Le goût amer de la pilule rouge.

On a beaucoup parlé de la « triade sombre » et du « côté obscur » de la séduction, dans lequel un séducteur expérimenté utilise, comme un sadique, ses nouvelles connaissances « pilule rouge » en vue de faire le mal, et non le bien de l’humanité. Les femmes qui ont conscience du « jeu » – celles qui n’ont plus la force de prétendre que le « jeu » n’existe pas – souhaitent que celui-ci soit à leur avantage ; elles reconnaissent que le jeu existe, mais demande à ce qu’il soit joué à l’avantage des femmes. Les femmes s’accrocheront jusqu’au bout pour que la société subisse une féminisation : 

« Bon…OK… vous nous avez démasquées… le « jeu », c’est vraiment ce que les femmes veulent… l’hypergamie est bien la loi de la nature féminine…Mais maintenant, il est de votre responsabilité d’utiliser l’hypergamie pour rendre la société meilleure… et pour construire une nouvelle race d’hommes betas améliorés au service d’une société centrée sur les femmes… Vous devez assurer notre sécurité puisque nous vous avons révélé la vérité sur la nature des femmes, ce qui vous a permis de sortir du troupeau ». 

Les femmes conscientes du jeu, et leurs sympathisants hommes, ressentent le besoin de délimiter certains aspects de la pilule rouge et d’en tracer les limites : il existe ainsi des « bons aspects » de la pilule rouge (ce qui est pro-femme et en faveur de la monogamie) et un « côté obscur » de la pilule rouge (ce qui relève de la manipulation, de la polygamie, d’une vision de la société centrée sur les hommes). L’impératif féminin va au-devant des réalités enseignées par la pilule rouge, et cherche à catégoriser celle-ci afin qu’elle serve ses propres fins. L’éventualité même que les hommes puissent maitriser leur propre stratégie sexuelle est une menace, ainsi, la pilule rouge doit être utilisée en elle-même pour servir les impératifs des femmes, dans une société féminisée. 

La préoccupation « par défaut » d’une société correcte et vertueuse, c’est de s’occuper des femmes, elles se placent donc sur un terrain favorable. Dans la mesure où la « pilule rouge » devient de plus en plus difficile à nier pour les femmes, la prochaine étape, pour elles, sera de l’accepter, mais en qualifiant ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. L’hypergamie est une vérité, une vérité difficile à admettre, alors les femmes la décrivent comme un simple fait : « c’est simplement les femmes qui sont comme ça », c’est un legs malheureux de l’évolution. Mais les vérités de la pilule rouge qui sont favorables aux hommes sont surnommés les « arts sombres ».

Le mythe des arts sombres. 

Selon la définition commune, la « triade sombre » est un groupe de trois traits de caractères : le narcissisme, le « machiavellianisme » et la psychopathie, qui sont tous les trois des traits de personnalités qui déclenchent l’aversion de celui ou celle qui la subit. Selon le contexte, ces trois caractéristiques peuvent permettre de reconnaître une personnalité sociopathique, mais cela ne permet pas de caractériser le « jeu » tel qu’il est pratiqué dans un cadre « pilule rouge ». A défaut de trouver une meilleure définition du « jeu », l’impératif féminin doit faire un effort pour dissuader l’homme commun (c’est-à-dire l’homme beta) d’embrasser la praxéologie qui lui permettra de se libérer de la matrice féminine. En associant la « pilule rouge » aux trois traits de caractère de la « triade sombre », l’impératif féminin peut facilement disqualifier la « pilule rouge ». C’est facile, parce que l’impératif féminin possède cette sorte d’autorité qui lui permet de définir ce qui est « social » et ce qui ne l’est pas.

Le problème revient alors à définir quelle utilisation de la « pilule rouge » est acceptable et quelle autre utilisation ne l’est pas. D’une manière toute prévisible, les femmes qui reconnaissent les vérités de la « pilule rouge » veulent que celles-ci soient pratiquées dans des termes qui leur conviennent individuellement et qui s’adaptent aux différentes phases de leurs vies. Cependant, en raisons de la diversité même des femmes qui acceptent la « pilule rouge », il y a beaucoup de désaccord entre elles sur ce qui constitue une utilisation appropriée et inappropriée de la séduction et du « jeu » ; il y a ainsi plusieurs points de vue sur les différents aspects du jeu. 

Pour les hommes féminisés et féministes, c’est un débat très confus. Il est assez difficile, pour eux, d’accepter que les femmes aiment les c*nnards (alors que les femmes leur ont dit le contraire pendant presque toute leur vie). Mais il est encore plus difficile, pour eux, de voir que les femmes « de qualité » débattent des aspects acceptables ou non des c*nnards. Comment comprendre la différence entre un c*nnard qui a des qualités et un autre qui est un menteur, un manipulateur, qui ne s’aligne que contextuellement avec ce que les femmes attendent ? Pour les hommes « pilule bleue » comme pour les hommes qui ont pris récemment la pilule rouge, il est difficile de concilier ces débats avec les idéaux moraliste d’une société centrée sur la femme. 

Alors qu’une compréhension plus large de l’hypergamie et du « jeu » sont des outils utiles pour les hommes célibataires éclairés, l’homme « beta » acceptant la pilule rouge continuera à voir celle-ci seulement comme un moyen de satisfaire l’impératif féminin (la monogamie provisoire de long terme). Toute déviation de ce script, tout homme utilisant le jeu pour son gain personnel, son plaisir personnel ou pour adapter et améliorer sa propre stratégie sexuelle est coupable de crimes contre la société (féminisée). Puisque le « grand bien social » a été défini par l’impératif féminin, tout ce qui lui est contraire est définitivement diabolique, contre-productif, sociopathique, antisocial et manipulateur.

Le goût amer de la pilule rouge.

La vérité vous rendra libre, mais cela ne rend pas la vérité moins dure et plus jolie pour autant, et cela ne peut certainement pas vous absoudre des responsabilités que la vérité exige. Un des plus grands obstacles que les hommes affrontent lorsqu’ils se débranchent de la matrice, c’est d’accepter les cruelles vérités sur le jeu de la séduction. Parmi ces vérités, il y a notamment le fait de réaliser que vous avez été conditionné à croire, depuis si longtemps, des idéaux confortables et des attentes irréalistes vis-à-vis de l’amour, qui n’étaient en fait que des responsabilités supplémentaires. Appelez-les des mensonges, si vous voulez, mais il y a un certain nihilisme, un certain désespoir qui accompagne la prise de la pilule rouge, et ce qui accompagne aussi cette réalisation, c’est la volonté de se couper d’un système. Prendre la pilule rouge, ce n’est pas perdre tout espoir, c’est juste qu’après la réalisation, vous ne pouvez pas encore voir que vous pouvez créer un nouveau système – un système sur lequel vous pouvez avoir davantage de contrôle direct.

Il n’y a pas « d’art sombre », c’est tout simplement un dernier effort désespéré de l’impératif féminin qui cherche à vous ramener dans la matrice. Il n’y a que le « jeu » et le degré auquel vous l’acceptez, le degré auquel vous l’utilisez, dans un contexte que VOUS définissez. Si ce contexte, c’est une relation monogame mutuellement bénéfique, mutuellement aimante et mutuellement respectueuse que vous avez choisie, sachez que seuls les fondements du « jeu » vous permettront de faire réussir ou de faire échouer cette relation. Si ce contexte, c’est un mix de relations multiples simultanées, dans lequel vous vouez profiter d’une vie sentimentale basée sur vos satisfactions personnelles, il vous faut aussi comprendre que cette vie ne sera possible qu’en fonction de votre degré de compréhension du « jeu ».

Tout comme un alpha n’est ni déplorable ni un prix Nobel, le jeu n’est ni intrinsèquement bon ni intrinsèquement mal – le diable est dans les détails, et surtout dans le contexte dans lequel vous exercez votre « jeu ». Dans l’introduction aux 48 lois, Robert Green explique la même chose au sujet du pouvoir. Le pouvoir n’est ni bon ni mauvais, il « est », tout simplement, et votre capacité à utiliser le pouvoir, le confort que vous ressentez en l’utilisant, n’invalide pas les lois du pouvoir. De même, votre capacité ou votre incapacité à utiliser les principes de la pilule rouge ne vous excuse pas des conséquences de vos actes. 

La quarante-neuvième loi du pouvoir, non-écrite, nie l’utilité du pouvoir lui-même, et diabolise son utilisation d’un point de vue moral et social. Avec la popularité croissante de la pilule rouge, cela a été la réaction de l’impératif féminin : faire appel aux idéaux moraux, éthiques, vertueux profondément ancrés dans les hommes par une société fémino-centrée, tout en redéfinissant l’utilisation acceptable de la pilule rouge, afin de satisfaire ses propres fins. 


Source: « The Bitter Taste of the Red Pill », publié par Rollo Tomassi le 10 avril 2012.