Respect.

Je me souviens d’une période, dans ma vingtaine, où j’ai entendu d’innombrables fois : « Rollo, tu ne respectes pas les femmes », cette phrase venant à la fois des femmes et des hommes, comme si en me disant cela, je cesserais de vouloir brancher des strip-teaseuses, des groupies et des filles de club que j’obtenais alors. Avec le recul, il est intéressant de voir comment mes « fréquentations » avec des femmes « moins…fréquentables » ont suscité une telle tactique d’humiliation. Mon « moi actuel » connaît le stratagème du « respect » pour ce qu’il est réellement : une convention sociale qui tente de disqualifier les expériences personnelles/sexuelles d’un homme comme étant inférieure à la « qualité » des expériences d’un autre homme / d’une autre femme.

C’est de la comédie bien sûr, de confondre respect authentique et caractère d’une personne – ce qui peut sembler étrange au premier abord, mais je connais personnellement (et vous aussi) certaines personnes vraiment méprisables, pour qui j’ai néanmoins du respect, si ce n’est de l’admiration. Respecter son ennemi est la marque d’un homme savant.

R-E-S-P-E-C-T.

De la fin des années 80 jusqu’au milieu des années 90, je n’y ai pas beaucoup réfléchi, mais je me souviens avoir pensé qu’il était étrange que les femmes aient droit à mon respect par défaut. Je n’ai jamais entendu quelqu’un, homme ou femme, dire à une femme qu’elle « avait besoin de respecter les hommes ». Il n’a jamais été de la responsabilité des femmes de respecter les hommes par défaut.

Maintenant, bien sûr, je pense que nous sommes d’accord sur le fait que les hommes doivent gagner le respect les uns des autres et des femmes. Cependant, à partir d’un très jeune âge, les garçons, au moins dans l’ensemble, ont appris à ne jamais frapper une fille, de ne pas dire de gros mots, de porter ses livres à elle, de la respecter, mais il n’y a pas de dynamique opposée pour les femmes. C’est une autre manifestation socialisée de l’hypergamie : l’homme doit toujours jouer pour elle, toujours se qualifier pour elle. Pour les femmes, tout est permis :au besoin, lui donner un coup de pied dans les noix s’il franchit la ligne. Évidemment, je fais référence aux choses d’un point de vue traditionnel, mais maintenant, il faut extrapoler cela dans la culture moderne où les mères célibataires et les hommes émasculés couvrent totalement le paysage culturel. Même dans les cultures latines traditionnelles où les femmes ont tendance à préférer les hommes masculins, il ne leur est pas formellement enseigné à respecter les hommes. Leur respect est réservé aux hommes qui sont admissibles.

Respect masculin.

Donc, c’est mon idée : les femmes ne respectent pas les hommes, ou plutôt, elles ne respectent pas le masculin – et très certainement, elles n’ont pas de respect par défaut pour le masculin. On leur apprend à être contradictoires, pas coopératives. Les femmes apprennent à renoncer au respect, puis seulement, à contrecœur, à respecter un homme quand il a prouvé sa qualité, hors de la portée de la plupart des autres hommes. La masculinité est ridiculisée dans la culture occidentale telle qu’elle est, mais respecter un homme, c’est rivaliser avec lui, le surpasser. La coopération ou même la reconnaissance du fait que les sexes peuvent être complémentaires est au mieux considérée comme une idée désuète, au pire, comme une sorte de sublimation à l’impératif masculin.

Je dois également ajouter que je ne pense pas que cette dynamique se limite aux strip-teaseuses qui ont un problème avec « papa » ou aux salopes. J’ai très bien connu personnellement des femmes puritaines, qui allaient à l’église, qui aurait hurlé à l’idée d’être appelé ‘féministe’, mais qui, dans la pratique, dans les comportements et dans l’état d’esprit (quoique dans un contexte différent) manquaient constamment de respect envers tout ce qui était masculin. Elles étaient toutes aussi odieuse, à ce sujet, que n’importe qu’elle fille en « spring break » à Panama Beach, en Floride. 

Là-bas.

Une partie de mon travail consiste à voyager. Je suis en Europe (Pays-Bas, Allemagne, Belgique et France) généralement deux fois par an. Je peux dire que j’ai remarqué des différences marquées dans le comportement entre les femmes, là-bas, contrairement aux femmes américaines. Je vis aux États-Unis, donc je ne vais pas prétendre que je sais tout sur les femmes dans chaque pays. Je n’ai pas non plus baisé de femmes dans un pays étranger, mais je suis un observateur attentif du comportement. Je ne suis pas sûr que ce soit nécessairement une question ethnique en soi, mais certainement une question culturelle. J’ai été à Aruba, au Guatemala et au Panama, et d’un point de vue « latin », je ne vois pas ces femmes comme plus réservées que les femmes américaines, mais elles ont une attente masculine bien définie pour leurs hommes. Un homme doit être un Homme dans la culture panaméenne, c’est une attente de base, mais le respect est quelque chose de différent.

Je pense que l’homme qui aime appliquer le deux-poids-deux-mesures va souligner que « les femmes américaines sont ceci ou cela » en ce qui concerne le respect, et on les accusera de ne pas être suffisamment des hommes pour mériter le respect. Vous obtiendrez ainsi le fameux « les femmes puissantes, fortes et indépendantes sont une menace pour l’Ego des hommes », ce qui implique que les femmes des autres pays sont « moins puissantes » en raison des hommes faibles qui les préfèrent, elles. Ainsi, il existe un double piège pour les hommes : l’homme qui est assez dominant pour maitriser sa femme est perçu comme un agresseur, et l’homme qui souligne les défauts d’une femme est un petit pleurnichard qui a besoin de devenir enfin un homme, un vrai. Ensuite, nous arrivons en boucle et nous voyons le respect par défaut pour ce qu’il est – un élément pour capturer le mâle. Pour être considéré comme un homme, il doit respecter les femmes (les garçons ne respectent pas les femmes), mais pour être un homme, il ne doit pas avoir peur de manquer de respect aux femmes.

Ainsi, comme dans toutes les conventions sociales où les hommes sont perdants quoi qu’ils fassent, il est toujours préférable d’apparaître trop dominant plutôt que trop accommodant. 


Source : « Respect » publié par Rollo Tomassi le 29 mai 2012.

Illustration : Jose Antonio Gallego Vázquez.