Lorsque j’ai commencé à écrire mon article « l’hypergamie s’en moque… », je savais qu’il allait y avoir certaines diatribes inévitablement déterministes sur les maux de l’hypergamie.
Cet article est né de tous les commentaires que les hommes m’envoient pour me dire à quel point leurs ruptures ont été incroyablement douloureuses. Comme si tous les efforts et l’investissement émotionnel, physique, financier ou familial qu’ils avaient fournis auraient dû être rationnellement apprécié par les femmes, et servir de stratégie d’évitement contre l’hypergamie. La raison de leur choc et de leur incrédulité est que leur état mental provient de l’hypothèse que les femmes sont des agents parfaitement rationnels, et que celles-ci devraient prendre en considération les efforts fournis par un homme avant de changer de partenaire. Il y a une croyance prédominante chez les hommes, en vertu de laquelle leurs mérites personnels, s’ils sont suffisants, devraient servir de « bouclier » contre toute impulsion hypergame.
Pour les hommes, c’est une idée qui semble logique. Tout cet investissement s’ajoute à leur concept d’équité relationnelle. Il est donc particulièrement choquant pour les hommes d’apprendre que cette « équité relationnelle » devient effectivement sans valeur pour une femme, dès lors que celle-ci rencontre un homme qui peut potentiellement être un meilleur partenaire, selon ses choix hypergames.
Cela ne veut pas dire que les femmes ne tiennent pas compte de cette équité lorsqu’elles déterminent leur choix d’hommes, lorsqu’elles sont célibataires, mais leur point d’origine opérationnel est TOUJOURS l’hypergamie. Les femmes peuvent évidemment contrôler leurs impulsions hypergames en faveur de la fidélité, tout comme les hommes peuvent garder leurs appétits sexuels en échec, mais il faut toujours savoir que ce n’est pas l’équité relationnelle que les femmes prennent en considération au moment de savoir quel homme choisir, ou au moment de savoir s’il faut rester avec un homme.
Cette dynamique est exactement la raison pour laquelle le petit ami de substitution, l’orbiteur sympa qui s’est identifié avec sa cible, devient fou de rage lorsqu’il apprend que la fille de ses rêves opte pour un « connard » plus sexy. Une telle fille ne prend pas une décision logique basée sur l’équité relationnelle qui a été investie. Bien au contraire, une fille prouve par-là empiriquement que l’équité relationnelle ne vaut rien, puisqu’elle récompense le « salaud » (qui ne fait preuve d’aucune équité) avec du sexe et de l’intimité.
C’est une vérité vraiment difficile à avaler pour les hommes, parce que comprendre l’hypergamie, c’est comprendre que le concept d’équité relationnelle ne vaut rien, et qu’il faut désormais tenir compte de cet état de fait avec les femmes avec lesquelles ils se sont engagés, ou avec qui ils envisagent de s’engager. Le concept masculin d’équité relationnelle découle d’un état d’esprit (lui aussi masculin) qui accepte le désir négocié (et non le désir véritable) comme moyen valable pour établir une sécurité relationnelle. C’est précisément la raison pour laquelle les « thérapies de couples » échouent constamment – car une telle « thérapie » repose sur l’idée fausse que le désir authentique (l’hypergamie) peut être négociée indéfiniment.
La femme rationnelle.
« Aunt Giggles » a récemment posté un petit morceau moelleux de « fiction alpha interprétative », vantant les vertus des hommes beta (les hommes beta qui, bien sûr, sont pour les femmes les « vrais Alphas », à condition qu’ils se comportement exactement comme on le leur demande, comme des petits chiens). Ce n’est pas une mauvaise liste en soi, malgré le fait que sa définition de l’homme Alpha, c’est un peu George Costanza qui se transforme en Sterling Grey sur commande, le moment venu. C’est un noble effort, mais là où cette liste tombe à plat, est dans la présomption (son espoir) que les femmes prendront la décision consciente et rationnelle d’opter pour un mâle Bêta en tant que fournisseur approprié à long terme. Quel nouveau concept !
Ironie mise à part, « Aunt Giggles » tombe dans deux pièges lorsqu’elle se lance dans un plaidoyer pour construire un meilleur homme beta. Le premier piège, c’est ce dont nous avons parlé ci-dessus : l’espoir ou l’attente irréaliste que l’hypergamie naturelle des femmes puisse être sublimée en faveur d’une prise de décision cognitive rationnelle lorsqu’elle choisit de se mettre en couple avec un homme. Je sais que cela fait au moins 28 ans qu’elle a dû prendre cette décision particulière, mais il n’y a pas grand-chose qui a changé du point de vue de l’influence limbique hypergame qui s’exerce sur une prise de décision féminine. Pour dire les choses plus rapidement : elle croit que des relations saines peuvent se construire sur le désir négocié (qui est également appelé « désir obligatoire » dans le mode réel).
Cela nous conduit à la deuxième erreur, dans laquelle elle présume que l’équité relationnelle – ou le potentiel d’équité – fera en sorte que l’engagement à vie d’une femme envers un homme beta est réalisable si l’hypergamie innée est réprimée. Comme je l’ai dit plus haut, l’hypergamie ne se soucie pas de l’équité relationnelle. Si l’équité relationnelle est prise en considération dans le processus décisionnel d’une femme, ce n’est qu’à des fins comparatives, lorsqu’il s’agit d’évaluer le risque d’un choix hypergame par rapport à un autre. Parfois, ce risque est présent dans la décision d’accepter ou non une proposition de mariage, parfois il est présent quand il s’agit d’opter pour le fait de tomber enceinte de son amant (meilleur potentiel génétique) et de faire croire au mari (meilleur potentiel financier) qu’il est le père, mais dans tous les cas, ce qui préside au raisonnement, c’est encore et toujours l’hypergamie.
Ajout de dernière minute : Roissy a également réfuté, avec son propre style, l’article d’Aunt Susan… « WARNING : Alpha traits alone are suitable for short-term mating only ! ».
Le mâle rationnel.
Tout cela sonne comme si je me permettais d’excuser / d’exclure les hommes de l’équation, ce n’est pas le cas. Comme je l’ai expliqué dans cet article, lorsque les hommes deviennent progressivement plus conscients de leur valeur sur le marché sexuel, leur capacité pour évaluer le potentiel d’investissement à long terme d’une femme se développe aussi. Le problème avec ce modèle, dans sa forme actuelle, est que la phase à laquelle les hommes viennent tout juste de prendre conscience de leur véritable valeur à long terme pour les femmes (généralement autour de l’âge de 30 ans), est exactement la phase dans laquelle les femmes espèrent faire pression sur les hommes qui ignorent leur véritable valeur sur le marché, pour se mettre en couple. Comme cela concerne les hommes, la plupart de ceux-ci passent la majorité de leur adolescence et de la vingtaine à poursuivre les femmes, en suivant leurs impulsions biologiques, et avec des degrés divers de succès, ils prennent de l’expérience et finissent par comprendre la duplicité ou l’inconstance des femmes. Il s’agit donc d’une bouffée d’air frais pour le gars moyen (l’homme beta) lorsqu’il rencontre enfin ce qu’il croit être une femme « terre à terre » qui semble vraiment préoccupée par le foyer et la famille, à l’âge de 29 ans. Son caractère passé, sa nature même, et même le fait qu’elle soit « maman solo » peut être négligé et / ou pardonné à la lumière de cette nouvelle rencontre.
Il y a une nouvelle race de chevalier blanc dans la manosphère qui aiment promouvoir avec enthousiasme l’idée de contrôle rigoureux des femmes comme épouses potentielles. On dirait de la vertu. Pour les monogames en série jouant la carte du « Good Guy », cela semble satisfaisant de prétendre avoir l’expérience et l’intégrité nécessaire pour être un bon juge de ce qui conviendra ou ne conviendra pas pour ses « critères ». C’est vraiment une nouvelle forme de jeu de séduction de l’homme beta. Tout cela n’est qu’une forme sophistiquée d’identification, parce que finalement, le fait de jouer la carte du « good guy », c’est faire une tentative pour incarner un idéal qu’une femme s’attend à rencontrer – un bon juge de son caractère.
Sachez cela maintenant, aucun homme (moi y compris) dans l’histoire de l’humanité n’a jamais entièrement ou exactement compris, appréhendé, estimé ou jugé toute femme qu’il a épousée. Aucun homme ne savait vraiment « qui » il s’apprêtait à épouser, et certainement pas le type qui s’est marié avant l’âge de 30 ans ou qui avait eu moins d’une relation dans son passé. Il ne s’agit pas de dire que les amours de jeunesse qui durent toute la vie n’existent pas, il s’agit de dire qu’aucun homme ne peut jamais déterminer avec précision comment « l’amour de sa vie », sa femme, va évoluer au cours de sa vie.
En ce moment, je peux vous entendre dire « Ouah ! Mais c’est de la merde ça, Monsieur Tomassi ! », et je suis assez d’accord, mais demandez plutôt à un homme qui est à son deuxième divorce de vous raconter à quel point il était certain de connaître sa deuxième femme, et que son raisonnement était basé sur son expérience passée avec sa première femme. Gardez cette vérité à l’esprit : vous n’entrez pas dans un bon mariage ou une bonne relation, vous créez un bon mariage, vous construisez une bonne relation. Votre douce petit fille vierge et innocente, religieuse et timide, est toute aussi hypergame que la salope de boite de nuit que vous venez de baiser la nuit dernière. Des filles différentes, des contextes différents, la même hypergamie. Vous pouvez avoir assez d’expérience pour connaître une femme qui ferait une bonne épouse, mais vous devez finalement construire votre propre mariage / monogamie, basée sur vos propres forces, ou dissoudre l’union sur la base de défauts inhérents – il n’y a pas de mariages préfabriqués.
Source : « Relational Equity » publié par Rollo Tomassi le 21 mai 2012.
Illustration : Two Dreamers.