Masculinité contre « égalisme ».

[Note : j’ai éprouvé des difficultés à traduire le terme « equalism ». Le mot « équalisme » ne veut rien dire. Pour respecter l’intention de Rollo Tomassi, j’emploierai le terme « d’égalisme », qu’il faut entendre comme un synonyme d’égalitarisme, mais pas tout à fait…]. 


Si vous tapez le mot « égalisme » dans fichier texte, vous obtiendrez en dessous cette ligne rouge ennuyeuse qui vous indique que vous avez mal orthographié quelque chose. En d’autre termes, la langue française [anglaise = « equalism »] ne reconnaît pas officiellement ce mot, qui ne figure dans aucun dictionnaire. Je suppose que c’est approprié, puisque dans les 50 dernières années, l’effort pour féminiser la société, chaque jour un peu plus, a toujours utilisé le concept abstrait de l’égalité des sexes. Il n’y a pas de définition officielle parce que, collectivement, nous sommes censés accepter ce concept comme un « fait » : quelque chose qui devrait être considéré comme du « bon sens » ou du « sens commun ». Certes, le plaidoyer de la féminisation en faveur d’une restructuration « plus humaine » de la société a toujours été formulé en termes d’« égalité », ce qui est un mot réconfortant lorsqu’il est prononcé, même si l’intention réelleest différente du discours

Cependant, ce n’est pas l’« égalisme » que mon ordinateur ne reconnaîtra pas. J’ai lu ce terme dans les écrits de Roissy. Je vois parfois ce terme dans des blogs dénonçant quelques nébuleux programmes socialo-néo-libéraux, où il est employé comme un élément de corruption empêchant le conservatisme de réaliser son « vrai » potentiel, mais ce que je constate, c’est que le mot n’est jamais bien employé. L’égalisme doit sortir de l’ombre et devenir un vrai moins – au moins pour que j’ai plus à voir cette foutue ligne rouge. 

Nouvelles définitions des genres. 

Je l’avoue, j’ai été motivé à écrire tout cela suite à un lien qu’un lecteur, Sam, a posté dans l’article hier consacré au chevalier blanc. 

Certes, ce bref article n’est guère plus qu’une excuse dirigée vers l’auteur lui-même, mais cela résume à peu près l’ensemble du problème – la masculinité a été redéfinie par des gens (hommes et femmes) qui n’ont aucune idée de la véritable définition de la masculinité. Les comportements et les caractéristiques qui constituent ce qui est uniquement masculin ne sont pas contestés, mais ils ont été redéfinis pour s’adapter à un projet d’ingénierie sociale. 

En 1905, personne n’écrivait d’articles sur la façon « d’être un homme », ou prenait la peine d’analyser les fondements de la masculinité. Les hommes savaient, via leurs socialisations, ce qui était masculin, et les femmes y était sensibles. Traditionnellement, les femmes définissent ce qui est masculin et les hommes définissent ce qui est féminin. Les caractéristiques qui rendaient un homme désirable était celles qui présentaient le contraire de ce que les hommes trouvaient également souhaitable dans la féminité. Les hommes, et leur biologie, définissent ce qu’il y avait dans le féminin qui les attiraient, et les femmes régissaient à cela et se comportaient en conséquence (qu’elles en soient conscientes ou non). 

La racine de l’endémie « égaliste » réside dans le fait que, depuis près de 50 ans, il y a eu un effort concerté pour « démasculiniser » la société, non seulement dans les médias de masse, mais aussi dans la façon dont nous éduquons et conditionnons notre jeunesse à assumer les rôles masculins et les rôles féminins. Ce qui est contesté, c’est la prédisposition des mâles dans la culture occidentale à ne serait-ce que penser à ce qu’est la masculinité. 

La définition robuste, stoïque, héroïque de la masculinité perd du terrain, mais est-ce une bonne chose ? L’égaliste le croit certainement. Quand les hommes se féminisent, est-ce qu’on nivelle le terrain [par le bas] ou est que nous progressons vers l’homogénéisation du genre ? L’égaliste salue cela comme le triomphe d’un nouveau paradigme de genre. Pourquoi les traits masculins devraient-ils avoir une valeur inférieure à celle des traits féminins ? Les caractéristiques mêmes qui définissent la masculinité traditionnelle – indépendance, confiance en soi, individualisme robuste, force physique, prise de risque, résolution de problèmes et innovation – devraient maintenant être considérés comme des domaines féminins, jusqu’au ridicule, au point que le monde devrait être « féminin par défaut ». En s’attendant à ce que les femmes soient aussi masculines que les hommes, tout en s’attendant à ce qu’elles incarnent encore un idéal féminin, c’est avoir des attentes irréalistes, mais c’est aussi dévaloriser le mérite de leur propre féminité. 

Cela ne veut pas dire, compte tenu de cette nouvelle dynamique de genre, que les femmes sont découragées de revendiquer leur féminité en plus de leur masculinité. Au contraire, elles sont encouragées à « gérer les affaires comme n’importe quel homme » tout en demeurant toujours « une femme vive et sexy » que chaque homme devrait désirer. Pourtant, en opposition à cette dynamique de genre post-moderne, les hommes ne sont pas encouragés à embrasser leur côté masculin. On nous dit de « rester des hommes » à coup sûr, et pourtant notre masculinité (comme nous la définissons) est un « défaut » ; nous serions « empoisonnés » par notre testostérone. Nos aspirations supérieures devraient devenir plus féminisées, plus sensibles, plus émotionnelles, plus empathiques, etc. Nous devrions nous « sentir à l’aise en nous épilant les jambes », c’est-à-dire en dépouillant les poils qui sont le résultat du poison qui coule dans notre corps : la testostérone. Il est intéressant de noter par ailleurs qu’il y a peu de cris dans la société pour que les femmes cultivent leurs poils de jambe ou d’aisselle. Pourtant, le « masculin » que la matrice s’efforce de nous inculquer n’encourage rien qui ressemble, de près ou de loin, à des traits traditionnellement masculins dans la personnalité d’un homme. En fait, la masculinité [la vraie] est ridiculisée à un tel degré dans les médias de masse et la société en général qu’il en devient presque une maladie. [« Tu as attrapé le « masculin » ? Quelle horreur ! Achète des médicaments ! »].

Alors que les femmes sont encouragées à incarner des traits masculins tout en acceptant leurs propres traits féminins, les hommes sont conditionnés à croire que les traits féminins sont des traits masculins, et pire, que les caractéristiques traditionnellement masculines qui en se manifestent en eux sont les sous-produits malheureux de notre biologie « viciée ». Et le véritable crime de cette redéfinition des genres se constate par le « double standard » : les hommes devraient être féminisés au point de détester leur propre masculinité innée, tout en étant tenus responsables de la société par la seule raison qu’ils sont des hommes. C’est une folie : vous devez détester votre masculinité, mais être tenu responsable si vous n’êtes « pas assez homme » lorsqu’il faut résoudre des problèmes uniquement masculins, puis vous sentir honteux quand une femme masculinisée vient résoudre votre problème, et vous êtes ainsi ridiculisé pour ne pas réussir à être aussi masculin qu’elle. C’est le cycle. C’est la masculinité négative qui s’auto-perpétue, qui a conduit à créer des générations d’idiots

Inutile de dire que tout cela rend plus complexe ce qu’a été, ce qu’est et ce que sera la masculinité. Avant de pouvoir établir un plan pour vivre ce que je nomme la « masculinité positive », vous devez d’abord vous demander pourquoi la masculinité a de la valeur, et devrait être encouragée ainsi que cultivée en vous-même, en vos fils et dans la société dans son ensemble. Je suis un adhérent de la doctrine « construisez-votre vie et les résultats viendront d’eux-mêmes », mais il est tout de même nécessaire de comprendre la façon dont la masculinité traditionnelle a été redéfinie par ingénierie sociale afin d’amoindrir ses principes fondamentaux, car une fois que cela est compris, revenir à la masculinité comme quelque chose de positif est plus aisé. 

Alors, par où commencer ? 

Avec vous-même. Vous devez changer d’état d’esprit sur vous-même en tant qu’« homme » et commencez à penser à vous-même en tant qu’« Homme ». La première étape est de désapprendre ce que le conditionnement féminisé vous a appris et qui est devenu, au fil du temps, une idéologie qui remplace votre Ego, au point que vous confondez celle-là avec celui-ci. Vous devez devenir imperméable aux accusations commodes de « misogynie » ou « d’homme des cavernes des années 50 » chaque fois que vous vous affirmez. L’Homme masculin et positif se distingue de la matrice en dépit d’un monde qui lui est opposé – cette méta-reconnaissance inconsciente est ce qui fait qu’une femme (et que certains hommes) seront attirés par vous parce qu’ils vous verront comme une figure masculine dynamique, responsable, et fermement confiant. Il faut le vivre vraiment pour en faire l’exemple à suivre. Cela n’implique pas que vous deveniez une sorte de robot insouciant, peu disposé à apprendre de quiconque ou quoi que ce soit, cela signifie que, en dépit d’un monde qui vous insulte d’égoïste, de « fragile », de « macho », d’infantile, de connard, vous vivez et illustrez inébranlablement les mérites qu’il y a à être un homme. 


Source : « Positive masculinity VS equalism » publié par Rollo Tomassi le 21 septembre 2011.

Illustration : Travis Seera