, l’histoire change, et ils me disent : « OK Rollo, merci pour votre aide, je peux me débrouiller à partir d’ici ». Je peux penser à au moins 4 hommes betas que j’ai conseillé personnellement, assez bien d’ailleurs, puisqu’ils ont obtenu la « fille de leurs rêves », mais qui se sont crashés en pleine relation, exactement de la façon que j’avais prédit, parce qu’ils n’ont pas pris le temps de se demander pourquoi ils avaient réussi.
L’objectif de leur ambition était plus important que le processus de compréhension sur la façon dont ils en sont venus à réussir.
Quand j’étais conseiller, la plainte la plus commune que j’entendais venant des hommes betas plus âgés était sur le fait qu’ils avaient obtenus un « mauvais deal » alors même qu’ils faisaient tout ce qui était attendu d’eux. Ils ont fait, à la lettre, tout ce qu’ils pensaient que les femmes attendaient d’eux. Ils étaient des « bons gars », ils jouaient selon les règles (que les femmes avaient fixé pour eux), ils n’étaient pas des « dragueurs », ils payaient leurs factures, ils étaient un « soutien » pour leurs copines, ils sacrifiaient leurs propres ambitions au profit de leurs femmes et de leurs enfants, ils nourrissaient le chien et sortaient les poubelles ; mais ces gars-là étaient malheureux à cause de la peur du rejet, à cause de la mentalité de rareté qui leur faisait penser « si je joue au malin, elle me quittera à coup sûr », et tout cela était tellement puissamment ancré dans leurs esprits, qu’ils n’arrivaient pas à reconnaître que leurs épouses n’appréciaient pas réellement les sacrifices qu’ils faisaient afin « d’avoir la paix » ou de s’assurer un approvisionnement réguliers d’échanges sexuels médiocres.
Cependant, pour toutes leurs plaintes et leurs commisérations, ils n’ont jamais cessé d’examiner le processus des événements qui les ont amenés à leur état. Le « succès » d’avoir trouvé une femme qui les épouserait était tout ce qui était important pour eux à l’époque. Une grande partie de cette façon de penser à « ne pas remettre les choses en question » était lié à une mentalité de rareté, mais à mesure que leurs relations se détériorait, l’accent était mis par ses hommes sur le fait de « réparer » la relation, plutôt que de démêler et de comprendre le processus des évènements qui avaient conduit à la détérioration des relations. La voiture fonctionnait, la télévision également, et c’est tout ce qui comptait – c’est seulement quand la voiture tombe en panne ou quand la télévision ne s’allume pas qu’ils en venaient à réfléchir.
La séduction romantique n’a jamais été universelle. En fait, cela est expressément énoncé dans l’introduction de l’art de la séduction par Robert Greene (lecture obligatoire pour les lecteurs de ce blog). Beaucoup d’hommes oublient ce que signifie le « A » de « PUA » [PUA : Pick-Up Artist] – Artiste. Vous ne pouvez tout simplement pas appliquer aveuglément un style de séduction à toute les femmes – voilà pourquoi c’est un Art. Etre un bon artiste, quel que soit le domaine, exige du temps, de la discipline, une capacité d’improviser, de la création, de l’adaptation, de l’attention aux détails, etc. Il y a certains principes fondamentaux auxquels les femmes adhèrent (l’hypergamie étant la plus universelle) en raison de la convention sociale ou de la biologie, mais le bon artiste de la séduction utilise ces principes fondamentaux comme base pour une séduction individuelle. Par exemple, la séduction d’une femme très croyante et d’une fêtarde totalement athée exige deux approches de séduction distinctes, mais ces deux femmes seront influencées par les fonctionnements sous-jacent à toute psyché féminine (c’est-à-dire l’hypergamie, la dominance). Les prouesses Alpha d’un homme plairont en raison des fondements biologiques inhérent à toute nature féminine, mais son approche de la séduction doit être mesurée selon les conditions présentées par chaque cible.
Source : « Is Seduction Real ? » par Rollo Tomassi le 13 juillet 2012.
Illustration : Danielle Pilon.