« Monsieur Maman ».

Paternité 2.0

Cet article a été écrit en 2007, avant le « ralentissement économique », avant la fin des hommes. Il décrit essentiellement le travail des « hommes au foyer », et la façon dont ils se sentent « épanouis » par le fait « d’être là » pour leurs enfants. 

Ce que je trouve intéressant dans cet article, et dans beaucoup d’articles similaires, c’est le fait que, une fois de plus, la masculinité est toujours perçue comme négative. Comme s’il n’y avait pas une seule qualité bénéfique de la masculinité.« La masculinité est mauvaise pour vous », vous êtes « empoisonné » par votre testostérone. Il n’est jamais mentionné que la masculinité traditionnelle et positive met l’accent sur la rationalité, la persévérance, le devoir, et oui, le risque de prendre des comportements qui sont des éléments nécessaires dans l’audace d’être (et de devenir) quelque chose, ou quelqu’un de plus que ce que vous seriez resté en adhérant à l’empathie féminine, la recherche de sécurité et l’instinct de préservation.

Imaginez un monde où l’on apprend aux hommes à ne pas se précipiter dans un bâtiment en feu pour sauver des vies innocentes, parce que c’est tout simplement trop dangereux. Un aspect féminin est nécessaire pour l’empathie, la compassion et l’éducation, pour être complet, mais vous coupez une personne en deux lorsque vous ne leur enseignez pas la prise de risque, la persévérance, la rationalité, le désir de dominer et de gagner, une motivation positive de la concurrence, et oui, une capacité calculée à réserver et à contrôler ses réactions émotionnelles – tous ces traits servent à rendre un être humain plus complet, que l’on soit mâle ou femelle.

99% des hommes au foyer font cela par nécessité économique ou personnelle, pas par design. Notez que dans tous les cas, l’homme est jeté dans son rôle en raison du fait que sa femme gagne plus d’argent que lui – c’était la réalité de sa situation. De tous les hommes interviewés dans cet article, vous auriez du mal à trouver celui qui dont le but dans la vie était de devenir père au foyer. La plupart le sont à cause de décisions personnelles qu’ils ont prises et n’ont pas assumé. Faut-il s’étonner que les chômeurs ou les hommes sous-employés aient besoin de trouver une raison pour leur donner un sentiment de fierté ? Ils font de leur nécessité une vertu, puis transmettent leurs défauts à une autre génération.

Combien de ces couples auraient décidé de faire rester le père à la maison s’ils gagnaient tous les deux le même salaire ? Combien de couples choisissent de garder leurs enfants à la garderie pendant qu’ils travaillent tous les deux en raison des réalités économiques ? Combien de ces hommes resteront dans le rôle de père au foyer une fois que leurs enfants auront atteint une autonomie suffisante ? Combien de ces « maris de maison » opteraient toujours pour ce rôle (ou renverseraient le rôle avec leur conjoint) si on leur offrait un travail qui paie deux fois plus que ce que leurs épouses gagnent ? Vous pouvez ajouter à ces questions des idéaux pleins d’émotions et de bons sentiments, mais en réalité, c’est le budget familial qui décide, ce n’est pas un sens bien-pensant de l’idéal masculin ou de l’idéal féminin. 

Paul Haley, 38 ans, père de deux enfants, dit que les femmes le regardent quand il marche dans la rue avec ses enfants. « Je pense que c’est de l’admiration », dit-il.

Eh bien, je suppose qu’il ferait mieux de croire à ce motif, sinon, c’est juste lui qui se démarque comme une anomalie. Quelque chose me dit qu’un homme de 38 ans, marié avec 2 enfants, père au foyer, aurait nécessairement à interpréter sa situation comme de « l’admiration », même si je doute qu’il ait les compétences sociales pour reconnaître que cette admiration est en fait de la pitié, étant donné qu’il a été contraint à s’occuper des couches, du nez qui coule, des dessins animés et de tout ce qui est lié au développement de la petite enfance. Encore une fois, la nécessité est une vertu rationalisée.

Je pense qu’il existe un dérivé de « l’état d’esprit d’homme beta », en vertu duquel les hommes essaient de se convaincre qu’ils arrivent parfaitement à jouer le rôle de la mère au foyer. Ils façonnent, pour leurs egos, l’idée que, puisqu’ils sont plus directement impliqués dans l’éducation de leurs enfants, ils partagent ce point commun avec les femmes, que les autres hommes n’ont pas. C’est une forme plus prononcée du jeu d’identification (de l’homme beta) : « les femmes m’aiment (mais ne peuvent pas m’avoir) parce que je suis déjà le mari idéal qu’elles recherchent – un homme qui change les couches, lave la vaisselle, et va chercher les enfants à l’école ». Comme avec la plupart des schémas d’identification, « Monsieur maman » pense qu’il se distingue des « autres gars » en étant davantage en mesure de se rapporter à des expériences que seules les femmes connaissent. En devenant une femme, il croit qu’il est plus désirable.

« La masculinité a toujours été associée au travail et au succès lié au travail, à la compétition, au pouvoir, au prestige, à la domination sur les femmes, à l’émotivité restrictive ».

Curieusement, c’est exactement le monde dans lequel les femmes choisissent de se placer. Par la définition de cet article, les femmes assument le rôle masculin, mais veuillez remarquer que pour les femmes, l’émulation de la masculinité est positive. Si nous devons aller à l’absolu et dire « masculinité = mauvais », alors les mères carriéristes sont les pires délinquantes de la masculinité, parce que c’est aussi leur rôle d’être les exemples de vertu féminine et de soin des enfants. À tout le moins, selon cette logique, nous nous attendons à ce que les femmes jouent à la fois le masculin et le féminin aussi bien. Cependant, dans ce modèle, nous avons une femme qui donne naissance et qui, ensuite, va passer sa responsabilité d’élever ses enfants sur son compagnon (qui, il est vrai, n’y est pas préparé) alors qu’elle s’en va s’engager dans le masculin.

Ma fille n’est pas l’objet de quelque chose de « positivement masculin » ni de « positivement féminin ». Quand elle était plus jeune, j’ai peigné les cheveux de ma fille, non pas parce que j’étais en train « d’explorer mon côté féminin », mais parce que ses cheveux avaient besoin d’être peignés, afin qu’elle soit présentable et que nous puissions sortir et être à l’heure à ce que nous faisions. J’ai aussi personnellement appris à ma fille à faire du vélo, même après qu’elle soit tombée de nombreuses fois et a eu une peur folle à ce sujet. Mais elle est revenue sur ce vélo, les larmes aux yeux, et a appris à risquer des blessures pour une plus grande récompense. Je lui ai appris à nager aussi en utilisant le même principe. Madame Tomassi a une peur fondamentale de l’eau et a très peur elle-même quand je prends ma fille avec moi dans les vagues à la plage (et les vagues sont assez petites en Floride). Mais une fois que ma fille s’est remise de cette peur, elle a appris à quel point c’est amusant de jouer avec le surf. Nous faisons tous les deux ses devoirs avec elle et l’accompagnons dans sa scolarité, est-ce un trait masculin ou féminin ? À l’occasion, je lui fais refaire un devoir, même si celui-ci est correct, si elle a fait un travail bâclé. Elle se plaint et minaude, mais le « grand méchant père masculin » que je suis s’en tient à ce qu’il impose, afin d’inculquer un sentiment de fierté dans le travail accompli. Je suis sûr que les auteurs de l’article que j’ai mentionné me traiterait de tyran impitoyable masculin et insensible, mais assez souvent, il faut un homme masculin pour botter le cul d’un d’enfant, parce que parfois, « assez bon », ce n’est justement « pas assez bon » – non pas parce que la masculinité est mauvaise, mais parce que j’aime ma fille et que c’est nécessaire.


Source : « M. Mom » publié par Rollo Tomassi le 25 mai 2012.

Illustration : Skitterphoto