« Tu étais en train de regarder cette fille, non ? Tu étais vraiment en train de la regarder ? Et moi, tu ne me regardes pas ? Si tu la préfère, vas lui parler, hein ! ».
Un aspect curieux de la manosphère est sa tendance à faire référence à ce que j’appellerais les « pathologies de l’animal de compagnie ». Il est très facile et réconfortant d’attribuer au syndrome d’Asperger un manque général d’intelligence sociale ou un retard de maturité sociale. Je ne dis pas qu’Asperger n’est pas une pathologie légitime, mais je pense que la fréquence avec laquelle les hommes utilisent cette excuse pour justifier leur maladresse sociale délégitime la vraie maladie. La plupart des hommes betas rapportent souvent un malaise avec les approches et avec la séduction en général en raison de divers degrés d’anxiété sociale, qu’ils ont intériorisé pour la plus grande partie de leur vie.
Donc, c’est une prémisse beaucoup plus simple d’attribuer leur anxiété à un trouble psychologique, plutôt que d’admettre qu’ils ont beaucoup de travail devant eux, dans le désapprentissage des entraves qu’ils ont été conditionnés à croire sur eux-mêmes depuis si longtemps. Je ne dis pas que les hommes (pourquoi est-ce rarement des femmes ?) n’ont pas Asperger, mais je pense qu’une certaine introspection réelle est nécessaire avant de s’auto-diagnostiquer. Une autre névrose qui est attribuée aux femmes dans la manosphère est le « BPD », (Borderline Personality Disorder), soit le « trouble de la personnalité borderline » ou « trouble de la personnalité limite ».
DSM-IV-TR : A pervasive pattern of instability of interpersonal relationships, self-image, and affects, and marked impulsivity beginning by early adulthood and present in a variety of contexts, as indicated by five (or more) of the following: Frantic efforts to avoid real or imagined abandonment. A pattern of unstable and intense interpersonal relationships characterized by alternating between extremes of idealization and devaluation. Identity disturbance: markedly and persistently unstable self-image or sense of self. Impulsivity in at least two areas that are potentially self-damaging (e.g., spending, sex, substance abuse, reckless driving, binge eating). Note: Do not include suicidal or self-mutilating behavior covered in Criterion 5. Recurrent suicidal behavior, gestures, or threats, or self-mutilating behavior. Affective instability due to a marked reactivity of mood (e.g., intense episodic dysphoria, irritability, or anxiety usually lasting a few hours and only rarely more than a few days). Chronic feelings of emptiness. Inappropriate, intense anger or difficulty controlling anger (e.g., frequent displays of temper, constant anger, recurrent physical fights). Transient, stress-related paranoid ideation or severe dissociative symptoms.
J’ai eu du mal à me décider à écrire sur ce sujet, parce dans les relations hommes-femmes actuelles, il est très facile, chez les hommes, d’attribuer ces symptômes à toutes les femmes qu’ils considèrent être des « salopes psycho ». Elle est « folle » au lit… mais elle est aussi folle hors du lit. Je doute qu’il existe un homme, qui fréquente des femmes depuis au moins une décennie, qui n’a jamais rencontré une ou plusieurs névroses énuméré dans le diagnostic, chez les femmes avec qui il est sorti ou avec qui il a eu des rendez-vous.
Le paysage des relations hommes-femmes s’est transformé depuis les 40 dernières années, et la variété des psychoses s’est, elle aussi, développé. Voilà pourquoi je pense qu’il faut distinguer la véritable névrose « BPD » par rapport aux angoisses et insécurités communes des femmes.
Le véritable trouble de la personnalité limite.
J’ai eu une relation longue avec une femme souffrant de troubles de la personnalité, quand j’étais dans ma vingtaine, et je peux vous dire pas expérience, que ce n’est pas drôle et que cela ne doit pas être pris à la légère. Et c’est particulièrement dommageable pour les hommes betas enfermés dans une sorte de « boucle de rétroaction négative » lorsqu’ils sont en couple avec une telle femme, surtout quand ils croient au mythe de l’âme sœur et qu’ils pensent qu’ils sont eux-mêmes la cause de la dépression de leur copine.
Les véritables personnalités troublées arrivent à convaincre progressivement leurs victimes qu’elles sont à l’origine de la névrose. Vous n’êtes pas vous-même, vous êtes ce qu’elle vous demande d’être, et finalement vous arriverez à croire que c’est dans votre meilleur intérêt – voire votre responsabilité – d’être ce qu’elle veut que vous soyez, pour soutenir cette névrose.
Vous abandonnerez progressivement votre famille et vos amis (ou ils vous abandonneront), vous abandonnerez toutes les ambitions et les passions qui vous animent, et vous abandonnerez toute identité authentique et indépendante que vous aviez pour vous-même, tout cela parce que ce sont des menaces pour le récit névrosé qu’elle construit pour elle-même et sur lequel elle vit.
Elle récompensera votre conversion à sa psychose avec une récompense intermittente de sexe totalement fou, mais c’est tout simplement un renforcement pavlovien pour vous garder enfermé dans son récit. Le « vous » que vous connaissez cessera d’exister et le personnage qu’elle crée pour vous prendra le relais. Cela est particulièrement vrai pour les hommes betas qui voient leur copine possédant un tel trouble comme leur meilleure, leur seule option, pour une perspective romantique à long terme. Elle est une 9/10 (pour lui) et il n’a jamais baisé mieux qu’une 5/10 dans toute sa vie, de sorte que le risque de perte catastrophique est réel et toujours présent dans son esprit. C’est le destin qui les a réunis, et s’il ne peut ne serait-ce qu’aider à apaiser ses craintes, ils peuvent vivre heureux pour toujours.
Dans les dernières étapes d’une relation avec une personne ayant de tels troubles vous arriverez au point où le fait qu’elle s’amuse à vous tromper ouvertement deviendra une situation acceptable. Vous pensez que vous allez atténuer la situation en négociant un certain statut de « relation ouverte » (ou « relation libre ») avec elle. Vous intériorisez le raisonnement selon lequel « négocier son désir » est préférable à « la perdre ». Vous penserez qu’une relation ouverte signifie que vous êtes tous les deux libres de baiser d’autres parties, alors qu’en réalité c’est la seule façon de rationaliser pour vous-même le fait qu’elle va aller baiser d’autres gars, et vous allez l’accepter parce que vous êtes enfermé dans sa névrose. C’est de ta faute si elle se sent obligée de baiser d’autres mecs, et tu le croiras.
Cela, ou la simple idée que vous puissiez être intéressé par le sexe avec une autre femme va l’envoyer dans des accès de jalousie, de rage histrionique. Vous vivez dans la peur. Vous avez peur qu’elle se suicide si vous la quittez (une menace tacite classique), mais croyez-moi sur ce point, ce sera vous qui vous suiciderez bien avant qu’elle n’y pense. J’ai personnellement connu deux hommes qui ont fait exactement cela, et un autre qui s’est pendu à la suite d’une relation avec une femme ayant des troubles de la personnalité limite.
Je sais que la plupart des amis que vous avez encore vont tout simplement vous dire de la quitter, et passer à autre chose, mais votre vie dépend littéralement de ça. Il est essentiel à une femme névrosée de vous couper de toute relation et de toute perspective externe à votre relation. Finalement, vos amis et votre famille abandonneront le « nouveau vous ».
Et je dois ajouter ceci : quand et si vous rassemblez assez de courage pour la quitter réellement, attendez-vous à un changement complet dans sa mentalité et son comportement. La seule chose qu’une névrosée déteste plus que sa victime, c’est l’idée d’avoir à en attraper une autre. Il y a beaucoup d’autres idiots beta prêt à remplir ce rôle, mais le confort et la prévisibilité facile que vous représentez pour elle dans le présent, construit une dépendance émotionnelle. Les névrosées se battront comme des animaux sauvages pour ne pas perdre leur victime, alors attendez-vous à une explosion dont l’intensité est inimaginable.
Pour un gars habitué à son comportement névrotique, sa première impression sera est qu’elle opère un changement réel pour lui afin « d’améliorer la relation ». Ce n’est pas vrai, mais le changement dans son comportement est si radical que vous serez convaincu du contraire, et vous allez douter de sa tromperie, en particulier lorsque vous n’avez pas d’autres options et que vous croyez que vous ne ferez jamais mieux qu’elle.
Source : « Borderline Personality Disorder » publié par Rollo Tomassi le 20 janvier 2012.
Illustration : Dark Indigo.