Le paradoxe de l’engagement.

Avec l’aimable autorisation de « Post Secret » cette semaine.

Le concept d’engagement est d’une utilité fantastique pour les femmes. Les hommes peuvent être simultanément moqués pour ne pas s’en tenir à un engagement qui leur profite, et être moqués pour adhérer à un engagement qui ne leur profite pas. La convention sociale est tellement développée qu’il existe même un terme pour cela – « engagement-phobique » ou « engago-phobe ». 

Il y a un contrôle intéressant du message ici : le principe de l’engagement est centré sur le féminin. L’idée c’est que l’engagement ne devrait avoir de sens que dans une réalité définie par le féminin. Ironiquement, ce sont les hommes qui s’engagent beaucoup plus facilement dans les idéaux de la Famille, de l’Armée, des Entreprises commerciales et des partenariats, et les sacrifices que les hommes font ne sont pas appréciés et reconnus par les femmes parce que cela ne sert pas leur impératif. En d’autres termes, un engagement envers quelque chose qui ne profite pas directement au féminin n’est pas un engagement. Réponse ? Redéfinir l’engagement pour que celui-ci reflète les intérêts des femmes. 

Chaque fois que j’entre dans un débat sur l’infidélité (généralement du point de vue masculin), cela devient un débat sur le caractère immoral / amoral / moraliste d’un ménage à trois. Je me demande ce qui est l’impératif le plus « moral » : rester fidèle à votre engagement légal envers votre conjointe, en dépit d’une relation sans amour, sans passion, sans sexe, ou de rompre cet engagement afin de poursuivre l’obligation que vous vous devez à vous-même en tant qu’homme supérieur méritant un meilleur partenaire de qualité ? 

Qu’est-ce qui a la priorité morale, un engagement envers soi-même ou un engagement envers le mariage ? Vous voyez à contrario qu’il est facile d’agiter le drapeau de la justice quand la question relève d’une dichotomie « bien » contre « mal ». C’est beaucoup plus difficile quand la question relève d’une dichotomie entre « juste » et « juste ». Je n’ai aucun doute que toutes les réponses à cela seront entièrement circonstancielle, rationalisé, et dépendent de ce que vous décidez pour vous-même, mais pensez-y un instant dans les termes suivant : ce que l’on doit sacrifier dans un type d’engagement pour l’autre type.

Tout ce à quoi vous ne pouvez pas répondre « non » est votre maître, et fait de vous un esclave. 

Il s’agit d’un argument facile pour les arguments moraux, ou il y a un « bien » clairement défini et un « mal » tout aussi bien défini, mais par cette définition, l’engagement ne fait-il pas de vous un esclave par défaut ? Si, par les circonstances d’un engagement, vous ne pouvez pas, au sens figuré, dire « non » à cet engagement (ou à cause de cet engagement), n’êtes-vous pas alors un esclave ?

Vous pouvez même retirer le mariage de l’équation : si je suis dans une relation longue durée avec une copine et qu’au cours de cette relation, je me rends compte qu’elle n’est pas ce que je recherche (pour un certain nombre de raisons, pas seulement le sexe), même si elle est fidèle à 100 %, devrais-je rompre cet engagement ? Si je le fais, suis-je un homme immoral pour avoir rompu cet engagement, indépendamment de la façon dont je le brise ? L’engagement envers mon bien-être personnel et mon bonheur futur devrait-il être compromis par un autre engagement ?

Quelle est mon obligation : me négliger en faveur d’un mauvais engagement ou me négliger en faveur du principe de l’engagement lui-même ?

Mon avis est que l’engagement « devrait » se faire en fonction d’un désir authentique. Idéalement, un engagement devrait être quelque chose de si passionné que la limitation de nos propres possibilités futures qui découlent de cet engagement est regardé comme un échange équitable et mutuellement apprécié. C’est malheureusement rarement le cas pour la plupart des gens, dans n’importe quelle forme d’engagement, parce que les personnes, les circonstances, les possibilités et les conditions sont toujours en mouvement. Un engagement qui avait été considéré comme un sacrifice équitable à un moment donné peut devenir débilitant 5 ans après, selon les circonstances.

Donc ce que je veux dire, c’est où tracez-vous la ligne ? Les gens deviennent fous si je suggère qu’un homme devrait quitter une fille qui est manifestement en train de l’utiliser, et puis deux commentaires plus bas, ces mêmes hommes disent que c’est l’obligation des hommes de vérifier l’attachement de leurs copines en « s’éloignant » de celles-ci. Si je n’ai qu’une vie à vivre, et du temps précieux à dépenser, qu’est-ce qui est le plus important : un engagement envers soi-même pour apprendre à sécuriser les meilleures options possibles pour toute une vie ? Ou une vie consacrée à s’engager au principe même de l’engagement, quitte à faire tous les sacrifices ? 

Dans la communauté [et sur les trois étendards] nous disons et répétons effrontément aux jeunes hommes de se consacrer à l’amélioration d’eux-mêmes, ils doivent chercher et accomplir ce qui est le mieux pour eux, c’est-à-dire s’engager envers leur propre cause d’une manière aussi positive que possible. Je dirai que le désir sincère est un précurseur nécessaire à l’engagement, mais en préconisant l’amélioration de soi, ne rendons-nous pas un mauvais service aux hommes si nous leur conseillons de ne pas s’engager ? Qu’est-ce qui est le mieux ? Etre un martyr de l’engagement chevaleresque, ou se dévouer indéfectiblement à soi-même ? Ne devrions-nous pas tenir les hommes betas en haute estime lorsqu’ils sacrifient leurs vies et leur avenir de façon désintéressée à la fille de leur rêve, alors que celle-ci ne donnera jamais ma réciproque et demeure incapable d’apprécier les sacrifices que l’on fait pour elle ? Nous appelons ces hommes des idiots, mais il faut leur reconnaître une véritable dévotion au principe de l’engagement. Vous ne pouvez pas douter de leur dévouement à leurs convictions, mais en définitive ce dévouement est malavisé. [demeurez dévoué envers vous-même]. 


Source : « The Paradox of Commitment » publié par Rollo Tomassi le 29 novembre 2011.