Fémino-centrisme.

Mon intention, avec l’article d’hier, était d’illustrer la façon dont la réalité dans laquelle nous trouvons que les choses sont « normales » est en fait soumise à l’influence du fémino-centrisme. Dans toutes les ethnies, et dans toutes les couches sociales, cette influence est tellement présente dans la culture, les lois, les médias, le divertissement, et s’étend de notre conscience sociale collective jusqu’à notre psychisme individuel, que nous prenons cette influence pour acquise. Je me rends compte que c’est une pilule difficile à avaler, parce que l’impératif masculin coïncide en fait avec l’impératif féminin en fonction des objectifs mutuels. Cependant, le fait est que le cadre opérationnel, la réalité dans laquelle nous fonctionnons, est défini par le féminin.

Je me souviens d’avoir pris conscience de cela la première fois que j’ai regardé un sitcom populaire à la télévision, avec un regard critique. Il n’y avait tout simplement pas d’acteurs ou de rôles masculins positifs dans n’importe quelle scène, et chaque homme était ridiculisé pour sa masculinité. J’ai ensuite pris conscience de cela dans d’autres aspects de la société ou des médias. La féminisation était partout, mais je ressentais une sorte de culpabilité intérieure à penser cela, ce qui a entravé mon retrait de la matrice. 

Je me souviens que je me sentais coupable de me sentir offensé par le fait que je remarquais cela. J’ai eu honte de moi-même de penser que, peut-être, les choses n’étaient pas aussi « normales » que les femmes voudraient me le faire croire. Ce que je ne comprenais pas, c’est que cela faisait partie de mon conditionnement : intérioriser un sentiment de honte lorsque je remettais en question cette « normalité ». Beaucoup d’hommes ne passent jamais au-delà de cette programmation et ne se débranchent jamais. C’est tout simplement trop ancré dans la façon dont ils se voient eux-mêmes, leurs conditionnements deviennent leurs personnalités, et le conflit interne qui en résulte les incitera à nier les réalités déplaisantes, et parfois à combattre activement les hommes qui questionnent la normalité dont ils ont besoin pour exister. 

Une fois que j’avais passé cette honte, j’ai commencé à remarquer d’autres modèles et d’autres conventions sociales qui favorisent ce fémino-centrisme. De la rédaction des lois sur le divorce aux définitions juridiques du viol, en passant par la partialité dans la conscription militaire (il n’y a que les hommes qui meurent à la guerre) et jusqu’aux moindres détails des conversations sur le lieu de travail, j’ai commencé à réaliser à quel point cette influence était immense sur nos existences. 

Observer le cadre.

Récemment, j’ai écouté un talk-show de « radio conseils » dans lequel une femme avait appelé l’animateur alors qu’elle était dans la détresse émotionnelle en ce qui concerne ses actions auprès de son mari. Apparemment, elle était sortie avec l’homme pendant un an ou deux avant le mariage et ils étaient d’accord sur le fait que ni l’un ni l’autre ne voulait des enfants, et cela dès le début de la relation. Avant le mariage, c’était donc convenu : pas d’enfants, jusqu’à ce qu’au bout d’un an de mariage, la femme avait secrètement « oublié » la pilule et avait fait des efforts délibérés, dans ses activités sexuelles avec son mari, afin de concevoir. Le problème, c’est qu’elle ne tombait pas enceinte. Ce n’est que plus tard que l’homme a avoué qu’il avait subi une vasectomie afin de ne pas risquer d’avoir des enfants avec n’importe quelle femme avec qui il couchait.

L’indignation qui s’ensuivit ne s’adressait pas à la duplicité admise de la femme et aux efforts clandestins qu’elle faisait pour tromper son mari en lui faisant croire qu’elle avait eu une grossesse accidentelle, mais plutôt, tous les feux de l’enfer étaient concentrés sur la prétendue tromperie de cet homme à son égard. Cela sert d’excellent exemple sur la façon dont la réalité féminine contrôle nos vies. Aucune réflexion n’a été formulée sur la motivation de la femme et ses mesures désespérées pour atteindre son impératif sexuel, parce que l’impératif féminin est considéré comme l’objectif NORMAL. L’impératif existentiel d’une femme, son bonheur, son contentement, sa protection, son approvisionnement, son autonomisation, littéralement tout ce qui profite au féminin, n’est pas seulement encouragé socialement, mais dans la plupart des cas, c’est même prescrit par la loi. Ironiquement, la plupart des médecins exigent le consentement écrit d’une femme pour effectuer une vasectomie sur un homme marié ; non pas en raison d’un mandat, mais plutôt pour éviter des représailles légales et des dommages-intérêts demandés par la femme. De gré ou de force, l’impératif d’une femme est l’impératif NORMAL. 

Certains diront qu’il n’en a pas toujours été ainsi, et que dans certaines périodes, les femmes ont été réduites à être considérée comme une propriété, comme le bétail. Bien que cette idée puisse avoir un certain mérite, je dirais que la perpétuation de cette notion sert encore mieux la nouvelle réalité féminine, en favorisant un besoin de reconnaissance du statut de victime, et donc un besoin de restitution. La vérité est que même les partisans les plus ardents de la réconciliation d’un « passé patriarcal » fonctionnent encore dans l’intérêt féminin. Mis à part les sultans et les empereurs, très peu d’hommes n’ont jamais vraiment « possédé » une femme.

Révolution sexuelle.

Je suis entré dans un débat hypothétique avec un ami en ligne quant à ce que cela signifierait pour l’humanité (et pour la masculinité en particulier) si une nouvelle méthode de contrôle des naissances était développée, avec la capacité spécifique et unique de permettre aux hommes de contrôler la conception avec le même degré d’intensité que les femmes, lorsque celles-ci eurent droit à la contraception hormonale dans le milieu des années soixante. J’ai trouvé cette idée intéressante, que l’effort humain pouvait créer une contraception fiable pour les femmes dans les années 60, et qu’en 2011 nous pouvions cartographier le génome humain, et pourtant, nous ne pouvons pas encore permettre aux hommes d’accéder au même degré de contrôle des naissances. Pourquoi ?

Pour répondre simplement, parce que l’impératif féminin ne le permettra pas.

Imaginez les dommages sociaux et économiques à l’infrastructure féminine si Prométhée pouvait donner un tel feu aux hommes ? Imaginez que l’équilibre de contrôle vire de nouveau vers le masculin ; imaginez un instant que les hommes puissent avoir littéralement le choix exclusif de remplir la stratégie sexuelle d’une femme, ou non.

La conversation s’est enflammée. On ne pourrait jamais faire confiance aux hommes avec un tel pouvoir ! Sûrement ! Certainement ! L’humanité en viendrait à une fin grinçante et apocalyptique si la stratégie sexuelle féminine était contrecarrée par une contraception masculine fiable. Les sociétés seraient perdues, les populations seraient amoindries, et la famille nucléaire serait remplacée par un néo-tribalisme dicté par les stratégies sexuelles des hommes. Honnêtement, on pourrait penser que la contraception masculine aurait le même impact sur le destin de l’humanité que l’invention de l’arme atomique. La masculinité ridicule, perverse, pathétique et endémiquement juvénile, que 50 ans de féminisation ont combattu, ne peut pas, ne doit pas gouverner l’humanité, on ne peut faire confiance aux hommes s’ils ne font que poursuivre l’impératif inné de leur sexe.  

Et pourtant, c’est précisément le pouvoir qui a été remis entre les mains des femmes dans les années 1960 et qui demeure aujourd’hui. La menace que représente la contraception masculine pour l’impératif féminin consiste à savoir quelle est la stratégie sexuelle qui sera la norme. La stratégie mâle ou la stratégie femelle ? Avant l’avènement de la contraception hormonale exclusivement réservée aux femmes et à la révolution sexuelle qui en a résulté, les règles du jeu entre les sexes étaient équitables, sinon légèrement en faveur de la masculinité, en raison du fait que l’approvisionnement des hommes était un facteur de motivation chez les femmes qui voulaient obtenir la satisfaction de leur propre impératif de genre. La prophylaxie en latex était disponible dans les années 40, ce qui a peut-être donné un léger avantage aux hommes, mais les deux parties connaissaient et acceptaient les conditions de leur activité sexuelle au moment de la copulation.

Une fois que le contrôle des naissances exclusivement féminin était pratique et disponible et bon marché, le contrôle est passé à la primauté féminine. L’impératif de la femme est devenu l’impératif normalisé, normal, correct. L’impératif sexuel masculin n’est devenu qu’un moyen d’atteindre l’impératif féminin, et maintenant le contrôle a été fermement placé en faveur de l’hypergamie féminine. Que ce soit dans les pays en développement ou dans les premières nations du monde, il incombe aux femmes de diriger le cours de l’humanité, et la réalité féminine a évolué vers ce qu’elle est aujourd’hui.


Source : « Fem-Centrism » publié par Rollo Tomassi le 21 décembre 2011.

Illustration : Photo de Suzy Hazelwood