Vertu.

Chaque fois que j’écris un post particulièrement incendiaire ou un commentaire sur un forum pour râler sur les croyances dans lesquelles les gens ont investi leur Ego, l’une des premières accusations que je m’attends à voir, c’est un appel au moralisme. Je peux généralement identifier un sujet important, si la réponse que j’obtiens lorsque j’expose une vérité désagréable, est une remise en question de mon bon sens ou de mon éthique. A plus grande échelle, je constate qu’il y a beaucoup de chevaliers blancs et de femmes investies dans l’éthique, qui se contentent de faire appel à des arguments « élevés » lorsqu’ils sont confrontés à des observations simples qui remettent en question ce qu’ils croient – et ils supposent toujours que tout le monde croit aux mêmes valeurs « métaphysiques » qu’eux-mêmes. 

Les gens qui ont des questions ne me font pas peur, ce sont les gens qui n’en ont pas qui m’effrayent au plus haut point. 

Je n’ai pas nécessairement de problèmes avec les principes, la morale, ou l’éthique en soi, mais j’ai un problème avec les hommes qui s’accrochent à des principes simplement parce qu’ils n’ont pas d’autres options pour se donner une perspective plus large sur ce qu’ils voient. 

Ils font de la nécessité une vertu.

Par exemple, vous dire à vous-même que vous restez (conditionnellement) célibataire afin de tenir un idéal élevé, c’est simplement pour justifier votre absence d’options valables. Si vous ne baisez pas, il semble prudent de vous convaincre vous-même ainsi que les autres, que c’est volontaire, que c’est votre plan. C’est une façon de « gagner » en ne faisant rien. 

Et c’est inattaquable. Je ne doute pas du mérite des convictions d’un homme quand rien n’est à prouver. J’ai lu beaucoup d’hommes qui remettent en question les mérites du « jeu ». Certains le rejettent totalement ou professent un certain désir de « sortir du jeu » afin de rationaliser leur incapacité à adopter un nouvel état d’esprit, plus productif, pour eux-mêmes. Habituellement, cela s’accompagne d’une certaine « vision » quant à la façon dont ils se sont développés, ils ont baisé plein de « femmes de mauvaise qualité », et ont maintenant une grande estime d’eux-mêmes – tout en laissant entendre que ceux qui sont encore « dans le jeu » n’ont pas encore eu assez d’expérience – et se sont donné la « permission » de quitter le jeu en s’installant avec une fille dans une monogamie béate. Ils ont finalement grandi et font « la bonne chose ». C’est comme toutes les fins de comédies romantiques – il est une sorte de « bâtard avec un cœur en or » qui a rencontré la « bonne » femme qui a fait ressortir le « bon » en lui. Pour les femmes, cette autojustification fait généralement partie intégrante de la phase d’épiphanie, mais pour les hommes, c’est une façon de signaler sa vertu en suivant le script. 

N’importe qui passerait pour un idiot s’il essayait de vous convaincre de ne pas être moral – de laisser tomber votre intégrité et de vous humilier – mais c’est la raison pour laquelle les appels au moralisme sonnent toujours bien. Etre résolu est une chose admirable, mais tant que votre vertu n’est pas testée, elle n’est qu’une excuse qui vous vas bien. Les types qui ont des harems ne font pas d’annonce sur la façon dont ils renoncent à tout cela en faveur d’une seule femme de qualité. Il n’y a pas d’auto-persuasion, ils se contentent d’agir, sans aucune fanfare et sans la recherche d’approbation des autres.  

De mon expérience, je constate que les hommes qui sont les plus bruyants quant aux mérites de l’estime de soi et de l’intégrité personnelle lorsque ces deux éléments doivent l’emporter sur l’expérience sexuelle, sont aussi les hommes qui n’arrivent pas à « brancher » avec une fréquence élevée. Rappelez-vous : un sacrifice n’est significatif que lorsque vous avez réellement quelque chose de pertinent à perdre.

Les arguments que ces hommes aiment dire sont généralement basés sur des truismes communs, que très peu de gens vont contredire – et ils le savent. Nous aimons tous penser que posséder une certaine forme de maîtrise de soi est une chose admirable, en particulier en ce qui concerne nos impulsions de base, mais pour autant, même si nous nous glorifions nous-même pour notre résistance, le fait demeure que nous sommes quand même motivés par nos impulsions. Je ne connais personne qui souhaite s’identifier à l’homme qui est « conduit par le sexe » – le type qui laisse son sexe dominer sa pensée – et certainement, aucun homme trouverait de l’estime dans le fait d’être dirigé par sa libido, cependant, les forces physiques et biologiques qui motivent sa libido sont bien réelles.  

Une prose fleurie ne fait pas d’une anecdote personne une vérité universelle. Il est intéressant d’observer un homme qui se vante d’avoir pris la « pilule violette » fondera son estime personnelle sur sa vertu, tout en reconnaissant que coucher avec une « femme de valeur » est une victoire. Il a raison, n’est-ce pas ? 

Je trouve cela intéressant quand j’entends des « appels à la justice » sous la forme du dénigrement des expériences des hommes (sexuelles ou autres), par lequel on les caractérise comme des hommes de faible valeur parce qu’ils seraient censés compenser un échec intérieur ou un besoin de « validation » personnelle. Un truisme commun est la présomption qu’un homme qui a connu beaucoup de femmes dans son passé doit, en quelque sorte, avoir voulu baiser pour s’impressionner lui-même et impressionner les autres. Honnêtement, je n’ai jamais connu d’homme qui n’a pas aimé le sexe pour le sexe. Lorsqu’on considère la difficulté que les hommes rencontrent lorsqu’ils couchent juste avec une poignée de femmes au cours de leur vie, je doute que les quelques hommes qui peuvent réellement profiter d’une variété de femmes le fassent simplement pour acquérir davantage d’éloges de la part des autres hommes. Et c’est l’aspect utilitaire des hommes moralistes qui critiquent les autres hommes – ce n’est pas que les hommes avec plus d’accès au sexe ont un besoin de validation, ce sont en réalité les hommes avec moins d’accès au sexe qui pensent que les hommes avec plus d’accès au sexe se soucient de leurs opinions. 

Ce que je trouve ironique, c’est que l’appel bien-pensant à adhérer à des convictions commodes est fait pas les hommes « moraux » pour les mêmes raisons que les autres hommes : pour recueillir du respect et pour s’affirmer. 

Si vous choisissez de fonder votre valeur personnelle sur un certain sens ésotérique de ce que le sexe « devrait » signifier, tant mieux pour vous, mais je trouve que c’est une position beaucoup plus saine d’accepter un équilibre entre nos natures charnelles et nos aspirations plus élevées. Ce n’est pas l’un ou l’autre. Il est tout à fait normal de vouloir avoir des relations sexuelles juste pour le plaisir d’avoir des relations sexuelles – cela ne devrait pas être une source de « sens existentiel ». 

Il est tout aussi malsain de se convaincre que la répression de soi-même est un vertu, que de penser que les indulgences sans entraves que l’on s’accorde à soi-même sont une liberté. Il y a un équilibre. 


Source: « Virtue » publié par Rollo Tomassi le 28 septembre 2011.