Blâmez la révolution sexuelle, pas les hommes.
Mona Charen a fait une critique très concise sur les confessions de Kate Bolick : « All the Single Ladies ».
Je ne dirai pas que je n’admire pas Mona pour avoir eu le courage d’écrire une critique peu favorable ; en particulier concernant la critique qui blâme la féminisation, qui cherche avec enthousiasme à réinventer ses propres conventions sociales afin de rationaliser les déboires d’après-mur, le genre de déboire que ressent justement une femme comme Bolick. Cependant, est-ce que quelqu’un est vraiment surpris que ce soit maintenant les femmes qui reçoivent de la reconnaissance publique pour avoir découvert les principes psychologiques et sociologiques et la dynamique sur laquelle la manosphère écrit depuis plus d’une décennie maintenant ?
Je suis heureux de voir que ces concepts obtiennent de la publicité, mais il n’y a qu’une femme qui puisse écrire cela sans subir des accusations infondées de misogynie. C’est l’environnement dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui. Je ne doute pas que madame Charen recevra sa part de haine venant de personnes qui ne distinguent plus leur Ego de leurs idées et qui pensent défendre l’un alors qu’ils défendent les autres, mais au moins, la critique est dite. Aucun homme ne pourrait écrire cette critique et être pris au sérieux, et c’est là que réside le danger chez les femmes qui cooptent les messages que la manosphère compile depuis maintenant douze ans. L’environnement est tel que tout avis critique d’un homme est immédiatement suspect de misogynie, ou alors cela se transforme en attaque personnelle, cependant, drapez ce message dans une perspective féminine, jouez à Mme Doubtfire, et vous pourrez au moins atteindre le public avec cette manière détournée.
Il n’est pas surprenant que ce contenu du message soit perdu pour la plupart des femmes. Qu’une femme puisse adopter le point de vue d’un homme est quelque chose de nouveau, quelque chose qui mettrait une telle femme à part, toutefois, il est important pour les hommes de comprendre que discours positif et « pro-homme » en provenance d’une femme est quelque chose qui est quand même enraciné dans la réalité féminine. Dans le monde des filles, ce qui profite directement aux femmes est nécessairement présumé bénéficier aussi aux hommes, donc ce que nous voyons c’est une nouvelle vague de bloggeurs féminins vulgariser les idées portées par la manosphère et les reconditionner dans un contexte féminin. C’est le piège 2.0 : faire un effort symbolique pour « re-responsabiliser » les hommes, juste assez pour qu’il puisse idéaliser un romantisme dans lequel leurs missions consistent à être à la hauteur des attentes des femmes.
Une illustration majeure de ceci peut être trouvée dans le christianisme évangélique d’aujourd’hui. Comme tant d’autres aspects dans la culture chrétienne, ils sont heureux d’utiliser la popularité d’un phénomène séculaire et de le reconditionner comme « casher », la manosphère ne fait pas exception. Des hommes comme Mark Driscoll et quelques autres nouveaux pasteurs évangéliques ont adopté certaines causes masculinistes pour se les approprier, afin de demander le retour des hommes dans leurs rôles traditionnels de servants de l’impératif féminin. C’est bien sûr un appel écrasant pour les hommes enclins à devenir des chevaliers blancs, mais cette stratégie est toute aussi malhonnête que lorsque c’est une femme qui cherche à écrire des propos « pro-hommes » – ces pasteurs utilisent encore le monde des femmes comme référence : l’impératif féminin se doit de définir les perspectives des hommes.
Je me souviens douloureusement, encore une fois, de la façon dont les femmes croient qu’elles sont la seule autorité durable et les arbitres irréfutables de tout ce qui a à voir avec les relations personnelles. Elles continuent de contrôler le langage de toute relation. Il suffit de regarder tous les fils de commentaires concernant les articles de « conseils » sur les relations, le couple, etc. Chaque réponse féminine est écrite à partir d’une position d’autorité. Les mêmes femmes qui ne peuvent pas articuler quoi que ce soit d’informatif dans d’autres contextes peuvent écrire des volumes absolus sur les règlements relationnels, l’étiquette, les formalités et la façon dont c’est l’honneur des hommes que de se conformer à leur réalité, le tout dans le moindre commentaire.
Nous sommes acculturés dans un monde où le « bon sens » est de présumer que la dynamique sociale doit TOUJOURS par défaut être soumise à un impératif féminin. Essentiellement, tout le monde, homme ou femme, devrait être d’accord avec toute dynamique sociale qui profite au féminin. Sans même une réflexion après coup, vous êtes saturé d’information sur ce qui bénéficierait à un cadre féminin et à un idéal féminin. Pour l’esprit féminin (des femmes et des hommes féminisés) c’est juste la façon dont le monde est.
Les hommes ne sont que des facilitateurs d’une réalité féminine.
Source : « Could a Man have written this ? » publié par Rollo Tomassi le 8 novembre 2011.
Illustration : Deepak Mahajan.