Le martyre est l’expression ultime de la preuve sociale.
Après avoir terminé mon article « chevalerie contre altruisme », j’ai dû faire une sorte de pause pour un moment pour considérer l’impact de l’expression « les femmes et les enfants d’abord » en tant que convention sociale opérationnelle. Même avant la montée manifeste de l’impératif féminin, ce « protectionnisme féminin » était déjà en vigueur, et je suis assez certain que c’est le résultat de notre « câblage neuronal primal » qui a pour but de protéger nos familles. La plupart des animaux d’ordre supérieur ont aussi évolué cet instinct donc je ne vois pas de problème à l’existence de ce phénomène. Cependant, l’homme est une espèce beaucoup plus complexe, je pense que la convention sociale de « les femmes et les enfants d’abord » va un peu plus loin qu’un protectionnisme simpliste. En fait, je dirais que le « protectionnisme familial » est une aide commode pour les femmes (et les hommes sympathiques) qui préfèrent voir le sacrifice de la vie des hommes en termes honorifiques, alors que la vérité est beaucoup plus laide.
Dans sa forme la plus crue, le marché sexuel de nos premiers ancêtres aurait été celui où l’hypergamie féminine et la domination Alpha étaient plus ou moins en équilibre. De toute évidence, les hommes étant le sexe le plus fort, cela mettait les femmes dans une position plus faible, dans les premières incarnations du marché sexuel, mais il faut aussi considérer que les hommes se sont battus et se sont entretué pour l’accès à ces droits de reproduction – version courte : les hommes étaient jetables. Alors que notre espèce commençait à socialiser, à se « collectiviser » et à coopérer, nos premières conventions sociales auraient tourné autour des invites environnementales et des stimuli biologiques qui étaient essentiels à la survie de nos ancêtres plus sauvages.
La première forme de « proto-séduction » aurait été une contrepartie sexuelle. Vous n’arrivez pas à séduire cette femme chaude et chasseuse-cueilleuse de la tribu ? Sauvez son cul du tigre à dent de sabre et elle va montrer sa gratitude en ouvrant les jambes. En d’autres termes, risquez votre vie et les femmes vous récompenseront par du sexe en remerciement. Aujourd’hui, ce n’est peut-être pas une réalité dans la pratique, mais c’est la logique qui a conduit à l’intériorisation psychologique et aux doctrines sociales que nous suivons. C’est un principe si primitif, de logique-déductive qui a fonctionné si bien, pendant si longtemps, que les contingences sociales ont à la fois évoluées pour l’atténuer et l’exploiter. Vous ne me croyez pas ? Promettez à une jeune fille du Moyen-Orient 70 vierges dans le ciel et voyez si elle va s’attacher des explosifs. L’inconvénient, c’est que les hommes vont souvent « mourir en essayant ».
Tout cela m’a amené à réfléchir au « logiciel » psychologique qui a été implanté dans notre espèce à la suite des adaptations environnementales du passé. Dans l’article consacré aux « épouses de guerre », je suis entré dans les détails concernant le syndrome de Stockholm pour lequel les femmes semblent avoir une propension innée, ce qui les rend logiquement prédisposées à abandonner les investissements émotionnels plus facilement que les hommes. Compte tenu de la brutalité de notre passé sauvage, l’évolution d’une « capacité d’abandon émotionnel rapide » et de « réinvestissement affectif » aurait été un trait de survie précieux pour les femmes (assurant ainsi une perpétuation de l’espèce), cependant, dans le présent, cela sert à compliquer les nouvelles dynamiques sociales en termes de considérations parentales et éthiques.
De même, les hommes ont évolué pour devenir « le sexe jetable » à la suite de ce même passé sauvage. Dans l’environnement d’aujourd’hui, il est très facile pour les hommes de s’indigner au sujet de notre statut de sexe jetable, mais ce n’est pas principalement dû à des influences sociales. Certes, l’influence sociale a certainement exploité la disposition des hommes à se sacrifier, mais la racine de cette capacité (contrairement à celle des femmes) réside vraiment dans notre passé évolutif et dans notre programme biologique. Les hommes ont toujours été jetables – à un tel point que les femmes ont évolué vers des mécanismes psychologiques (épouses de guerre) pour faire face à cette « jetabilité ».
Au fur et à mesure que la socialisation et l’acculturation progressaient, les justifications sociales qui justifiaient le fait que les hommes étaient jetables, progressait aussi. Il est devenu honorable de se sacrifier, ostensiblement pour une plus grande cause, mais subversivement comme un moyen de reconnaissance.
Le martyre est l’expression ultime de la preuve sociale.
Apprécier le sacrifice.
Malheureusement, comme c’est l’impératif biologique des femmes, une fois qu’un homme s’est sacrifié, les femmes cherchent un remplaçant approprié dans la semaine. Je reçois encore beaucoup de réponse sur mon article « appréciation », et, comme on pouvait s’y attendre, la plupart des critiques supposent que mon intention était d’illustrer que les femmes étant inférieures aux hommes en termes d’appréciation sincère des sacrifices que les hommes font pour faciliter la réalité féminine. L’incapacité des femmes à apprécier les sacrifices des hommes n’est pas une question de savoir qui est meilleur, c’est simplement une observation des faits. Ce que je pense que les critiques ne reconnaissent pas, c’est que je me contente simplement de raconter la mécanique que j’observe ; toute critique que les contradicteurs choisissent d’appliquer à ces mécanismes viennent de leurs propres opinions et préjugés.
« Oui Rollo, c’est assez merdique d’apprendre que les femmes ont une certaine capacité innée à « éteindre » leurs émotions pour vous en faveur d’un mâle à la valeur sexuelle plus élevé… ».
Vous avez raison, c’est assez merdique. C’est également un phénomène contraire à l’éthique quand vous considérez la planification impliquée dans la dissociation de l’investissement émotionnel d’une femme en faveur d’un nouvel investissement affectif ; mais toutes ces conditions sociales s’appliquent au mécanisme sous-jacent. Il est également assez merdique de savoir que la vie des hommes a intrinsèquement moins de valeur que celle des femmes – mais nous pouvons appliquer des principes ésotériques d’honneur, de devoir et de courage pour les hommes s’ils se tuent. Nous pouvons aussi appliquer des principes de lâcheté et de trahison aux hommes qui refusent ce sacrifice au profit de l’auto-préservation, mais ce sont là des conventions sociales que nous établissons en tant que culture, et qui ne sont pas « naturelles ».
La « biomécanique » est ce qu’elle est, indépendamment de la peinture sociale avec laquelle nous la colorons. Ce n’est pas tant que les femmes manquent d’une capacité intellectuelle pour apprécier les sacrifices des hommes, c’est que ce n’est pas leur prédisposition psychologique. Les constructions sociales qui disent à une femme de s’attendre au sacrifice d’un homme, qui normalise son martyre, ont évoluées pour mieux dissocier son propre investissement dans ses impératifs biologiques (c’est-à-dire l’hypergamie). Cela signifie que l’évolution l’a préparée socialement et psychologiquement à son sacrifice, et la prépare à passer à un meilleur approvisionnement si cela se présente dans son environnement. De même, la propension des hommes à se mettre en danger est un comportement qui dérive de notre passé ancestral, dans lequel nous étions en concurrence pour des ressources – dans le cas qui nous intéresse ici, la ressource, ce sont les « droits de reproduction ».
Les loups voraces qui déchirent un agneau ne sont pas mauvais ; ils font ce que la nature les a préparés à faire pour survivre. Ce n’est pas pour donner à quiconque, homme ou femme, un « laissez-passer biologique gratuit pour un mauvais comportement », c’est juste pour comprendre d’où ce comportement vient et comment il en est venu à être ce que nous en faisons aujourd’hui.
Source : « The Disposables » publié par Rollo Tomassi le 27 janvier 2012.