Je sais, je sais, cette dichotomie entre le « brave type » et le « salaud » a déjà été expliquée à plusieurs reprises, mais je viens de faire une consultation pour un jeune homme, et j’ai pensé que vous pourriez avoir envie de lire mon point de vue à ce sujet. Je pense que l’une des plus critique les plus faciles sur la pilule rouge consiste à s’attaquer à la terminologie. Il est beaucoup trop facile d’appliquer des définitions subjectives à des archétypes comme « brave type » ou « salaud ». La critique standard est toujours la même : « alors, je dois me comporter en parfait salaud tout le temps, sinon les filles ne seront pas attirées par moi ? Eh bien ! Dans ce cas-là, ne compte pas sur moi ! ».
Vous pouvez passer au crible un certain nombre de pages de forum sur les conseils que j’ai offerts, et vous me trouverez en train de dire à de jeunes hommes : « entre en contact avec ton salaud intérieur ». Toutefois, dans aucun de mes messages, je n’ai jamais conseillé de devenir en fait un salaud. Les deux questions les plus fréquentes que l’on me pose sont : « Pourquoi les filles aiment-elles tant les connards ? » et « Comment sortir de la zone d’amitié ? ». Ces deux éléments illustrent différentes extrémités d’un spectre. Essayez d’y penser de cette façon : sur une extrémité du spectre, vous avez le « salaud » – il est odieux, un vrai connard, à la frontière de l’abus, mais les femmes affluent vers lui en masse. A l’autre extrémité du spectre, nous avons l’ultime « brave type », le « gars sympa », le « bon ami », qui incarne tout ce que les filles disent souhaiter, afin d’avoir accès à leur intimité, et il a intériorisé ce conditionnement à un tel point qu’il en devient un paillasson, qu’il l’a intégré dans sa propre personnalité. C’est le type qui va passer d’innombrables heures au téléphone pour jouer à « l’ami » d’une fille, ou qui va dépenser des fortunes en cadeaux pour elle, afin d’acheter son approbation.
Je pense qu’il est important de regarder les racines de ces concepts de « salaud » et de « brave type ». N’oublions pas que ces caractérisations existent parce que les femmes ont inventé ces termes et ces classifications selon leurs propres évaluations communes. Les femmes ont défini ces termes, les hommes ont fait des associations à partir de ces termes. Maintenant, nous avons tendance à les voir comme des caricatures ou des parodies : le salaud abusif et pervers-narcissique qui bat sa femme, ou le parfait petit paillasson sans personnalité toujours poli et timide. Ce sont deux extrémités extrêmes du spectre et lorsqu’on les considère franchement, on constate que l’erreur qui a été commise c’est de les penser en termes binaires, « c’est tout ou ce n’est rien ».
« Alors, je dois être davantage un connard alors ? Eh bien, je ne suis pas comme ça », dit l’idiot frustré par ce qu’il interprète comme étant de la duplicité de la part des femmes, dans leurs mots et leurs actions, mais il manque l’idée principale. Le problème, c’est que si vous pensez à un point central entre le « type sympa » et le « parfait salaud », les hommes pencheront plutôt (et même majoritairement) vers le « type sympa ». C’est là que se trouve les principales mauvaises conceptions que les hommes entretiennent vis-à-vis des femmes : « Entrez en contact avec votre côté féminin, croyez les mots des femmes et non pas leurs actions ». C’est ce à quoi les femmes sont habituées parce que c’est très fréquent, et les femmes encouragent de côté du spectre parce que cela convient mieux à l’impératif de leur genre.
Le vrai « salaud » extrême est aussi rare que le vrai « brave type », il est donc nécessaire de regarder les choses par ordre de degrés. La plupart des hommes sont des hommes « betas ». Ils optent pour le côté agréable, accommodant, suppliant, du spectre. Pour la majorité, ils ont été socialement conditionnés à diminuer toutes les impulsions masculines en faveur de l’accommodement et de l’identification avec les impératifs des femmes (ou en tout cas, avec ce qu’ils croient savoir sur leurs impératifs). Cet exactement cet état d’esprit, ce petit défaut « beta » à l’extrémité « sympa » du spectre, auquel 85 % des hommes adhèrent, et qui rend le « salaud » à l’autre extrémité du spectre si attrayant.
Oui, la confiance et l’indifférence sont des traits Alpha, mais dans un monde inondé de gars sympa prêt à offrir un verre aux belles filles, c’est le type « qui s’en fout » qui se démarque et se détache de la masse et apparait comme un vrai partenaire sexuel potentiel. C’est justement le conditionnement des 50 dernières années qui fait du côté sympa le « côté par défaut ». Cela ne signifie pas que tous les mecs sympas sont des chevaliers blancs pathétiques sans colonne vertébrale et rampant au pied de toute fille sur qui ils opèrent une cristallisation. Mais il faut dire que, par comparaison, et parce que la tendance écrasante consiste à « être sympa », il suffit qu’un homme penche marginalement du côté du salaud pour se faire déjà un peu remarquer, et en devenant par-là déjà plus attrayant, simplement par dissociation.
Un tel homme devient alors attrayant à deux niveaux, le premier étant celui de l’alpha rudimentaire, à un niveau presque biologique, c’est le mec décisif, qui contrôle, confiant, et qui par son attitude ne se soucie pas de ce qu’une femme pense de lui parce qu’il se rend compte (dans une certaine mesure) que sa valeur vient du fait qu’il a des options. Le second niveau vient de la différenciation, dans lequel l’homme qui est très légèrement un salaud devient visible là où les autres hommes sont transparents. Il est « remarquable » (c’est-à-dire remarqué), et cela aussi fait de lui un homme digne de la concurrence féminine, ce qui renforce justement son sentiment d’avoir des options. Il n’est pas un agresseur, il n’est pas un manipulateur en soi, mais il tend à promouvoir ses propres intérêts avant tout (même s’il peut se contenter d’être seulement très légèrement égoïste), ce qui le rend attirant pour les femmes.
Maintenant, l’ironie de tout cela, c’est que l’homme standard frustré pense cette situation à l’envers. Il pense que le « type bien », le « gentil » est une anomalie dans un océan de salaud. Et bien sûr, il croit cela parce que c’est ce dont parlent les filles ; à quel point leurs petits amis sont des « connards » et à quel point elles trouvent qu’il est gentil pour être un si bon auditeur. Ainsi, l’image que le brave type se fait de lui-même est validée et il croit alors qu’il est unique et précieux parce qu’il n’est « pas comme les autre gars », et il pense que sa patience et sa « sensibilité » finiront par payer – une fois que la fille qu’il désire se sera bien amusée avec le mauvais garçon…
Un « nouvel ordre mondial » de salaud.
Une critique souvent formulée consiste à dire que les « mecs sympas » vont prendre ces mots au pied de la lettre et devenir tous d’odieux connards intolérables. Il y a une peur que cela engendre une nouvelle génération de petites frappes arrogantes qui ne se comportent pas naturellement et qui jouent un personnage rien que dans le but de draguer. Je comprends cette crainte de voir une masse d’hommes pencher radicalement leur personnalité vers l’extrémité du spectre consistant à être un salaud, tel que cela est dit par la communauté de la séduction ou la communauté des défenseurs des droits des hommes. Permettez-moi d’être le premier à dire que ces craintes ne sont pas fondées. Les hommes ne cherchent pas des infos sur la communauté, dans les blogs ou les forums parce qu’ils obtiennent trop de rendez-vous avez les femmes en essayant d’être archétypalement gentils. En fait, on observe que les hommes qui sont, disons, plus « égocentriques » baisent plus que les autres, à tel point qu’il y a une section entière du forum SS qui est consacrée à cela, cela me porte à croire que le changement de paradigme vers le mauvais côté du spectre n’est pas un phénomène qui risque d’arriver et que tout le monde devrait craindre. Les gentils gars, par définition, ne parviennent que très difficilement à agir comme des salauds, et parviennent encore moins à transformer leur personnalité pour devenir un connard.
La plupart des hommes préféreraient tendre vers le côté « salaud » du spectre, si possible, en supposant qu’ils acceptent que les choses ne sont pas comme ils le croyaient précédemment. L’état d’esprit le plus commun pour les hommes « beta », c’est de s’attendre à ce que les femmes les apprécient pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des hommes gentils, fiables, qui se sacrifieraient pour chaque femme, c’est ce que leurs mères leurs avaient demandé de devenir. Il est beaucoup plus facile de croire que le monde devrait changer pour vous, plutôt que d’accepter la vérité : vous devez vous améliorer pour obtenir les choses que vous voulez. C’est le chemin de l’homme paresseux que de disqualifier ou déprécier les choses qu’il désire désespérément, alors qu’il n’a pas la motivation pour les obtenir. Ainsi, la très belle « femme de qualité » qu’il désirait, devient soudainement une « salope » après qu’elle l’ait rejeté. La « vraie » fille devait l’aimer / le désirer inconditionnellement « pour ce qu’il est », alors qu’il devrait se forcer à s’améliorer, ce qui, dans son cas, implique qu’il devienne le salaud qu’il a appris à détester. La plupart des gens résistent à devenir ce qu’ils détestent, même si le changement peut leur être salutaire.
Nous ne devrions pas nous inquiéter des conséquences sociales qui résulteraient d’une conversion massive de « chic type » en « salaud », nous devrions déjà commencer à les rendre conscients. Le fait de créer un « salaud de bonne foi » est, il me semble, un compromis décent.
Source: « The Nice Guy – Jerk Spectrum », publié par Rollo Tomassi le 30 septembre 2011.
Illustration : Elti Meshau.