Sur de nombreux forums consacrés à la communauté de la séduction, vous trouverez au moins une publication par semaine consacrée à tous les maux engendrés par la célèbre « attention whore » [la prostituée de l’attention]. De tout le temps que j’ai passé à explorer la mécanique du jeu de séduction, je n’ai pas encore lu d’article qui a réellement analysé les principes fondamentaux qui expliquent pourquoi les hommes et les femmes font des distinctions entre, d’une part, une prostituée de l’attention, et d’autre part, une variété de femmes qui cherchent simplement un peu d’attention.
Votre mère, votre sœur, la fille accoudée au bar, et la femme avec laquelle vous êtes marié depuis 20 ans cherchent toutes de l’attention. Certaines demandent beaucoup d’attention, certaines en demandent moins, mais cela fait partie intégrante du genre féminin que de chercher divers moyens pour attirer et retenir l’attention.
Oui, je comprends et je sais que toutes les personnes, hommes et femmes, aiment attirer l’attention pour diverses raisons, mais en tant que genre, les femmes cherchent et utilisent l’attention d’une manière très différente des hommes. Dès le plus jeune âge, l’attention est renforcée chez les filles. Comme je l’ai mentionné à l’occasion, une partie de mon cursus en psychologie incluait la psyché de l’enfant, et mon sujet préféré (et le plus pratique) était surtout ma fille (de 7 ans à l’époque) pour faire des études de cas. Pour comprendre la dynamique de l’attention féminine, il faut revenir à la socialisation des filles dans leur enfance. Il existe d’innombrables études de cas qui mettent l’accent sur « l’attention-comme-renforcement » dans la construction psychologique des femmes. Je dois également ajouter que, d’un point de vue scientifique, il n’y pas vraiment de « nature absolue », ni de « culture absolue » attribué à la personnalité ou aux différences entre les sexes, de telle sorte qu’une quantité définie de socialisation et de comportements appris renforcent intrinsèquement l’attention comme quelque chose de gratifiant, mais la racine du comportement qui consiste à chercher l’attention comme une sorte de récompense est une racine qui commence dans la biologie féminine.
Quelques concepts de départ.
De la même manière que les hommes génèrent principalement de la testostérone (c’est l’« hormone primaire » qui définit leur genre), les femmes produisent de l’œstrogène et de l’ocytocine dans un plus grand volume. Des études ont montré que ces deux hormones favorisent les sentiments d’affectation et de protection, comme un trait féminin primaire, et que l’ocytocine est un précurseur des sentiments de confiance et de confort. Des études ont également montré que les bébés filles reçoivent 4 fois plus souvent d’affection que les bébés garçons et les tout-petits. Cela témoigne d’une association entre la biologie et « l’attention comme récompense » chez les femmes. En outre, les études sur l’attention consacrées par les parents aux préadolescents et adolescents des deux sexes ont montré que les filles sont favorisées par les parents. Tout ceci indiquerait l’avantage que procure l’attention chez les filles aussi bien que l’influence comportementale que subissent les garçons, à savoir que ceux-ci sont éduqués et socialisés dans le but de ne pas devenir dépendant de l’attention qu’ils reçoivent pour se sentir bien.
La socialisation chez les femmes.
Les petites filles se battent dans un domaine tout à fait différent de celui des garçons. Là où les garçons se battent dans un domaine physique, les filles se battent dans le domaine psychologique. Cela ne veut pas dire que les filles ne peuvent pas en venir aux mains, mais les combats psychologiques sont beaucoup plus fréquents, et c’est dans ce domaine que le refus d’accorder de l’attention à quelqu’un devient une arme efficace.
Les petites filles ont une tendance prévisible à former des petits collectifs de filles (des « couvées de pairs » dès qu’elles sont introduites les unes aux autres à la maternelle. Ce collectif social devient progressivement une unité sociale, auto-renforcée, qui se ferme à celles qui ne sont pas incluses, et qui protège celles qui le sont. Cette dynamique peut durer jusqu’au collègue, au lycée, à la fac et même aux débuts de l’âge adulte, mais le point commun de toutes ces périodes, c’est l’immense influence de l’attention, qui est alors la pierre angulaire du pouvoir. Si une participante au collectif en offense une autre, la hiérarchie s’établira en fonction de l’individu qui réussira à attirer le plus l’attention sur lui, de telle sorte que celle qui maintient le plus longtemps l’attention sur elle est celle qui gagne le différend. La pire chose que risque une participante, dans ce genre de cas, c’est d’être ostracisée du groupe – c’est-à-dire qu’on va lui nier totalement son droit à recevoir de l’attention, et comme l’attention est une récompense chimique dans le cerveau d’une femme, on lui nie son droit à la récompense. Le collectif social de filles s’organise en une « hiérarchie d’influence » en fonction de la capacité de chaque fille à attirer et à maintenir de l’attention. Cette attention peut provenir de n’importe qu’elle source : au sien du groupe, en dehors du groupe, et bien évidemment, l’attention du sexe opposé devient l’attention la plus précieuse après la puberté.
Le rang social dans le groupe dépend de la capacité à attirer sur soi de l’attention. Plus la jeune fille est attirante, plus elle devient populaire et plus elle exerce d’influence. Cela ne veut pas dire que chaque femme réalise cela consciemment. Cependant, lorsqu’une femme est exclue d’un collectif, sa capacité à attirer l’attention à un large degré la rend méprisée. L’attention peut encore être bénéfique pour l’affirmation de soi (c’est-à-dire de la jalousie exercée), c’est juste l’intention qui a changé.
Ainsi, les femmes utilisent l’attention, non seulement pour s’affirmer, individuellement et collectivement, mais aussi pour se battre les unes avec les autres. C’est beaucoup plus dommageable que les combats physiques, car l’impact psychologique d’un déni d’attention à long terme peut priver une femme de sa récompense biochimique, mais pire encore, cela peut délégitimer ou disqualifier la capacité d’une femme à attirer de l’attention. Combinez cela avec la capacité d’une femme à communiquer à la fois verbalement et non-verbalement (la communication secrète) et vous pouvez voir le potentiel destructeur que cela peut avoir sur une rivale. Cela pourrait expliquer la propension naturelle d’une femme à bavarder. Quand une femme attaque la respectabilité et le caractère d’une autre (« C’est tellement une salope »), ce qu’elle fait en substance, c’est d’attaquer la capacité d’une autre femme à attirer de l’attention en la délégitimant.
L’horloge à tic-tac.
Maintenant, ajoutons à ce besoin complexe d’attention chez les femmes, le fait que, lorsqu’une femme vieillit, sa valeur sexuelle diminue. Gardez toujours à l’esprit que l’outil principal d’une femme pour attirer l’attention c’est sa sexualité et sa beauté physique, qui est vue comme une récompense pour les hommes. Cela favorise alors une volonté d’attirer l’attention de plus en plus agressive à mesure qu’une femme approche de sa « date d’expiration ». Au cours des 30 dernières années, le féminisme [la féminisation de la société] a certainement poussé à détourner les hommes de cette vérité, en imaginant d’autres sources imaginaires qui augmenterait la valeur d’une femme avec l’âge (la carrière, l’indépendance, etc.). Cependant, cela n’a pas été encore pleinement réalisé dans la culture occidentale d’aujourd’hui centrée sur les femmes. Tout ce qu’il faut faire est de regarder le nombre incalculable de produits de beauté et les méthodes utilisées pour les annoncer dans les médias populaires. 90% de la publicité visant aux femmes « carriéristes » est encore consacrée aux produits de beauté. Indépendamment de la socialisation populaire, la dynamique d’attention n’est jamais ignorée.
La prostituée de l’attention.
Bon alors, qu’est-ce qui sépare exactement les femmes qui utilisent l’attention comme une forme de « récompense sociale » et les prostituées de l’attention flagrante qui ont des dizaines d’orbiteurs masculins et des amis Facebook par milliers ? La réponse à cette épineuse question se trouve dans la méthode que chaque femme utilise pour maintenir le degré d’attention dont elle a besoin. Il est très facile de spéculer sur les raisons psychologiques pour lesquelles certaines femmes ont « besoin » de plus d’attention que d’autres – le rapport au père, l’exclusion sociale, les problèmes d’estime de soi, les trouble de la personnalité – ce qui est plus difficile, c’est d’étudier les moyens par lesquels certaines femmes atteignent le degré d’attention qu’elles veulent, et les réactions que cela engendre.
Ce qui distingue une prostituée de l’attention, c’est qu’elle réclame de l’attention de façon à la fois très intensive et très extensive. Rappelez-vous que le moyen de communication préféré des femmes, c’est le secret, la subtilité, le non-dit. Il n’y a pas de subtilité dans les méthodes de la prostituée de l’attention. Certes, les femmes percevront négativement une prostituée de l’attention, car elles penseront que cette dernière leur vole la « part d’attention » qui revient à chacune, mais à une très grande échelle, la prostituée de l’attention révèle le besoin d’attention de toutes les femmes. Elle trahit la sororité ! En cherchant de l’attention de manière ouverte et manifeste, la prostituée de l’attention utilise un moyen de communication masculin pour attirer l’attention sur elle-même. Il n’y a pas d’art (ou très peu d’art et de délicatesse) dans le fait de rechercher ouvertement et constamment de l’attention, de telle sorte que les prostituées de l’attention passent souvent pour des femmes sans classe et très vulgaires.
Source : « Your Attention Please » publié par Rollo Tomassi le 21 septembre 2011.
Illustration : Andrea Piacquadio.