Les problèmes avec la figure du père.

Je n’avais pas vraiment l’intention de poster un article de fête des Pères ici. Je ne sais pas si la plupart des hommes comprennent vraiment l’ironie tragique qu’il y a à célébrer la maternité et la paternité, d’une manière organisée, mais cela sert de point culminant poignant dans la société fémino-centrique dans laquelle nous vivons. C’est ignoré par la plupart des gens.

Le contraste entre la fête des mères et la fête des pères est peut-être l’une des preuves les plus facilement reconnaissables du code dans la matrice féminine. Selon les préréglages de la Matrice, maman est célébrée, aimée et respectée par défaut en raison de son caractère féminin, en raison de sa féminité elle-même ; mais Papa, s’il n’est pas carrément vilipendé et excorié publiquement, est toujours celui qui devrait être à la hauteur de la servitude qui définit son sexe jetable. Le jeu est fixe, mais il faut faire plus papa, faire plus.

Pour les enfants qui blâment leur incompétence sociale et leurs blocages psychologiques sur leur mère, il y a un certain degré de compréhension. Il est difficile de blâmer une mère puisque l’impression mondiale est que la maternité est un effort suprême et un sacrifice. Si elle échoue dans une certaine mesure, c’est excusable. Pour un homme, blâmer les maux de sa vie sur maman, ça sent la misogynie latente, mais jeter le blâme aux pieds de papa et le monde entier gémira en harmonie avec vous. Une mère qui échoue dans sa charge maternelle est négligente, mais souvent excusable. Un homme qui échoue en tant que père est toujours perçu comme égoïste et mauvais.

Les pères dans la matrice. 

Jetez un œil à postsecret cette semaine. Tout sera parti d’ici dimanche, alors jetez un œil pendant que cela dure. Le fil de discussion de cette semaine, c’est un peu le tarif habituel pour une fête des pères, un copieux « Fuck You Dad ! » ou encore, « tu es la raison pour laquelle je suis foutu ! », entrecoupé d’une dose de « il y a de bons pères », tout cela pour ne pas dégrader entièrement l’idéal féminisé de la paternité – il ne faut pas trop décourager les hommes, sinon ils vont arrêter de « vivre » selon les qualifications fixées par l’impératif féminin. Il doit y avoir un peu de gruyère dans le labyrinthe, sinon le rat de laboratoire refusera de se comporter comme on veut. 

Je vois toujours une différence marquée dans l’attitude entre la fête des mères et la fête des pères, surtout depuis que je suis moi-même papa depuis 14 ans maintenant. J’écoutais une émission de radio locale sur le trajet de retour vendredi, qui demandait aux appelants d’exprimer leur « gratitude » pour leurs pères, comme ils l’avaient fait précédemment en mai pour la fête des mères. Putain, presque chaque appelant avait la même histoire de « mauvais père » ou de « père absent », et ils se lamentaient sur la façon dont leur vie était merdique, à cause de l’influence de leur père (ou de son manque d’influence). Une fille a même appelé pour raconter son histoire : son père avait quitté sa mère il y a 30 ans, et depuis les 10 dernières années, elle lui avait envoyé une carte le jour de la fête des pères avec un grand « FUCK YOU », pour lui dire qu’elle ne lui pardonnerait jamais. Un autre type a appelé pour raconter que son père était un homme horrible parce qu’il avait quitté sa mère, et il a ajouté qu’il envoyait à sa mère une carte le jour de la fête des pères, parce qu’il pense que c’est sa mère qui a très bien rempli le rôle de figure masculine. 

Maintenant, la fête des Pères est une grosse gifle dans le visage pour moi – non pas parce que ma femme et ma fille ne m’apprécient pas en tant que père, mais parce que c’est devenu un grand « fuck you ». C’est devenu un rappel (comme si nous avions besoin d’une occasion spéciale) pour nous dire que la masculinité, même quand elle est vue sous un angle positif par la matrice, est quand même dévalorisée est avilie, et que puisque nous sommes des hommes, nous devrions nous en remettre. 

Personnellement, quand j’entends des plaintes comme celles que j’ai entendues à la radio ; quand j’entends comment sont perçus les pères aujourd’hui, cela me donne envie d’être un meilleur père pour ma fille, et je suis très impatient d’avoir un petit-fils pour l’aider à l’élever. Jusqu’à ce que la réalité s’installe. La réalité est que la seule raison pour laquelle je ressens le besoin de surpasser les autres hommes dans le fait d’être un bon père, c’est parce qu’une convention sociale féminisée m’a convaincu qu’il est de ma responsabilité de rivaliser avec d’autres hommes, dans un jeu où les règles sont fixées pour faire en sorte que les hommes deviennent toujours plus des esclaves. Bien sûr, la barre est si basse, et les hommes sont si avilis, que même les plus médiocre des pères peuvent jouer aussi et avoir quand même le sentiment qu’ils sont marginalement qualifiés dans le rôle de père. La convention sociale joue sur le même sentiment d’identification du « je ne suis pas comme les autres hommes » auquel la plupart des idiots souscrivent lorsqu’ils sont plus jeunes. Le désir d’unicité est déjà installé.

Après avoir réalisé cela, j’ai cessé de m’inquiéter sur le fait d’être un bon père. Je suis déjà bien au-delà de ce que mon père avait été pour moi, mais ce n’est pas le sujet. Un bon père essaie d’être un père sans se soucier des encouragements. Pour les hommes, comme dans de nombreux domaines, il ne s’agit pas ici d’obtenir de « bon points » ou une quelconque récompense, mais de l’ensemble du travail fournit en vue de parvenir à un résultat tangible, à un accomplissement réel. Un père est un bon père parce qu’il peut surmonter tout un monde qui lui dit constamment qu’il est une merde sans valeur tout ça parce qu’il est un homme avec un enfant. Il ne fait que « faire », en dépit d’un monde qui n’appréciera jamais son sacrifice et qui le considère comme « disposable ». Et même dans la mort, on s’attendra toujours à ce qu’il soit un bon père.


Source : « Daddy Issues » publié par Rollo Tomassi le 18 juin 2012.

Illustration : freestocks.org