Une génération d’hommes beta.

J’ai parlé dans plusieurs articles différents des « hommes » que j’ai connu qui sont devenus des hommes betas mariés, et des hommes plus âgés impliqués dans des relations de longue durée où ils se permettent de devenir le partenaire passif / soumis de la relation. Par expérience, je peux raconter des histoires d’hommes qui rient quand ils nous disent à quel point ils sont chanceux d’avoir une partenaire qui « leur permet » de regarder le hockey ou le football, ou des hommes qui fabriquent leurs propres rationalisations et justifications lorsqu’ils « obéissent » aux insécurités innées de leurs femmes. Tout récemment, j’ai passé en revue les qualités qui font d’un homme un homme beta, mais je suis venu à réaliser que les caractéristiques de ce que nous appelons « homme beta » changent et évoluent à mesure qu’ils vieillissent. 

L’état d’esprit beta (faute d’un meilleur terme) et toutes ses frustrations inhérentes sont une maladie, et comme toute maladie, si elle n’est pas traitée, va muter en différentes formes au fur et à mesure de la progression, jusqu’à ce qu’il tue ou affaiblisse l’hôte. La plupart des « conseils » des fils de commentaires en ligne sur les rendez-vous, l’amour, les relations personnelles sont tous caractérisés par un point de vue « myope », si j’ose dire, en tout cas, un point de vue très juvénile. Nous avons la chance dans la communauté de la manosphère d’avoir un large éventail de réflexions, de perspectives et d’expériences venant d’hommes plus âgés. Il s’agit d’un cadeau, en ce que cela aide à donner de la crédibilité aux philosophies qui semblent contre-intuitives pour les hommes nouvellement débranchés de la matrice. La plupart des autres voient les modèles comportementaux à court terme et ils voient très rarement les choses d’un point de vue plus long.

Conseils avisés.

Inutile de dire que prendre des décisions à court terme qui auront des conséquences à long terme n’est guère une façon de vivre. Je connais beaucoup trop d’hommes et de femmes de 40 à 60 ans qui intériorisent et mettent en pratique des conseils venant de personnes de 20-30 ans qui n’ont pas assez de compétences sociales. Quand j’ai lu les conseils qu’une fille de 22 ans a donné à une femme divorcée de 45 ans sur la façon de « revenir dans le jeu », j’ai grincé des dents. Cette personne divorcée est si désespérée qu’elle ne tiendra pas compte de la maturité de la source. 

Tout cela m’amène à l’idée que les « vieux » hommes betas, s’ils ne sont pas contrôlés, évolueront en ayant des comportements qui auront des conséquences durables non seulement pour eux-mêmes, mais aussi pour les gens qui dépendent (financièrement) d’eux. Ce degré de « beta » aura des conséquences dans beaucoup d’aspects de la vie des hommes qui en sont touchés, et de la vie des autres, directement ou indirectement. Restez avec moi pendant que j’illustre cela avec quelques expériences personnelles.

L’un des hommes avec qui je travaille actuellement est un homme beta de 66 ans. C’est un millionnaire qui a réussi, avec de nombreuses entreprises financières et un bon sens des affaires. Cela dit, chaque succès qu’il a obtenu a été motivé par son besoin d’approbation féminine, les femmes (et une en particulier) ont toujours été le PRIX pour lui. Il a construit un petit empire financier basé sur cette caractéristique beta dont beaucoup d’autres personnes dépendent. Il se laisse constamment aller à dire des commentaires sur la façon dont « les femmes sont le pouvoir derrière le trône » ou comment les hommes ne pourront « jamais comprendre les femmes », tout inconscient qu’il est de son propre statut personnel. Je vois constamment ses décisions d’affaires colorées par son caractère très prononcé d’homme beta et je pense à la façon dont les gens sont dépendants de cet homme pour un chèque de paie. 

Quand je vivais dans le Nevada, j’avais un homme de 63 ans que j’ai conseillé qui avait passé la plus grande partie de sa vie à essayer de trouver la « clef » qui ferait en sorte que sa femme (son épouse depuis 30 ans) devienne intime avec lui. Ils sont tous les deux dans la soixantaine, elle était progressivement devenue indifférente à lui et ne le considérait comme une préoccupation que quand il était entre deux emplois. Quand les temps étaient bons, il achetait des jouets pour « eux » qu’ils ne pouvaient pas se permettre – bateaux, VTT, vacances – et dans les temps difficiles, il n’y avait rien d’autre que des querelles constantes. Cette situation ne s’est pas développée parce qu’elle était matérialiste, mais plutôt parce qu’il percevait cela comme une méthode pour acheter ses affections et elle est devenue conditionnée à cela. À 63 ans, le gars n’en pouvait plus. Il n’avait plus d’idées d’homme beta qui apaiseraient sa femme. C’est quand j’ai suggéré qu’il « devienne un homme » et qu’il commence à implémenter certains comportements de masculinité positive dans sa vie, qu’il a dit : « je ne pourrais jamais faire cela, ce n’est tout simplement pas moi. Elle me quitterait à coup sûr si je devais changer ».

Le fait d’être un homme beta n’est pas seulement pour les enfants, les adolescents, les étudiants et les jeunes hommes. Les retombées et les conséquences à long terme se répertorient sur la maturité et la vieillesse. Sur cette question, on entend souvent dire que les dernières générations d’hommes sont des hommes betas parce qu’ils ont davantage été élevés par des mères célibataires, par des pères absents ou par des pères betas eux-mêmes. C’est une remarque facile, mais l’observation des comportements betas des hommes matures et les dépendances complexes qu’ils portent sur les autres autour d’eux est plus difficile. Je voudrais pouvoir dire que le caractère beta est une indication de l’échec et serait progressivement éliminé du schéma mental génétique pour ainsi dire, mais je ne peux pas. Il y a beaucoup d’hommes qui réussissent qui s’accrochent encore aux mentalités betas et dans certains cas ils sont même plus motivés que les hommes qui se caractérisent par une masculinité positive.

Beta by Design.

Je pense qu’au début de la vie de la plupart des hommes, l’adoption d’un schéma mental d’homme beta n’est pas tant un chemin de moindre résistance qu’un chemin de moindre risque.  Les enfants sont la somme de ce que les deux parents ont apportés à leur développement, et une compréhension des rôles de genre est cruciale dans cet apprentissage. Une personnalité est le résultat de ce qui a été vu en exemple. Si un père est un alcoolique abusif et qu’une mère est une victime douce et soumise, le modèle de masculinité et de féminité sera façonné par ces exemples. De même, si une mère est une chienne dominatrice et un père un cocu à la voix douce cela colore également les perspectives sur le genre. Allons plus loin, si l’un des parents est absent, cela crée un vide sur le rôle de genre et l’enfant doit soit chercher des sources extérieures, soit observer le comportement du parent existant, et c’est là que les choses deviennent vraiment compliquées.

Lorsque le parent restant est tenu de fournir son interprétation du sexe opposé, toutes ses interprétations erronées et les doutes s’impriment à l’enfant. Cela fonctionne pour les deux sexes. La mère pensive, « couvante » et rancunière enseigne à son fils « comment être un homme » en insistant pour qu’il pisse assis (pour laisser le couvercle vers le bas) et lui apprend à être passif / soumis. De l’autre côté, elle s’attend à ce qu’il soit une parodie autoritaire de la masculinité puisque c’était l’exemple donné pour elle. L’une ou l’autre situation sont malsaines.

La voie du moindre risque.

Puisque nous discutons du développement d’un schéma mental d’homme beta, cet exemple de masculinité a dû être donné à un homme. Ce schéma mental a dû être renforcé assez souvent (par les hommes et par les femmes) au point de devenir si ancré dans la personnalité que l’homme qui en est victime confond sa personnalité avec sa croyance. Cet « investissement de l’Ego » arrive au point où tout ce qui va à l’encontre de l’idée devient étranger. Un tel homme marqué doit défendre ses idées avec des rationalisations et généralement il tourne en ridicule la masculinité positive parce que tout ce qui est au-delà de sa compréhension est une attaque sur sa personnalité. C’est pourquoi il est si difficile de faire sortir un homme de la matrice, dès lors qu’il est à ce point branché à ses idées d’hommes beta. 

La mentalité d’homme beta est confortable parce qu’elle implique le moins de risque de rejet. L’un des obstacles les plus difficiles qu’un homme beta en convalescence doit surmonter, c’est d’approcher et d’initier, parce que pour plus de la moitié de sa vie, il a évité de le faire par peur du rejet. C’est ce qui a conduit à son statut d’homme beta et maintenant il doit y faire face. Je dois également ajouter que la raison pour laquelle les « monogames en série » choisissent cette option – il y a la sécurité du rejet aléatoire dans la monogamie, indépendamment de la façon dont leur monogamie se déroule. La monogamie misérable est perçue comme préférable au rejet aléatoire, et au fil du temps une personnalité est soudée à cette compréhension subconsciente. « Je suis juste un gars timide », « je n’ai jamais été ‘chanceux’ avec les fille », et « je suppose que nous les hommes ne seront jamais comprendre les femmes » sont les slogans de cette mentalité.

Comme l’homme beta vieillit, il se marie à une femme qui va se contenter de lui, ou épouse la mère célibataire qui a besoin d’un fournisseur, il pose sur encore plus de ciment sur cet ego-investissement. Il ne suffit pas qu’il ne puisse pas comprendre pourquoi il est malheureux, il a besoin de l’affirmation des autres gars qui sont tout aussi perdus que lui. Et quand l’Homme vient autour de lui, et qu’il critique son sort, même un tout petit peu, il retombe sur ses rationalisations apprises, tandis que les yeux de sa femme se dilatent, que ses joues deviennent rouge et qu’elle mouille en écoutant l’Homme donner à son mari quelques conseils masculins.


Source : « Generation AFC » publié par Rollo Tomassi le 2 mai 2012.